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Présidentielles : victoire Royal pour Nicolas Sarkozy

53.06%, c’est le résultat de Nicolas Sarkozy à cette élection présidentielle qui aura passionné les françaises et les français qui se sont déplacés en masse aux urnes pour ce second tour avec un taux de participation de 84.76%, score non enregistré depuis 1974.

Si nous n’avons pas, en dehors des questions LGBT, à commenter cette élection, elle est néanmoins porteuse de renseignements, notamment sur les conséquences du quinquennat pour la structure démocratique de notre pays.

Là où dans un septennat on réclamait au Président d’être, sous une vision gaullienne, au dessus des partis et de la gestion directe du pouvoir, la nouvelle donne constitutionnelle fait que le président sera davantage impliqué dans les questions de politiques intérieurs. La présidentialisation du régime conduit également avec un mandat raccourci à une campagne permanente tant pour le Président en exercice que pour tout autre prétendant. Nicolas Sarkozy l’a bien compris, sa victoire étant le fruit d’une campagne entamée il y a plusieurs années là où Ségolène Royal n’a été investie qu’il y a plusieurs mois. Sur le fond même de la campagne, là où Nicolas Sarkozy a fait une campagne de chef de gouvernement, Ségolène Royal s’inscrivait encore dans une campagne émotionnelle qui, si elle lui a permis de remporter la campagne interne au parti là où il n’y avait pas à convaincre des militants PS sur un projet, n’a pas répondu aux attentes générales de la population désireuse de propositions concrètes et objectives. Les françaisEs attendent dorénavant que le locataire de l’Elysée soit davantage un dirigeant qu’un Président là où le locataire de Matignon sera davantage le premier des Ministres que le Premier ministre.

Le quinquennat conduit également irrémédiablement à une bipolarisation du monde politique. Au-delà de l’appel au vote utile qui a marché à plein, il ne sera pas surprenant que les législatives à venir confirment la chute des partis minoritaires tant à droite qu’à gauche, qu’à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite, avec deux partis unissant derrière leurs bannières la gauche d’un côté et la droite de l’autre. Jacques Chirac l’avait anticipé avec la création de l’UMP, fait par lui, pour lui et pour son dauphin Juppé, avant que Nicolas Sarkozy fasse un hold-up sur le parti de la rue de la Boétie. A l’opposé, la rénovation du PS est tout juste entamée par Ségolène Royal là où ce travail aurait dû être fait il y a 5 ans, ce qu’elle a compris par ailleurs avec sa surprenante satisfaction de défaite pour la présidentielle mais de victoire dans la constitution d’un courant autour d’elle, de l’adhésion des militantEs dans leur majorité sur sa personne comme d’un nombre, en voix et non en pourcentage, parmi les plus importants pour une personnalité de gauche sous la Vème République. Pour autant, la querelle tant des éléphants, pas décidés à se rendre au cimetière, que le rejet des autres composantes de la gauche à faire un grand parti de gouvernement pour l’heure ne donne pas l’outil partisan à une reconquête du pouvoir. Le seul élément qui pourrait modérer cette bipolarisation de la vie politique serait l’introduction au niveau parlementaire d’une dose importante de proportionnelle, point que Nicolas Sarkozy exclut.

Quid du Mouvement démocratique appelé au baptistère cette semaine par François Bayrou ? Gageons qu’il sera l’équivalent du parti centriste anglais, existant mais non gouvernant. Le score de François Bayrou au premier tour est loin d’être négligeable pour autant la partition même à moitié-moitié de son électorat pour le second tour donne moins le gage de la crédibilité d’une victoire possible pour le centre que le retour dans la maison d’origine de ces voix volatiles, sauf à bénéficier d’un afflux de militants socialistes qui ne verraient pas remporter le courant social démocrate lors du congrès de refondation qui ne manquera pas d’être organisé au lendemain des législatives, que les tenors PS annoncent, à demi-mot, déjà perdues. Ces mêmes législatives verront également la confirmation ou non de cette hypothèse avec un éclatement de la bulle électorale du candidat centriste.

Dans ce nouveau contexte politique et institutionnel, quid des questions LGBT, oubliées de cet entre-deux tours ? Le projet de Nicolas Sarkozy est connu et s’il se veut progressiste en est pas moins inégalitaire et largement insuffisant. Outre le doute persistant sur la capacité pour sa majorité politique a adhérer pleinement aux projets de contrat d’union civil et au statut de beau parent, les associations LGBT rejettent des propositions discriminantes qui ne répondent que partiellement à leurs attentes pas plus qu’elles répondent au principe de pleine égalité des droits.

Alors que le (futur) nouveau Président de la République devrait, sans surprise, nommer François Fillon à la tête de son gouvernement, ce dernier devra mettre en oeuvre le projet d’union civile, promis devant le parlement à l’automne, qui vise à accorder aux couples homosexuels les mêmes droits et devoirs que les couples mariés hétérosexuels avec l’importante exception que cela ne concernerait pas les questions de filiation et d’adoption. Non seulement ce projet de répond pas aux attentes égalitaires de l’ouverture du mariage civil et du droit à l’adoption pour les couples homosexuels, mais également un danger important plane sur le Pacs, qui serait, in fine, supprimé, les partenaires pacsés devant choisir entre conclure une union civile ou se marier, s’ils le peuvent.

Sur ces questions, prévoyons une forte opposition des associations et militantEs LGBT, avec en premier lieu, une Marche des Fiertés le 30 juin prochain qui devrait s’annoncer fortement politique. Le mot d’ordre en cas de victoire de Nicolas Sarkozy avait déjà été annoncé par l’Inter-LGBT : «Ne transigeons pas avec l’Egalité !». Autres opposants annoncés au mandat de Nicolas Sarkozy, les associations de lutte contre le VIH qui ont à la fois déploré le silence durant la campagne du leader de l’UMP sur le sujet comme les projets de franchise des soins, des risques pesants sur la prise en charge totale des Affections de Longue Durée comme les expulsions d’étrangers malades.

Les prochaines échéances électorales seront les législatives les 10 et 17 juin prochain. Concernant Nicolas Sarkozy, il entrera en fonction le 16 mai prochain et nommera dans la foulée son gouvernement.

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