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Le projet a minima de Nicolas Sarkozy défendu par GayLib

Si les NON de Nicolas Sarkozy au mariage entre personnes de même sexe ainsi qu’au droit à l’adoption pour ces mêmes couples sont connus depuis plusieurs mois, la campagne électorale qui rentrera dans sa phase officielle lundi prochain a permis aux partis et leurs représentants d’opposer des projets antagonistes sur ces sujets. Aux OUI maintenant généraux de la gauche sur ces questions, s’opposent traditionnellement les NON absolus de l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers pour ne pas les nommer, et des voies médianes adoptées par le candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy, et celui de l’UDF, François Bayrou.

Aussi, les précisions apportées à l’Inter-LGBT par l’ancien ministre de l’Intérieur qui mène dans les sondages la course en tête avaient de quoi nous interpeller : non seulement le mariage et le droit à l’adoption étaient exclus mais le projet d’Union civile proposé par Nicolas Sarkozy passait également par la suppression du Pacs.

C’est pourquoi nous avons demandé à Stéphane Dassé, le président de GayLib qui réunit les partisans LGBT du parti de la majorité, de répondre à nos questions.

CitéGAY : GayLib est particulièrement silencieuse durant cette campagne, pourquoi ?

GayLib : Ah bon vous trouvez. Non du tout. Nous avons participé à tous les meetings de Nicolas Sarkozy et avons pleinement travaillé au programme présidentiel de notre candidat et au programme législatif de notre parti.

Pourtant, contrairement à vos homologues de gauche et auprès des médias communautaires et à l’attention LGBT, c’est plutôt le silence radio. Une façon de minorer le fait que Nicolas Sarkozy est l’un des moins disants sur les questions qui nous intéressent ?

C’est votre interprétation. Nous avons travaillé sur ces sujets et les propositions de notre candidat sont le fruit même de ce travail. D’ailleurs, notez que Ségolène Royal a du mal encore à parler de ces sujets.

Justement, contrairement au Parti Socialiste, le mariage c’est NON et l’adoption c’est NON, quelles sont vos marges de manoeuvre alors ?

Effectivement il y a des points où l’on souhaite aller plus loin : en matière d’adoption, sur l’éducation, la transphobie. Mais le projet d’Union, terme que nous préférons à celui d’Union civile rempli pleinement ses fonctions : donner à tous les couples une égalité de droits et de devoirs sur tous les plans, comme dans le cas du mariage à l’exception des questions de filiation. Egalement, et c’est important, un statut du beau-parent, à l’instar des propositions de la défenseur des enfants (NDR : Dominique Versini) serait adopté conférant au second parent une responsabilité dans l’éducation de l’enfant.

Mais cela ne règle pas la question de la filiation ni d’autres questions qui seraient réglées par l’adoption (fiscalité, successions.) et pour l’Union, la gauche comme les associations dénoncent, pour le coup, l’instauration d’un sous-mariage discriminant.

Cela n’a rien de surprenant de la gauche ni d’associations qui pour certaines sont orientées. Oui tout n’est pas réglé mais il faut être pragmatique, ce que nous sommes à GayLib. Nous ne faisons pas de l’idéologie mais de la politique et pour l’Union cela règlerait les problèmes sans toucher aux symboles que constituent le mariage : ceux d’une union d’un homme et d’une femme en vue de fonder un foyer avec l’aspect religieux également dans l’inconscient collectif et l’idée d’avoir des enfants.

Mais vous étiez favorable au mariage et vous avancez pour justifier l’Union les motifs qui sont utilisés par les opposants même à l’égalité des droits. Vous regrettez dans ce cas les mariages gays à l’étranger ?

Non du tout bien sûr. Mais le projet d’Union permet d’assurer que nous ayons une majorité pour faire voter le texte et dans les dialogues que je peux avoir avec nos parlementaires, je suis plutôt confiant sur le fait que cela passe sans problème, dès la session parlementaire de cet automne si nous remportons les élections.

A l’inverse, si Ségolène Royal et le Parti Socialiste remportent les élections et ouvrent le droit au mariage et à l’adoption, options qui vont plus loin que les propositions de Nicolas Sarkozy, vous applaudissez des deux mains ?

(Silence) Nous serons particulièrement attentifs au calendrier, à voir comment c’est fait et quels seront les débats.

Vous aurez, dans ce cas, les mêmes exigences concernant votre camp ? Comment est-ce possible avec une Entente parlementaire UMP/UDF opposée aux avancées LGBT ?

Oui bien sur. Vous savez, beaucoup ont signé cette Entente sans savoir réellement ce qu’il y avait derrière. Je suis confiant sur l’adoption de l’Union et ce dès l’automne prochain devant l’assemblée.

Pour revenir sur les déclarations de Nicolas Sarkozy à l’Inter-LGBT, êtes-vous également favorable à la suppression prévue du Pacs ?

Je vous avoue que nous avons été surpris et à GayLib nous sommes pour le maintien du Pacs et qu’avec l’Union il existe trois niveaux d’engagement, que les couples soient libres de se pacser, de conclure une Union ou un mariage. Je pense que Nicolas Sarkozy avait voulu par simplification avancer la suppression du Pacs mais nous défendrons son maintien comme nous sommes favorables à ce que les Unions puissent également être conclues par les couples hétérosexuels.

Mais quel serait l’intérêt pour un couple hétérosexuel de conclure une Union qui serait la même chose, à vous entendre, que le mariage à l’exception des questions de filiation ? Nicolas Sarkozy a lui-même déclaré qu’il n’en voyait pas l’intérêt et l’Union est justement là seulement pour répondre aux velléités de mariage des couples gays.

Mais pourquoi le refuser aux couples hétérosexuels qui désirent une autre forme d’engagement, les couples novateurs, refondus, ceux qui ont été mariés avant et ne veulent pas se remarier, à ceux qui ne souhaitent pas avoir d’enfants ou ont eu des enfants d’un premier lit.

Mais le fait de ne pas vouloir d’enfants ou de ne pas pouvoir n’est pas une condition du mariage, pas plus que le fait d’être mariés sans avoir eu d’enfants ne rend ce mariage nul ?

On sait bien que dans le mariage l’idée de filiation est présente. Et nous sommes attachés à la liberté de choix, à ce qu’il y ait plusieurs niveaux d’engagement possibles.

Sur un autre sujet, concernant Christian Vanneste, y aura-t-il oui ou non un candidat UMP face à lui ? Quant est-il de la procédure disciplinaire avancée par Valérie Pécresse (NDR ; Porte-parole de l’UMP) dès le lendemain de sa condamnation en Cour d’Appel ?

Ce qui est clair et depuis le début c’est que l’UMP n’a pas investi Christian Vanneste pour les prochaines élections. Nous sommes confiant dans le fait qu’il y ait un autre candidat UMP face à Christian Vanneste et avec les instances nationales de l’UMP nous souhaitons que Christian Vanneste ne fasse plus parti du paysage législatif français. On travaille dessus mais il faut que nous trouvions un bon candidat, ayant de l’envergure. Sur la procédure disciplinaire nous avons regardé mais c’est très difficile à mettre en ouvre compte tenu des statuts de l’UMP.

GayLib fêtera à quelques jour du premier tour des présidentielle ses 5 ans au siège de campagne de Nicolas Sarkozy. Ce dernier devrait à cette occasion adresser un message aux militants LGBT du parti qu’il préside. GayLib doit également recevoir la presse la semaine prochaine en compagnie de Roselyne Bachelot et de Pierre Lellouche, deux soutiens politiques au sein de l’UMP du mouvement LGBT.

EN SAVOIR PLUS

Le site de GayLib : www.gaylib.org

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