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Présidentielles : le troisième tour de 2002 avant le second de 2007

Si le 22 avril 2007 n’a pas ressemblé au 21 avril 2002, c’est bien à un troisième tour des présidentielles qui avaient reconduit Jacques Chirac à la présidence de la République auquel nous avons assisté hier.

Le traumatisme engendré par l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002, comme l’absence d’un candidat de la gauche, a pleinement joué. Avec un taux de participation record pour la Vème République à 84,60%, le vote utile prôné par la candidate socialiste a été entendu au détriment même par ailleurs des autres candidats de la gauche.

Si Ségolène Royal agrège derrière sa personne 26% des votants, les autres candidats de la gauche ont été laminés : Marie-George Buffet avec 1.94% des voix confirme le fait que le PCF devient au fur et à mesure des élections un parti de militants plus que de votants ; Dominique Voynet, 1.57% des suffrages exprimés, subit à la fois l’effet Nicolas Hulot qui a éclipsé sa candidature sans bénéficier de la prise en compte des questions environnementales par l’opinion publique posant même la question du devenir de l’écologie politique ; Arlette Laguiller dont la campagne a été celle d’une préretraitée est éclipsée avec 1.34% au profit d’Olivier Besancenot, seul autre gagnant de la gauche avec 4.11% des votes de ces élections sans pour autant que ce soit la LCR qui soit plébiscitée mais sa personnalité ; José Bové avec 1.32% n’a pas réuni les votants du NON au traité constitutionnel de l’Union européenne pas plus que Gérard Schivardi, Coluche d’extrême gauche, qui ferme les scores avec 0.34% des voix.

A droite, les reports de voix et le premier tour marquent certes une chute de l’extrême droite mais au bénéfice même du camp conservateur avec un chiffre record pour le Président de l’UMP et de manière générale une position largement favorable pour Nicolas Sarkozy, position la plus favorable par ailleurs pour un postulant du second tour de toute la Vème République en dehors de celle de Jacques Chirac en 2002.

C’est près d’un électeur sur trois qui a porté son choix sur Nicolas Sarkozy (31.11%) qui en se rasant ce matin se sera certainement interrogé sur la manière de réunir derrière sa personne les électeurs de François Bayrou, autre gagnant de l’élection avec 18.55%. Le président de l’UDF, tout en n’ayant pas remporté son pari de faire un hold-up au centre, a triplé son score par rapport aux dernières présidentielles. Ce score en a fait le troisième homme de la campagne mais pas encore le troisième parti. Les législatives seront déterminantes sur le sujet et le devenir de la formation présidée par le béarnais avec la transformation de l’UDF en troisième parti de France ou au contraire l’éclatement de ce qui n’aura été qu’une bulle électorale. Jean-Marie Le Pen, avec une chute a 10.51%, n’a pas eu comme principal concurrent son jumeau de Vendée, Philippe de Villiers, qui avec 2.24% est très loin de ses scores aux européennes. Non, le principal concurrent du leader frontiste est bien l’ancien ministre de l’Intérieur qui, s’il a ramené dans le giron républicain une grande partie de l’électorat du Front National risque également de le payer au second tour. L’argument d’une dérive populiste de Nicolas Sarkozy, et l’appel d’un Tout Sauf Sarkosy jugé dangereux, sont les principaux arguments des opposants au président de l’UMP. Quant à Frédéric Nihous, la ruralité n’a pas entendu son appel et le chasseur subit à droite ce que d’autres ont subit à gauche avec une chute à 1.15% des suffrages exprimés.

C’est dans ce contexte politique que la candidate de la gauche qui agrège derrière elle tous les autres candidats de la gauche, trotskistes compris, affrontera Nicolas Sarkozy le 6 mai prochain. C’est aussi dans un contexte projet contre projet qu’aura lieu ce second tour avec pour les mesures qui nous intéressent deux programmes différents concernant les questions LGBT, n’en déplaise à ceux qui prétendent, à tort, que quoi qu’il arrive avec Royal et Sarkozy, nous avons gagné.

Sur ces sujets, Ségolène Royal, après une opposition, des hésitations et un revirement connus, s’est rangée derrière le programme socialiste visant à ouvrir le mariage civil aux couples homosexuels ainsi que le droit à l’adoption pour ces mêmes couples, deux revendications par ailleurs portées par l’intégralité des partis de gauche. A l’opposé, Nicolas Sarkozy est partisan d’une union civile conclue en Mairie octroyant les mêmes droits et devoirs pour les couples homosexuels que ceux hétérosexuels mariés civilement à l’exception des questions de filiation et d’adoption. Si à droite, GayLib comme des personnalités politiques de l’UMP ou le programme même de Nicolas Sarkozy assurent de l’engagement du parti conservateur sur le sujet, le doute plane sur la réalité de la majorité politique prête à se ranger derrière ces propositions, a minima de celles de la gauche pleinement égalitaires. Les associations également dénoncent un projet de sous-mariage discriminant et stigmatisant et l’absence de réponse aux problèmes rencontrés par les familles homoparentales avec un projet de statut du beau-parent insuffisant.

Selon les sondages effectués dès les résultats du premier tour connus, Nicolas Sarkozy battrait Ségolène Royal au second tour de l’élection présidentielle avec entre 52% et 54% des voix favorables au candidat de la droite. Les voix des votants de François Bayrou apparaissent comme déterminantes en nombre mais elles se répartiraient équitablement entre les deux prétendants alors que celles ce Jean-Marie Le Pen se reporteraient majoritairement sur Nicolas Sarkozy. La fin de campagne s’annonce à la fois comme extrêmement difficile pour Ségolène Royal mais comme passionnante dans l’opposition des projets présentés.

Les deux candidats seront en meeting dès ce soir. Le traditionnel débat télévisé, qui n’avait pas eu lieu en 2002, est cette fois acquis et prévu pour le mercredi 2 mai prochain.

EN SAVOIR PLUS

Le site de HES : www.hes-france.org

Le site de GayLib : www.gaylib.org

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