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Adoption homosexuelle : un clivage gauche-droite, oui-non, moins affirmé

Si les associations LGBT ont été unanimes pour saluer la décision du tribunal administratif de Besançon ordonant au conseil général du Jura d’agréer à l’adoption une femme lesbienne en couple qui avait déjà bénéficié d’une décision favorable de la cour européenne des droits de l’Homme, les prises de positions politiques suite à cette affaire ont permis de montrer que le clivage sur la question est en train de se fissurer.

Ainsi, le président du Nouveau Centre et ministre de la défense, Hervé Morin, s’est dit «favorable» à l’adoption d’enfants par des couples homosexuels. Pour celui qui préside aux destinées du mouvement centriste de la majorité, «L’amour d’un couple, c’est beaucoup mieux que les services de la DDASS», «Ce qui compte, d’abord et avant tout, c’est l’amour que peut avoir un enfant, quelle que soit la configuration du couple».

Sa collègue du gouvernement en charge de la Famille, Nadine Morano, a repoussé aux prochaines échéances électorales cette question tout en appellant à «sortir de l’hypocrisie qui existe en France», «il faudra ouvrir le débat, pourquoi pas lors de la prochaine élection présidentielle en 2012». Toutefois, même si la secrétaire d’Etat est à titre individuel favorable à l’adoption, elle a rappellé, comme le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, qu’«il n’y a pas de projet pour réformer l’adoption en faveur des couples homosexuels. C’est un engagement du président de la République».

A droite encore, pour Christian Vanneste, député UMP que l’on ne présente plus, «Cette décision fait l’objet de l’habituel rouleau compresseur médiatique du groupe de pression homosexuel et du microcosme médiatico-mondain», et «Ce n’est pas à un groupe de pression idéologique lié à une mode de porter atteinte aux structures élémentaires de la parenté qui sont à l’origine de l’humanité elle-même». L’élu du Nord, toujours aussi respectueux de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la Justice, estime que «Ce n’est pas à un tribunal local de décider de l’anthropologie et de son devenir, de ce qu’est la famille ou de ce qu’elle doit être en fonction des intérêts, des désirs ou des fantasmes des individus».

Sur le même registre, Marine Le Pen, vice-présidente du FN, déplore qu’«Ainsi donc, sans que les Français ni leurs représentants élus n’en aient décidé, sur simple décision d’une instance européenne et de la Halde, structure technocratique sans légitimité démocratique, on assiste à un bouleversement du droit de la famille».

A l’oposé, les partis de gauche, unanimement favorables à l’ouverture du mariage civil aux couples homosexuels, comme au droit à l’adoption pour ces mêmes couples, se sont sans surprise félicités de cette décision judiciaire. Pour le député socialiste Patrick Bloche, coraporteur du texte sur le Pacs, «la société est prête à accepter que des couples homosexuels adoptent des enfants. La loi doit être modifiée». Le député-maire de Bègles, Noël Mamère (Verts), a salué «une grande victoire. C’est le rêve que le droit est en train de rejoindre la société. Le combat mené par des avocats et un certain nombre d’entre nous est maintenant une réalité reconnue par le droit».

Pour rappel, la décision ne concerne uniquement que la plaignante qui obtient seule l’agrément. En cas d’adoption, sa compagne ne disposera d’aucun lien de filiation avec l’enfant.

La juridiction administrative a ordonné au conseil général du Jura de délivrer à la plaignante un agrément d’adoption dans les quinze jours. Le président divers-droit du conseil général, réfractaire par deux fois, a indiqué que ses services allait s’exécuter conformément à décision.

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Le site de l’Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens (APGL) : www.apgl.asso.fr

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