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Christine Boutin adopte du bout des lèvres le préservatif

Déjà recadrée par Nicolas Sarkozy pour avoir failli à la solidarité gouvernementale concernant l’avant projet de loi sur le statut du beau-parent, la très catholique et dogmatique Christine Boutin, pourfendeuse du Pacs, du mariage gay, de l’homoparentalité et du droit à l’IVG, est revenue devant le micro RTL sur ses propos sur le préservatif où pour nuancer ceux de Benoît XVI elle avait indiqué penser que «ce n’est pas drôle de mettre le préservatif quand on fait l’amour».

Si elle n’a pas confirmé ou infirmé le fait d’avoir parlé par expérience, la ministre du Logement assuré que «Oui, le préservatif est nécessaire». Pour la présidente du Forum des Républicains Sociaux, «Il faut combattre le sida par tous les moyens» affirmant toutefois que «la lutte contre le sida, c’est bien plus la recherche médicale et pharmaceutique», nuançant par là même les qualités du préservatif. Dans le même sens, elle a également indiqué que «réduire l’acte d’amour, le sens de l’acte d’amour, de l’acte sexuel au seul usage du préservatif, ça ne suffit pas».

La ministre du Logement s’était faite sèchement recadrée par sa collègue à la Santé, Roselyne Bachelot : «Je pense que cette réflexion est elle aussi irresponsable», «Je ne sais pas si c’est  »pas drôle » de mettre un préservatif quand on fait l’amour mais je sais que c’est absolument dramatique d’être contaminé par le virus du SIDA.».

Sur les bancs de la droite, même si des personnalités de premiers plans (Alain Juppé, Xavier Bertrand …) se sont opposées aux propos tenus par le Pape, on retrouve sans surprise quelques élus pour dénoncer une cabale médiatique à l’attention de Benoît XVI. Pour l’habitué de l’outrance Christian Vanneste, les propos papaux sont conformes à ceux de Jean-Paul II et il s’étonne des remous : «Il faut se rappeler que le Pape n’est pas un politicien démagogue, que c’est le porteur d’une Espérance, certains diront d’un idéal, et que c’est toujours en regardant vers ce dernier qu’on doit comprendre et juger ces paroles. Il est sûr que la meute médiatique des matérialistes et des hédonistes est évidemment très éloignée de pouvoir comprendre un tel message. Les foules plus concrètes des fidèles qui se pressent autour du Saint-Père à ce moment-même apportent une meilleure réponse». Son collègue de l’Isère, le député Remiller (UMP), Président du groupe d’études à vocation internationale sur les relations avec le saint-Siège, «déplore que la classe politique française se soit empressée de partir à la chasse aux sorcières !» marginalisant l’importance du préservatif comme de la déclaration papale en prélude à une visite sur un continent qui compte 22 millions de séropositifs. «Ce que Benoît XVI a souhaité hier, juste avant de demander, à Yaoundé au Cameroun, la gratuité des soins pour les malades du Sida, c’est qu’on arrête de considérer le préservatif comme une solution unique au problème du sida en Afrique. La politique de lutte contre le sida ne doit en effet pas se limiter à la publicité pour les préservatifs» estime l’élu, «C’est surement un moyen efficace quand il est correctement utilisé, mais sa large distribution n’empêchera pas des problèmes comportementaux graves tels que les viols et l’inceste».

Si le clergé français a tenté de nuancer les propos du Pape, si le Vatican lui-même dans sa retranscription officielle de la réponse posée au Pape a nuancé ces mêmes propos, d’autres prélats, africains de surcroit et premiers concernés, ont enfoncé le clou.

D’après l’agence de presse I-Média, «plusieurs haut prélats africains ont salué les propos tenus par Benoît XVI dans l’avion qui le menait à Yaoundé (Cameroun) le 17 mars 2009 sur le fait que la distribution de préservatifs aggraverait le problème du Sida». «Je demande aux Occidentaux de ne pas nous imposer leur unique et seule façon de voir» a ainsi martelé le cardinal sénégalais Théodore-Adrien Sarr. «Dans des pays comme les nôtres, l’abstinence et la fidélité sont des valeurs qui sont encore vécues et, avec leur promotion, nous contribuons à la prévention contre le sida» a expliqué l’archevêque de Dakar. Pour le prélat sénégalais, «Nous ne pouvons pas promouvoir l’utilisation du préservatif, mais prêcher les valeurs morales qui, pour nous, demeurent valables, afin d’aider nos populations à se prémunir du sida : l’abstinence et la fidélité», valeurs qui sont «des réalités» pour les Africains et «il ne faut vraiment pas nous dire que nous n’avons pas à prêcher ces valeurs». Dans le même sens, Mgr Simon Ntamwana, archevêque de Gitega au Burundi, a dénoncé «le glissement de pensée» de l’Occident, son «hédonisme sexuel devenu comme un chemin incontournable». «Ce n’est pas le préservatif qui va diminuer le nombre d’infections du Sida, mais certainement une discipline que chacun doit s’imposer pour pouvoir changer d’attitude, une attitude qui va l’aider à échapper à un hédonisme qu’il ne peut plus contrôler» a-t-il encore ajouté avant de donner ses conseils en matière de lutte contre le sida : «Pour moi, la façon la plus sûre, c’est ma volonté».

Le même négationnisme des qualités prophylactiques du préservatif, déjà exprimé dans le texte officiel du Vatican sur le sujet édité en 2003, se retrouve dans les déclarations de l’archevêque de Kinshasa, Mgr Laurent Monsengwo selon qui le préservatif «aggrave le problème car il donne une fausse sécurité, une sécurité qui n’en est pas toujours une», fantasmant sur le fait que «le préservatif n’est pas le moyen le plus sûr car il peut être de mauvaise qualité».

Selon un porte-parole du Vatican, le Pape a été informé du large tollé provoqué par ses propos à travers le Monde sans que, pour l’heure, il ne revienne dessus.

Concernant le Sidaction, meilleur moyen pour chacun d’entre nous de répondre aux propos mortifères du Pape, du 9 mars au 10 avril inclus vous pouvez effectuer vos dons: Par téléphone : en appelant le 110 (numéro d’appel gratuit), sur www.sidaction.org(paiement sécurisé par carte bancaire) ou par SMS : en composant le 33 000 puis en tapant don (SMS non surtaxé).

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