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Sida : les propos mortifères du Pape, une redite de la doctrine du Vatican

La fille aînée de l’Eglise va-t-elle persévérer dans son complexe d’Oedipe ou s’affranchir d’une parenté idéologique mortifère et déconnectée des réalités sociales et humaines ?

Après la réintégration des prélats intégristes et le cas particulier de l’évêque Williamson, l’excommunication annoncée, soutenue par le Vatican puis désapprouvée, de soignants brésiliens et de la mère d’une enfant violée qui a avortée, le Pape a de nouveau créé un tollé planétaire sur ses propos sur les préservatifs alors qu’il se rendait en terre africaine, continent le plus touché par la pandémie.

De nouveau le Clergé est obligé d’allumer des contrefeux et nuance des propos qui ne peuvent l’être. Selon Benoit XVI, non seulement le préservatif ne peut «pas régler le problème du sida», mais «au contraire, (son) utilisation aggrave le problème» a-t-il répondu aux journalistes présents dans l’avion papal qui le menait au Cameroun.

Alors que les questions sont traditionnellement connues à l’avance par la Curie, que les réponses sont préparées, l’Eglise tente de circonscrire le feu allumé par les propos de Benoît XVI. Le clergé français et les affidés idéologiques minimisent et relativisent ainsi les propos tenus.

Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Coutances et Avranches, a ainsi ce matin sur Radio France estimé anormale que les campagnes de prévention soit basées uniquement sur le préservatif, relativisant ainsi le fait que seul le préservatif protège du Sida et essayant de porter le débat sur chasteté et fidélité, les deux mamelles de l’Eglise, et non sur une recommandation du port de préservatif et la remise en cause de ses qualités prophylactiques, ne contestant pas les propos papaux.

Mgr Tony Anatrella, psychanalyste et consulteur du conseil pontifical pour la santé au Vatican, et grand pourfendeur des questions LGBT nuance également : «Le pape veut simplement dire que la prévention du sida ne peut pas se réduire à la distribution de préservatifs. Mais si des gens ne sont pas arrivés à la maturité et à la maîtrise de leur sexualité, il vaut mieux qu’ils se protègent pour ne pas transmettre la mort».

L’évêque de Gap, Jean-Michel Di Falco, fait dans l’exégèse pour dédouaner Benoît XVI, forcément mal compris : «On peut dire que c’est la phrase de trop parce que dans les raccourcis médiatiques ça ne lui permet pas vraiment de s’expliquer» a-t-il déclaré sur RTL. «Je pense qu’il a voulu dire que ce n’était pas suffisant mais qu’il devait y avoir derrière de l’éducation, de la responsabilisation», s’enfonçant définitivement : «Malheureusement dans certains pays d’Afrique parce qu’ils n’ont pas les moyens de se procurer les préservatifs, ils vont les utiliser plusieurs fois ou à plusieurs. Mais le pape ne peut pas entrer dans tous ces détails et c’est vrai que cette phrase paraît brutale et ne pas tenir compte de la réalité de ce qui se vit en Afrique».

Enfin, Christine Boutin, avec sa double casquette de ministre d’un état républicain et laïc et consulteur du Conseil pontifical pour la famille, a estimé qu’il n’est «pas drôle de mettre le préservatif quand on fait l’amour» (ndr : comment sait-elle cela ?). La ministre du Logement a ainsi expliqué qu’en matière de préservatif, «chacun fait comme il peut et comme il veut», «n’attendez pas du pape qu’il dise qu’il faut mettre le préservatif», a-t-elle expliqué au micro d’RTL.

Actons au moins de la clarté des propos qui, s’ils provoquent l’indignation, ne sont dans les faits que conformes à la doctrine de l’Eglise, déjà affirmée en 2003 même si moins médiatisée. Le cardinal colombien Alfonso Lopez Trujillo, aujourd’hui décédé et alors président du Conseil pontifical pour la famille, avait dans un texte publié la position officielle de l’Eglise de Rome sur le sujet. Le texte qui se voulait une réflexion est édifiant en déniant déjà à l’époque au préservatif la qualité même d’outil de prévention: «J’ai aussi proposé que les Ministères de la Santé doivent exiger des étiquettes pour les préservatifs, comme ils le font dans le cas des cigarettes, en informant que la protection apportée par les préservatifs n’est pas totale, et que les risques sont en effet significatifs» ou dans le même texte «Dans une perspective médicale, le préservatif ne semble pas être la vraie réponse même dans le cas des couples sérodiscordants» etc etc

L’Afrique subsaharienne compte 22 millions de personnes infectées par le virus du sida.

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Le site du Vatican : www.vatican.va

Le texte du Cardinal Trujillo sur la sexualité dite sans risques (cf Préservatifs) : Ici

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