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VIH : résultats en demi-teinte concernant un essai PrEP à l’attention de gays

Ils étaient très attendus. Les résultats de l’essai iPrEX mené dans 6 pays (Afrique du sud, Thaïlande, Pérou, Equateur, Brésil et Etats-Unis) viennent d’être partiellement publiés dans le New England Journal of Medicine. Ils devaient donner des indications claires sur la pertinence de stratégies de prévention basées sur les traitements et notamment sur leurs supposées qualités prophylactiques pour des séronégatifs. Ils ne répondent in fine toujours pas à cette question, les données étant significativement inférieures à celles espérées, fournissant toutefois des pistes d’études à venir. Alors qu’un projet d’essai en France est toujours en cours de discussion, ces résultats interrogent sur l’architecture proposée et les associations s’alignent sur l’interprétation à donner des résultats d’iPrEx.

UNE BAISSE CONSTATÉE DE 44% DU RISQUE D’INFECTION CONTRE 60% ESPERÉE

CitéGAY n’avait pas caché ses réticences sur le projet de recherche français en préparation. Aussi, les résultats de l’essai iPrEX étaient attendus par beaucoup. Les traitements antirétroviraux utilisés en «prophylaxie pré-exposition» (PrEP) chez des homosexuels font partis de ces nouvelles stratégies de prévention reposant sur les traitements.

Que disent alors les résultats iPrEX ? Concernant les 2499 participants inclus dans l’étude et qui ont reçu pour moitié un placebo et pour moitié une combinaison antirétrovirale (Truvada), il est apparu qu’à l’échéance de l’étude une réduction de 44% de l’incidence du VIH a été constatée au sein du groupe prenant les molécules actives. Durant l’essai, 100 personnes ont été contaminées par le VIH, 36 dans le bras de celles qui prenaient la combinaison ténofovir-emtricitabine, 64 dans le bras de celles qui prenaient un placebo. Si les scientifiques espéraient une réduction de ce risque de l’ordre de 60% il est apparu que l’observance du traitement, à l’instar des séropositifs, se révèle déterminante pour son effectivité.

L’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) souligne dans son communiqué ce phénomène : «Quand le médicament est détectable dans le sang, la réduction du risque est de 92%, suggérant le rôle fondamental de l’adhérence au traitement». L’ANRS ne souligne pas qu’indirectement ce résultat spectaculaire semble enfin acter indirectement la pertinence des Traitements Post Exposition, l’essai iPrEX reposant sur une prise continue.

Egalement, les auteurs de l’étude n’expliquent pas pourquoi l’observance a été mauvaise, ils se félicitent à l’inverse que les comportements préventifs n’auraient pas été modifiés, et que même les participants auraient été moins enclins aux prises de risques qu’antérieurement à l’étude. Ils ne soulignent pas que ce phénomène peut être mis au crédit d’un intensif counselling des participants, accompagnement qui ne se retrouverait pas en dehors de ce cadre de recherche.

DES RÉACTIONS OPTIMISTES. UN ESSAI FRANÇAIS ANNONCÉ

Aides, qui soutient activement ce type de recherche comme l’idée de l’usage du traitement à titre préventif, se félicite de ces résultats qualifiés de «nouvel espoir pour la recherche en prévention». Ces résultats «constituent la première démonstration que la prise quotidienne de deux ARV (emtricitabine et ténofovir) par des séronégatifs peut leur permettre de se protéger, au moins partiellement, du VIH». Mais AIDES tempère son enthousiasme en soulignant les «problèmes d’acceptabilité, de tolérance au long cours, et de coût», avant d’avancer que justement l’essai que l’association défend en France répondrait à ces écueils.

Partageant pour une fois l’avis de Aides, Act Up se félicite également d’«un résultat encourageant qui doit inciter à soutenir la recherche», résultat qui «permet la construction de nouveaux projets de recherche pour espérer aboutir au mieux à de nouveaux outils». Le collectif associatif TRT-5, partie prenante à l’essai français en construction, souligne également ces résultats, fournit la même analyse, et rappelle comme toutes les associations que la prévention via le préservatif doit seule demeurer pour l’heure.

Voix discordante dans ce concert, celle de Philippe ADAM sur le site Minorites.org. Pour le sociologue, directeur de l’Institute for Prevention and Social Sciences à Utrecht et chercheur au National Centre in HIV Social Research de Sydney, «Avec l’annonce des résultats de l’essai IPrEx, l’espoir autour de la prévention biomédicale semble bien avoir capoté. Les résultats de l’essai sont très en-deçà de ce qui était espéré». Et de conclure, «même si l’on peut s’attendre à ce que les tenants de la prévention biomédicale et les médias fasse une lecture très optimiste des résultats de l’essai IPrEX, il y a encore un long chemin à parcourir avant que la PrEP ne puisse être dotée d’une efficacité suffisante pour être appliquée aux conditions de la vraie vie».

Enfin, l’ANRS confirme que l’essai français (et québécois) semble acté et conditionné à des questions budgétaires : «Le protocole de l’essai va maintenant être rediscuté au vu des résultats de iPrEx et devrait démarrer dans les six prochains mois, après évaluation».





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