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Rwanda, Ouganda et Malawi, cibles des militants LGBT

En dehors de l’Afrique du Sud qui se distingue symboliquement dans sa renaissance post apartheid mais qui dans les faits connaît des violences homophobes, notamment à l’encontre des lesbiennes, le continent africain recense la majorité de pays ayant des législations répressives à l’encontre des LGBT. Les discriminations à l’encontre des gays et lesbiennes transcendent les frontières, religions, opinions politiques et couches sociales. Alors qu’on pensait que le processus de décolonisation, le développement économique et démocratique, malgré ses nombreux soubresauts et ses drames, allaient permettre d’encrer progressivement les droits de l’Homme dans le champ public africain, il faut malheureusement faire le constat que nous sommes loin des minimas démocratiques à l’attention des LGBT africains et l’actualité récente nous le rappelle.

Rejet du projet de criminalisation de l’homosexualité au Rwanda
Au Rwanda, une réforme du code pénal rwandais prévoyait dans un article 217 que «Toute personne qui pratique, encourage ou sensibilise une personne de son sexe à des relations sexuelles ou toute pratique sexuelle sera passible de cinq a dix ans d’emprisonnement, et à une amende allant de 200.000 à un million de francs rwandais». Débattu au Parlement à Kigali, le texte vient d’être finalement rejeté. Dans des propos rapportés, le ministre de la Justice Tharcisse Karugarama a exclu que le gouvernement rwandais soit à l’origine du projet : «Le gouvernement pour lequel je travaille et m’exprime concernant certains sujets ne peut pas et ne criminalisera en aucune façon l’homosexualité», «L’orientation sexuelle relève de la sphère privée et chaque individu possède sa propre orientation. L’Etat n’a rien à voir là-dedans». Toutefois, le même responsable accuse des associations LGBT locales et ONG d’avoir instrumentalisé le sujet «pour leurs propres motivations politiques».

Le projet ougandais demeure. Manifestation à Paris. Publication à Kampala des noms et adresses de défenseurs présumés des droits des LGBT
Toutefois, la situation demeure inquiétante dans un autre pays de la région des Grands Lacs. En Ouganda, qui réforme également son code pénal, une disposition prévoit qu’une personne accusée d’homosexualité est passible d’emprisonnement à vie et de la peine capitale si elle est également séropositive. La France, les Etats-Unis ou le Canada comme des organisations internationales et associations des droits de l’Homme ont déjà dénoncé ce projet. En réponse à ces réactions, et selon un responsable du département d’Etat américain, le président ougandais, Yoweri Museveni, aurait indiqué qu’il opposerait son veto si ce projet de loi était maintenu en l’état. Aussi, un rassemblement de protestation contre ce projet de loi s’est tenu à Paris hier, lundi 4 janvier, place de la Fontaine des Innocents aux Halles dans le 1er arrondissement à l’appel du Collectif « Empêcher la criminalisation des homosexuel(les) ougandais(ses) ». A cette occasion, plusieurs dizaines de militantEs, dont des membres d’Act Up Paris, ont souligné que «sous une pression internationale grandissante, le texte s’oriente désormais vers des peines de prison ainsi que des « reconditionnements » de leur comportement» mais l’homophobie «relègue les homosexuel(le)s au rang de citoyen(ne)s de seconde zone ou qu’elle les criminalise et les punisse de mort». Toujours en Ouganda, un tabloïd local vient de publier, avec des conséquences éventuelles très inquiétantes, une série de noms et adresses de personnes qui soutiendraient les revendications LGBT.

Le couple gay marié symboliquement au Malawi reste en prison
Enfin, un tribunal du Malawi a refusé lundi de remettre en liberté sous caution deux homosexuels accusés d’«attentat à la pudeur» pour «s’être marié» symboliquement et en public. Les deux hommes ont plaidé non coupable mais ils risquent une peine de 14 années d’emprisonnement au cours de la première cérémonie de mariage gay du pays. Le ministère public, suivi dans ses réquisition, a plaidé le maintien en détention pour la sécurité même des deux hommes et leur éviter un éventuel lynchage public en cas de libération. La cour a donné un délai de 10 jours à la Police pour clore son enquête.

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Un reportage de l’émission L’Effet Papillon sur Canal+ sur les violences lesbophobes en Afrique du Sud et les pratiques de «viols correctifs» contre des femmes lesbiennes

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