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Réactions de personnalités africaines aux condamnations de gays sénégalais

Président honoraire de la Fédération internationale des droits de l’Homme, l’avocat sénégalais Sidiki Kaba estime que la condamnation prononcée mardi dernier de 9 homosexuels sénégalais à huit ans de prison est contraire aux conventions internationales signées par Dakar. Pour lui, interrogé par France 24, «L’État doit dépénaliser l’homosexualité», la décision de condamner ces jeunes étant à ses yeux «grave et extrêmement sévère». Il estime que «En prononçant une telle sanction, le tribunal a voulu frapper pour l’exemple et faire peur aux autres». Au-delà, le juriste voit au Sénégal une forme de pression sociale qui pousse la justice à sévir fortement. Elle serait notamment «le fait des islamistes et d’une partie de l’opinion publique hostile aux personnes ayant des orientations sexuelles différentes».

Pour Sidiki Kaba, «Il y a une contradiction entre l’image démocratique et d’Etat de droit que le Sénégal cherche à projeter dans le monde et la réalité du terrain», appelant le gouvernement à dépénaliser l’homosexualité.

Joël Nana, directeur du plaidoyer et de la recherche en Afrique à la Commission internationale pour les droits des gays et lesbiennes (IGLHRC) déclare pour sa part au quotidien en ligne Afrik.com «(s’insurger) farouchement contre toutes les violations des droits humains commises, qui vont à l’encontre des différents textes internationaux sur les droits humains signés par le Sénégal. D’autant que le Sénégal est l’un des récipiendaires de fonds débloqués par le Fonds Mondial dans le cadre de la lutte contre le sida chez les homosexuels».

Après les dérapages homophobes constatés l’an dernier en marge de la publication de photographie d’une union gay et l’arrestation des protagonistes comme de la condamnation d’un couple homo en août de la même année, Joël Nana estime que ces condamnations légitiment les violences homophobes : «Par des condamnations comme celles de mardi, le pouvoir donne implicitement l’autorisation à la population de maltraiter des personnes homosexuelles ou présumées comme telles. Il montre que les homosexuels n’ont pas le droit de vivre librement leur orientation sexuelle». Au-delà, ce sont les politiques de prévention de santé publique à l’attention des homos africains qui sont remises en cause, alors que leur principe venait tout juste d’être acté lors de la conférence sur le Sida de Dakar en décembre dernier : «Ces arrestations suivies de condamnations vont rendre impossible toute forme de prévention du VIH/sida dans la communauté car les homosexuels n’oseront plus sortir de chez eux».

La ministre de la Santé et de la Prévention et plusieurs acteurs locaux de la lutte contre le sida avaient appelé à inclure les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes dans les plans de lutte contre le sida. «Le verdict de mardi prouve une nouvelle fois qu’une telle politique ne va pas de paire avec la pénalisation des relations entre personnes de même sexe. Entre prévenir et punir, Dakar va devoir choisir» estime Joël Nana.

La France qui a octroyé encore récemment une importante aide financière au Sénégal et qui, via sa secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, s’est engagée pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité a été alertée de la situation des 9 jeunes emprisonnés.

EN SAVOIR PLUS

Le site de l’association IGLHRC : www.iglhrc.org.

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