in

Sénégal : réactions autour des condamnations de 9 gays

Ils sont 9 (et non 8 comme indiqué hier) à avoir été condamnés mardi dernier par un tribunal de Dakar à une peine de 8 années de prison pour «relation contre-nature avec un individu de même sexe». Interpellés dans la banlieue de la capitale sénégalaise en décembre dernier, ils ont tous moins de trente ans et certains sont impliqués dans des associations de lutte contre le Sida.

Selon RFI rapportant une source judiciaire, c’est suite à une dénonciation anonyme que la police a fait une descente dans une maison privée où ils auraient été «pris sur le vif, en plein ébats et en présence de photos pornographiques». Le juge est allé au-delà des réquisitions du parquet qui requérait la peine maximale, 5 années de prison, prévue pour délit d’homosexualité. Le chef d’inculpation d’«association de malfaiteurs» a été ajouté à l’acte d’accusation.

Pour Me Issa Diop, un des avocats des accusés, joint par RFI, «il y a une volonté délibérée de sanctionner ces jeunes. Le juge a pratiquement criminalisé les faits» dans un pays qui a connu depuis l’an dernier et une première vague d’arrestation une recrudescence des discours homophobes en parallèle à une fuite des gays, candidats à l’exil.

Khady Ndiaye, directrice exécutive nationale de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), comme l’avocate camerounaise, Alice Nkom, qui avait défendu dans son pays des gays poursuivis, ont commenté au micro de RFI ces condamnations, en appelant tant à une dépénalisation universelle de l’homosexualité qu’au respect des droits de l’Homme pour les minorités sexuelles.

Selon l’association IGLHRC de défense des droits des minorités sexuelles, informée par les avocats de la défense d’un accès limité au dossier pénal et du manque de temps pour préparer la défense des accusés, il n’y a pas eu de procès équitable, il s’agit d’une «violation de la vie privée» des condamnés et d’une atteinte à la liberté de ces hommes.

A la répression sociale de l’homosexualité s’est ajoutée depuis maintenant une année une répression institutionnelle. La population sénégalaise est à 95% musulmane. La 15e Conférence sur le Sida (Icasa 2008), qui s’est tenue en décembre dernier à Dakar, a été «insidieusement exploitée par d’obscurs lobbies homosexuels et de lesbiennes, qui se sont livrés à leur habituel prosélytisme malsain» déclarait la puissante organisation musulmane sénégalaise Ong Jamra dont l’ancien président, décédé courant 2008 lors d’un accident de la route, était vice-président de l’assemblée. L’opinion publique sénégalaise dans une large partie, comme la presse locale, partage cette analyse d’une homosexualité, «perversion» et «acte contre nature». Comme souvent sur le continent africain, l’homosexualité est avancée comme une dérive occidentale, un fait social propre aux blancs, importé et promu par les anciennes puissances coloniales, les élites locales étant par ailleurs souvent accusées d’être complice de l’homosexualité si ce n’est d’avoir tiré profit de relations homosexuelles fantasmées pour être aux responsabilités.

«Il est indispensable de manifester un soutien aux accusés. La déclaration de dépénalisation de l’homosexualité portée, en décembre dernier, par la France devant l’ONU, ne doit pas rester un acte symbolique» a estimé pour sa part dans un communiqué le CGL Paris.

Les autorités diplomatiques françaises ont été alertées de cette affaire. Le jeunes condamnés devraient quant à eux faire appel de leurs condamnations.

EN SAVOIR PLUS

Les interviews de Khady Ndiaye et Alice Nkom : www.rfi.fr.

Le site de l’association IGLHRC : www.iglhrc.org.

Nos articles liés au sujet :
Sénégal : 8 gays condamnés à 8 ans de prison ferme.
Sénégal – La prison pour un couple homosexuel gay.
Sénégal – Libération des gays présumés.
Gays sénégalais arrêtés.





Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

PREFERENCES N 30

USA : menace d’empoisonnements adressée à 11 bars gays de Seattle