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Nicolas Sarkozy, «né hétérosexuel» défend la théorie de l’«identité» sexuelle

Alors que la polémique née des déclarations de Nicolas Sarkozy parues dans Philosophie Magazine sur le caractère génétique et inné de la pédophilie est politiquement entretenue à dix jours du premier tour des présidentielles, le candidat de l’UMP est revenu sur le sujet lors d’un entretien accordé au quotidien Libération et publié ce jour.

Se défendant d’avoir in extenso déclaré que la pédophilie était génétique, Nicolas Sarkozy a nuancé en avançant que «tout ne dépendait pas de l’acquis, mais qu’une partie pouvait être de l’inné. Dans quelle proportion ? Je ne suis pas savant.». Aussi pour illustrer, le candidat de l’UMP estime que «Par exemple, quand j’étais enfant, j’étais choqué parce que l’on expliquait, quand un enfant était homosexuel : «Sa mère a eu tort, elle a dormi avec lui». Quand un enfant était anorexique, on disait : «Le père était absent.» Quand un enfant était autiste, on disait : «Oh là ! Les parents ont divorcé, cela a provoqué un choc.» Depuis, on sait que l’autisme, c’est génétique. Je pense aussi que la sexualité est une identité».

Sur le même thème de l’identité sexuelle, Nicolas Sarkozy s’explique : «Oui, je suis né hétérosexuel. Je ne me suis jamais posé la question du choix de ma sexualité». Au passage, il tacle l’Eglise sur le sujet, peut-être un moyen de répondre aux attaques de Jean Vingt-Trois, archevêque de Paris : «C’est pour cela que la position de l’Eglise consistant à dire «l’homosexualité est un péché» est choquante. On ne choisit pas son identité».

Dans le même quotidien, le juriste Daniel Borillo, le sociologue Eric Fassin ou bien encore Frédéric Martel ont décrypté le discours de Nicolas Sarkozy sur ces sujets liés aux moeurs, à la sexualité et à la famille. Sur l’identité sexuelle, «Cela identifie les gens, cela dit qu’ils sont incapables d’évoluer» estime Frédéric Martel alors que Eric Fassin voit une dualité dans les propos de Nicolas Sarkozy : «l’hétérosexualité est sa nature : il est ainsi, il n’y peut rien. […] Mais du même coup, la nature se trouve individualisée : c’est ma nature.». Daniel Borrillo souligne le clivage partisan sur un sujet comme celui de la lutte contre l’homophobie : Nicolas Sarkozy a une «vision sécurisante, familialiste, biologisante et parfois psychologisante (avec les voyous/les honnêtes gens)» et la lutte contre l’homophobie se fait alors d’un point de vue pénal et non préventif, «parce qu’il ne croit pas aux vertus pédagogiques» estime le juriste. Sur la conception de la famille, tout en défendant un projet d’Union civile, Nicolas Sarkozy est partisan du maintien d’un «modèle qui est le nôtre», qui «doit rester celui d’une famille hétérosexuelle». «Contrairement à la gauche, Sarkozy ne distingue pas filiation et reproduction» et «Pour lui, la filiation hétérosexuelle est la seule « vraie » filiation, puisqu’elle est calquée sur la nature.» estime toujours Daniel Borrillo.

La théorie de l’identité sur son aspect lié à l’orientation sexuelle est combattue par les tenants réactionnaires qui estiment que l’homosexualité serait « curable » et les homosexuels « réadaptables » car il ne s’agirait que de choix personnel «parfaitement réversible» pour reprendre une expression usitée par le député homophobe Christian Vanneste. Les mêmes parlent de «choix sexuel» et non d’«orientation». A contrario, la défense de la théorie de l’«identité» a aussi ses limites éthiques évidentes.

EN SAVOIR PLUS

L’interview complète de Nicolas Sarkozy sur le site de Libération : www.liberation.fr

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