Interview de Charlie Keller, l’acteur gay islandais

Charlie Keller est un nouveau modèle en devenir dans l’industrie du film pour adultes gays, attirant de plus en plus d’attention en Islande par le biais des réseaux sociaux. Pourquoi? Parce que le vrai nom de Charlie est Stefán, il est un Islandais de 20 ans originaire de la capitale, Reykjavík.

Comment un jeune islandais s’est-il retrouvé dans l’industrie porno?

 » Tout a commencé quand je suis devenu mannequin. J’ai rencontré ce gars de Barcelone qui est une star du secteur de la pornographie, qui a été nominé pour un prix. Et par son intermédiaire, j’ai rencontré l’un des propriétaires de Staxus, la société de production pour laquelle je travaille maintenant. Il m’a demandé si j’avais déjà envisagé de faire du mannequinat et j’ai immédiatement demandé en retour s’il voulait parler de pornographie, ce qu’il a nié, mais il a suggéré de porter des sous-vêtements, etc.
J’ai décidé d’essayer et j’ai commencé à travailler comme mannequin, vivant à l’étranger et voyageant pour des séances photo. Mais de temps en temps, cette suggestion me venait à l’esprit: j’essayais aussi de modéliser le porno, alors j’ai finalement décidé d’essayer de voir si j’aimais ça. »

Vous n’avez pas hésité ?

 » Au début, je me suis dit: « Non, non! Cela n’arrivera jamais! Surtout parce que je ne connaissais rien du processus. Je pensais que je serais tellement exposé sur le tournage du film. Je pensais qu’il y aurait une équipe de 20 personnes autour, car j’avais vu comment était le tournage d’une émission de télévision ordinaire en Islande. Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais l’atmosphère s’est avérée très différente et beaucoup plus détendue. Ensuite, je suis allé voir mon ami à Barcelone et je l’ai bombardé de questions parce que je ne savais pas à quoi m’attendre. Il m’a tout expliqué patiemment, c’est juste un gars ordinaire et en bonne santé et c’est juste son travail. Il travaille tous les jours dans un café mais reçoit régulièrement des projets pornographiques. Alors, quand on m’a demandé une fois de plus, j’ai dit: « Fuck it, faisons ceci!  »

 

“Pour les tournages, je vole à Prague, il faut quelques jours pour tourner un film, puis je rentre à la maison… C’est assez intense alors je suis généralement épuisé après un voyage de travail de trois ou quatre jours et j’ai besoin de temps pour me détendre à la maison .« 

Que faisiez-vous avant ?

“ Toutes sortes d’emplois. Pendant très longtemps, j’ai travaillé au Kiki Queer Bar [bar LGBTQI du centre-ville de Reykjavik], mais après la marche des fiertés de Reykjavik en 2016, j’en avais assez, j’avais tellement travaillé que j’ai pris du temps. J’ai eu l’idée de lancer un magazine pendant un moment, mais après une rupture avec mon petit ami de l’époque, j’ai décidé de partir à l’étranger et de voyager un peu. J’ai d’abord vécu au Royaume-Uni pendant un certain temps, maintenant je suis à Copenhague (c’était en novembre 2017), mais je vais bientôt déménager à Amsterdam pour travailler en tant que gestionnaire de modèles à l’agence où je suis embauché.”

Comment vous semble l’industrie du porno?

 » Ça ne fait que quelques mois que je travaille là-bas et je suis vraiment content de ma société de production. Ici en Islande, c’est très peu orthodoxe mais là-bas, c’est comme n’importe quelle autre entreprise. Dans mon cas, je n’ai jamais été traité avec plus de respect en tant qu’employé que dans cet emploi; on nous prend bien en charge et nous avons accès à un médecin et à un psychologue sur le lieu du tournage. J’ai entendu parler d’histoires d’autres sociétés de production et je suis sûr que, comme dans le « vrai » Hollywood, il se passe des choses désagréables, mais je n’ai en réalité rien vu de négatif.  »

Et comment cela fonctionne-t-il ? C’est un travail de 9 heures à 17 heures ?

 » Non, c’est comme les autres emplois ! On me propose des projets et si j’aime leur sonorité, je signe un contrat. Pour les tournages, je vole à Prague, il faut quelques jours pour tourner un film, puis je rentre à la maison. C’est plutôt bien payé, oui, mais ce n’est pas le genre de travail que l’on peut faire tous les jours de la semaine. C’est assez intense alors je suis généralement épuisé après un voyage de travail de trois à quatre jours et j’ai besoin de temps pour me détendre à la maison. J’ai lu quelque part dans les médias islandais que j’étais censé être payé autant qu’un directeur de banque. Peut-être que si je travaillais tous les jours, cinq jours par semaine, je le ferais, mais ce n’est pas comme ça que ça marche. »

Qu’en est-il de votre vie privée, existe-t-il des restrictions imposées par l’agence ?

 » Non, ce n’est pas l’affaire de tous, ce que nous faisons dans notre temps libre et bien sûr, nous pouvons avoir un petit ami si nous voulons. La consommation d’alcool ou de drogues est absolument interdite pendant le travail. Bien sûr, être mannequin exige que vous dormiez suffisamment et que vous ne fassiez pas la fête juste avant une séance photo ou une journée de tournage. Ce n’est pas un travail facile, les journées de travail sont longues et intenses, vous pouvez donc prendre quelques verres à la fin de la journée, mais vous voulez simplement vous endormir pour être prêts pour le lendemain. Les modèles qui ne prennent pas soin d’eux-mêmes ne dureront pas longtemps dans tous les types de secteur. Celui-ci ne fait pas exception. Nous subissons tous un test de dépistage des IST une fois par mois, et lorsque nous prenons l’avion pour filmer, nous le sommes également. Personne n’est autorisé à commencer à filmer à moins de livrer un test vierge. »

Nous entendons maintenant toutes ces histoires sur le harcèlement sexuel et la violence à Hollywood. Est-ce quelque chose que vous remarquez ?

“ Je suis sûr que ça existe mais je ne peux pas dire que je l’ai vu autour de moi. C’est l’une des meilleures sociétés de production au monde et mon agence travaille beaucoup pour elles. ”

 

«On me demande souvent si j’ai été dupé ou forcé, mais ce n’est pas le cas du tout. J’y suis allé à cent pour cent de mon plein gré et il n’y a personne qui me dirige. »

On dit souvent que les gens se tournent vers l’industrie du porno parce qu’ils ont des problèmes personnels, parce qu’ils sont brisés et qu’ils ont une mauvaise image de soi et un manque de confiance de soi. Que diriez-vous à cela ?

“Pas dans mon cas. Je suis juste jeune et un peu téméraire, les gens peuvent voir sur mon compte Snapchat que j’aime gaffer avec mes amis et je vais essayer presque n’importe quoi une fois. Je ne consomme pas de drogue, je ne touche pas à ça, mais on me demande souvent si j’ai été dupé ou forcé, mais ce n’est pas du tout le cas. J’y suis allé à cent pour cent de mon plein gré et il n’y a personne qui me dirige. Si je ne veux pas travailler avec un certain modèle, je refuse et ce n’est pas grave. C’est un porno que les gens doivent payer, ils achètent un abonnement en ligne et ils ne doivent pas être inquiets de le regarder parce que c’est une production propre et de qualité. »

Mais sûrement cette industrie a un côté sombre?

« Oui absolument. Et je n’aime pas tout le porno, il y a des types de porno contre lesquels je suis très opposé. Tels que la pornographie enfantine, je le déteste. J’ai été abusé sexuellement quand j’étais plus jeune et je ne peux absolument pas supporter la pornographie juvénile. Et puis j’ai entendu des histoires sur des types qui utilisent des drogues pour modifier leur corps, garder leurs érections plus longtemps et des choses telles que des stéroïdes pour chevaux qui sont dangereux, mais les gars acceptent n’importe quoi pour être excités. Il y a tellement de pornos sans valeur, de pornos gratuits accessibles à tous, je n’aime pas du tout ça. Si vous devez payer pour cela, il est plus probable que ce soit de la pornographie de qualité et vous pouvez être assuré que les modèles sont bien traités et payés pour leur travail.  »

Combien de films avez-vous tourné et les regardez-vous vous-même?

“Jusqu’ici, j’ai été dans huit films mais un seul est sorti. Mais j’ai tout de suite commencé à me promouvoir sur les réseaux sociaux, en publiant mon compte Snapchat sur n’importe quelle plate-forme pertinente pour gagner du terrain, alors j’ai déjà pas mal d’abonnés. Je n’allais pas du tout regarder les films moi-même, mais j’ai alors réalisé que je devais le faire pour améliorer mon travail. Mais ensuite, je passe des siècles à scruter les images fixes et les photos, juste pour voir à quoi je ressemble, ce que je pourrais faire de mieux, comment je devrais poser, la prochaine fois, etc. Comme les modèles. »

Est-ce que votre famille et vos amis savent ce que vous faites? Qu’en pensent-ils?

 » Je n’ai pas dit à mes parents ce que je faisais tout de suite. Mais dès que j’ai entendu dire que les Islandais avaient commencé à parler, je les ai appelés tout de suite pour leur dire que je jouais dans des films pornos. Ils n’ont pas dit grand chose, juste « Oh? OK »
Bien évidemment, je ne voulais pas trop en parler avec eux, mais ils ont dit que je serais toujours leur fils et que rien ne changerait. Mes amis n’étaient en fait pas si surpris quand je leur ai dit, plutôt du type « Oh, c’est tellement typique de Stefan, encore une fois, il fait quelque chose de fou! ».
Ils m’aiment et me soutiennent quoi que je décide de faire.  »

Craignez-vous qu’ils voient certains des films que vous avez tournés?

 » Non, pourquoi le feraient-ils? Ils devraient chercher le matériel délibérément et le payer, je ne pense pas qu’ils courent le risque de le faire.  »

Tu n’as que vingt ans maintenant, te vois-tu faire cela pendant longtemps?

“ Eh bien, Staxus est spécialisé dans les mannequins minets, donc leurs garçons sont jeunes, en forme, bien coiffés et surtout ce que vous appelez“ babyface ”, alors non, je ne pense pas que je serai dans des films pornographiques dans dix ans. J’imagine qu’être un modèle n’est qu’un travail temporaire, mais j’aime travailler dans le secteur de la modélisation et je pense pouvoir le faire pendant encore plusieurs années. Ce n’est pas seulement du porno, nous sommes des modèles pour des clients tels que Calvin Klein, Diesel, Levi’s, etc.

 

« Pourquoi mon travail est-il tellement pire que celui d’un avocat qui défend des pédophiles violents? Je ne fais de mal à personne ni ne cherche d’excuses pour quelque chose d’horrible dans mon travail. « 

 

Mais ne craignez-vous pas que lorsque vous serez plus âgé, vous regretterez d’avoir emprunté cette voie? Que cela puisse avoir de graves conséquences pour votre réputation plus tard dans la vie?

« Je ne peux vraiment pas m’inquiéter de ça maintenant, je vis juste dans le présent. Si cela se produit, je m’en occuperai alors. Comment décidez-vous ce qui est bon ou mauvais?

Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec vous et pense que ce que vous faites est dégradant.

 » Oui, ma mère disait que ce n’était pas vraiment quelque chose dont il fallait se vanter, mais je dis en retour, pourquoi cela devrait-il être tabou? Oui, je suis un modèle porno, c’est mon travail, mais pourquoi ne devrais-je pas me promener et être fier? Je vous respecte exactement comme vous êtes pour que vous me respectiez mieux tel que je suis. Si vous ressentez le besoin d’être méchant et de merde pour moi, gardez-le pour vous, sinon je pourrais aussi trouver quelque chose à propos de vous pour être méchant. Traitez les autres comme vous voulez être traité. Si les gens doivent porter un jugement critique sur mon travail, c’est leur problème. S’ils pensent que je porte des vêtements laids, c’est aussi leur problème. «