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Julie Pietri : ‘Depuis le début, la communauté gay m’est fidèle

Il faut dire que ce matin la journée n’avait pas bien commencé. J’ouvre la porte du frigo, un oeuf vient s’écraser sur mon pied. A dix minutes de l’appartement, je veux écouter mon juke-box mp3, et je m’aperçois que j’ai laissé mon casque à côté du lit. Je m’assois dans le bus -sur un chewing-gum usager- et ce n’est qu’au bout de quinze minutes qu’il démarre enfin… Rogntudju, mais j’étais bien moi, avec mon minou dans les bras, et rêvant à Jude Law !
Je prends mon mal en patience, ça va bien finir par s’arrêter. Ca vaut mieux d’ailleurs, sachant qu’aujourd’hui j’ai rendez-vous avec une femme superbe, pratiquement l’incarnation de LA FEMME. Et non je ne suis pas devenu hétéro . Mais ça n’empêche pas d’être sensible à un charme certain, quasiment une référence. Oui je sais, peut-être suis-je tout simplement influençable. Il faut dire qu’en chantant « Eve Lève Toi », la rousse Julie Pietri devenait peut-être dans l’inconscient collectif de bon nombre d’entre nous, le symbole de la femme absolue, sacrée et intouchable !
Cette interview arrive donc comme un rayon de soleil, comme pour me faire oublier le mauvais départ qu’avait pris la journée.
En toute simplicité elle parle de son regard qu’elle porte sur ces années-là, lance quelques coups de gueule bien sentis, et annonce une série de concerts surprenants à venir. Confidences pleines de sincérité, et de déconne, à l’image de l’artiste .

Tof : Bonjour Julie, nous nous retrouvons aujourd’hui à l’occasion de la sortie du dvd de ton concert à l’Olympia tourné en Décembre 1987. Comment vois-tu cette période aujourd’hui ?
Julie Pietri : Ecoute je suis enchantée ! Sortir un live de cette année c’est un peu comme se replonger dans les années folles… Quand même, la fin des années 80 pour moi, c’était l’équivalent des années 25. Un moment de grande Fiesta !

Tof : Une petite nostalgie ?
Julie Pietri : Non non je ne suis pas du tout quelqu’un de nostalgique, et puis tu sais je me rends surtout compte que ce n’était pas si moche que ça [RIRES].
En fait je dois t’avouer que j’ai été la première à m’inquiéter lorsqu’on a commencé à envisager de ressortir ce concert. J’ai pensé : « ouha mais ça va être top kitsch ». C’est vrai, avec les fringues et les coupes de cheveux du moment, ce dvd ne risquait pas d’être triste ! [Elle éclate de Rire]
Mais évidemment, à l’époque, on était tous kitsch, mais il faut se remettre dans le contexte aussi .

Tof : Un souvenir particulier par rapport à ce concert en particulier ?
Julie Pietri : Et bien vraiment, je suis assez fière de ce que j’ai fait. J’ai le souvenir que c’était rempli à bloc, et d’une communion extraordinaire avec le public. Un public très éclectique, dont je suis très fière également. C’est vrai j’ai toujours trouvé génial qu’il y ait vraiment tout style de communautés, toutes générations à mes spectacles. C’est quelque chose que je continue à préserver avec amour.
Les meilleurs souvenirs que j’ai évidemment c’est l’éclate avec « Eve », mais ma reprise de « Non je ne regrette rien » de Piaf, était un grand moment aussi et je crois que je ne l’ai vraiment pas mal interprétée [Sourire]
Et puis j’ai été la première à oser reprendre « la vie ne m’apprend rien » de Daniel Balavoine, seulement un an après sa disparition et avant que ce soit à la mode. A la fin de la chanson il y avait un visuel très émouvant : une trentaine de colombes blanches représentant la paix, étaient lâchée à travers la salle. C’était comme si l’esprit de Daniel qui flottait au dessus de nous. C’était ma façon de lui rendre hommage.

Tof : Est-ce que ça n’a pas été dure de revenir après ton break, dû à ta maternité ?
Julie Pietri : Non pas du tout, parce que c’est beau de revenir après une telle chance !
J’avais eu des difficultés physiques à avoir un enfant, que je n’ai pas voulu partager avec la presse. On a dû m’opérer, et quand j’ai eu ma petite puce j’ai voulu la garder pour moi toute seule, et puis je me suis éloignée.
Attention, je n’ai pas arrêté la scène, mais par contre j’ai préféré prendre des distances avec la médiatisation, les disques et tout …
Et là j’ai vu que « Ouah, dans ce métier on t’attend pas ma fille ! ».
Et finalement en 2002 il y a eu un sondage organisé par une fameuse radio dans lequel on demandait au public qui des années 80 il voulait voir revenir sur le devant de la scène. Il y avait une centaine de candidats et je suis arrivée première !
On est venu me voir en annonçant : « mais dites-donc, vous ne seriez pas un peu l’égérie des années 80 ? ».
Et moi j’ai vraiment halluciné, demandant « Vous êtes sûrs ? Parce qu’il y en a d’autres tout de même ! ».
Je me suis mise à enchaîner toutes les émissions revival chez Daniela Lombruso, Flavie Flament et tout, en chantant « Magdalena », « Eve », « Amoureux Fous », j’allais partout.
Ensuite on m’a proposé de faire ce jeu « Retour Gagnant », auquel je n’étais pas trop sûre de participer au début. Il faut dire que les jeux ce n’est pas trop mon truc . J’ai changé d’avis lorsqu’on m’a expliqué que finalement il s’agissait simplement de chanter.
La suite on la connaît, mais encore une fois j’étais totalement surprise. Je ne pensais pas que mon interprétation de « Vivre pour le meilleur » allait plaire à ce point !
Boum ! 6 millions d’appels, pour dire: « Ben c’est Elle ! »
Non vraiment c’était une vraie re-reconnaissance ce soir là.


Tof : Cette émission finalement c’était vraiment un bonne chose, ou plutôt une mauvaise, vue l’image un peu ringarde qu’elle véhiculait ?
Julie Pietri : Ben non justement si j’en suis sortie, c’est que les gens on pensé que je n’étais pas si ringarde que ça … En gros j’ai entendue dire que je n’étais pas vieille grosse laide et que j’avais pas perdu ma voix [Rires]. Aujourd’hui j’estime qu’une femme qui a entre 45 et 50 ans c’est pas encore une grand-mère. Ma fille n’a que 13 ans tu sais ! Les gens ont dit « ben elle a toujours les yeux bleus : ben oui, je confirme ! [RIRES].
Finalement j’enfonce le clou en faisant paraître ce dvd, parce que déjà en 87 je savais un tout petit peu chanter et puis je savais faire un Olympia toute seule, c’est beau ! Je rappelle que je peux assurer pendant une heure et demi à deux heures sur scène ! Et j’ai de la matière, parce qu’avec le dernier album « Lumières » sorti il y a un an j’ai fait quelques inédits, et produit quelques morceaux etc … Avec 6, 7 albums il y a de quoi faire de bons concerts. J’ai gagné le fait que les gens viennent de plus en plus nombreux à mes spectacles, que j’en fais de plus en plus, et je suis ravi de faire des tournées avec mes musiciens qui sont ni plus ni moins que ceux d’Anguun et Faudel, donc finalement je ne suis pas si vieille que ça ! [Rires]

Tof : Cet intérêt pour les années 80 ne vient-il pas d’un besoin réel du public, de rêver et de se replonger dans une époque peut-être un peu plus futile, alors qu’aujourd’hui l’actualité est plus morose ?
Julie Pietri : Je ne crois pas qu’on était si futile que ça. Je me souviens d’Annie Lennox par exemple. Eurythmics, c’était quelque chose tout de même non ? Je me demande si aujourd’hui on ne chante pas trop de « Je t’aaaaime, tu m’aaaaimes !!!!

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