Dans un communiqué diffusé sur son blog, le député du Nord associé à l’UMP, Christian Vanneste, condamné en janvier dernier par le Tribunal correctionnel de Lille pour injures homophobes, tente de justifier la proposition de loi qu’il a déposé en début du mois, dont l’objet vise à supprimer ce délit et qui aurait pour effet d’éteindre les poursuites à son encontre ou de l’amnistier en cas de condamnation confirmée en appel.
Dans les motivations de sa proposition de loi, qui serait selon le député cosignée par une vingtaine de ses collègues, Christian Vanneste avance la défense de la liberté d’expression comme raison de cette modification pénale, tout en envoyant une nouvelle salve à l’encontre de la communauté LGBT : «En effet, il doit être possible dans le cadre d’un débat démocratique respectueux des croyances religieuses ou engagements philosophiques des uns ou des autres que chacun puisse en toute liberté soutenir son propre point de vue. Par exemple, qu’un chrétien, un juif et un musulman puissent faire valoir l’infériorité morale des comportements homosexuels par rapport à ceux qui fondent le mariage entre un homme et une femme afin de créer une famille au sein de laquelle seront élevés des enfants».
Face à la bronca des associations LGBT qui dénoncent une manoeuvre de l’élu visant à s’auto-amnistier, Christian Vanneste use à nouveau de la phraséologie propre aux extrémistes en se déclarant victime d’une «dictature morale», lui, chevalier blanc de la démocratie : «Alors que je ne fais que remplir ma fonction de parlementaire en proposant une modification de la loi à mes collègues, voici que des groupements s’autorisent à lancer des anathèmes et des exclusions comme au bon temps de la Russie stalinnienne ou de l’Allemagne hitlérienne.».
Le même poursuit en déclarant qu’il «ne demande pas de «dépénaliser les propos homophobes», mais de permettre la liberté de parole. Juger un comportement n’est pas injurier une personne». Sauf que les juges n’ont pas eu cette analyse quand l’élu a déclaré que «L’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité» et que «l’homosexualité était inférieure à l’hétérosexualité.». Cet argument libertaire fallacieux du député Vanneste reviendrait tout autant à permettre des propos racistes, révisionnistes ou antisémites sous couvert d’un droit à la liberté d’expression absolu SIC. Au surplus, ce n’est pas tant le droit à la liberté d’expression qui est brimé que la volonté du législateur et le devoir pour la société de sanctionner des propos qui stigmatisent et incitent à la haine.
De plus, et malgré ce que déclare Christian Vanneste, le dispositif pénal réprimant les injures homophobes n’empêche nullement tout un chacun de se déclarer contre l’ouverture du mariage civil aux couples homosexuels ou contre l’homoparentalité mais sanctionne les offenses graves aux personnes en raison de leur orientation sexuelle et les expressions outrageantes et insultantes, tout comme s’opposer à la politique israélienne ne revient pas à tenir des propos antisémites ou soutenir un discours contre l’immigration ne revient pas à tenir des propos racistes et xénophobes.
Un point que l’on peut accorder à Christian Vanneste, c’est que son cas est unique et ses motivations surprenantes. Unique, il est la première et seule personne condamnée pour injure homophobe et de surcroît il s’agit d’un élu de la République. Surprenant, ses motivations sont davantage religieuses que laïques, ce qui pour un parlementaire est toujours choquant. Un pari, en cas de condamnation confirmée en appel, Christian Vanneste s’insurgera de nouveau contre la décision de notre justice et, au final, il devra se poser la question de sa propre démission s’il souhaite être respectueux tout autant de nos institutions que cohérent avec une liberté qu’il revendique.
Finalement, Christian Vanneste est bien une victime : victime de lui-même, de sa propre caricature.
EN SAVOIR PLUS
Le blog de Christian Vanneste : http://vanneste.over-blog.org/
La proposition de loi consultable en ligne : Ici
Nos articles sur l’affaire Vanneste (du plus récent au plus ancien) :
– Christian Vanneste pour l’autoamnistie
– Christian Vanneste au Centre National des Indépendants et paysans
– Christian Vanneste, fréquentable pour le gouvernement
– La réponse de Vanneste à l’Inter-LGBT et à GayLib
– Réaction du CGL suite à la récidive de Christian Vanneste
– Christian Vanneste : député UMP multirécidiviste homophobe
– L’UMP demande l’exclusion de Georges Frêche. Et Vanneste ?
– Réplique de Christian Vanneste à sa condamnation
– Condamnation de Christian Vanneste : premières réactions
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– Lille : Appel à rassemblement à l’occasion du procès de Christian Vanneste
– Mobilisation associative en marge du procès Vanneste
– Renvoi du procès du député Vanneste
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– L’affaire Vanneste soumise au Garde des Sceaux
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