Pour se défendre de fausses accusations de viol, un officier de l’Air Force dont l’orientation sexuelle a été dévoilée s’était vu notifier l’an dernier son licenciement de l’armée. Ayant contesté cette décision devant une cour fédérale, il vient d’obtenir une première victoire.
UNE DOUBLE INJUSTICE
L’affaire concernant le lieutenant-colonel Victor Fehrenbach illustre l’absurdité et l’injustice de la doctrine Don’t Ask, Don’t Tell (DADT –«Ne demandez pas, n’en parlez-pas») qui n’est toujours pas abrogée. Forcé de révéler son homosexualité pour se défendre d’accusations fallacieuses de viol, le lieutenant colonel Victor Fehrenbach doit désormais se battre pour ne pas être renvoyé de l’armée ou tout du moins atteindre les 20 ans de services actifs, à défaut il ne bénéficiera d’aucun droit à sa retraite militaire.
En l’espèce, l’affaire avait débuté en 2008 quand le militaire a du répondre d’accusations de viol portées par un homme rencontré sur Internet. Si le plaignant a été discrédité par la suite et que le militaire a admis avoir eu des relations sexuelles consenties avec le jeune homme et qu’il a été innocenté, l’armée a eu accès aux dépositions civiles et s’est servie de ces pièces pour licencier le militaire gay.
Le pilote de chasse, réaffecté dans un service administratif et dont le licenciement lui a été notifié en 2009 a saisi une cour fédérale. Il vient de remporter une première victoire.
VICTOR FEHRENBACH RESTE EN SERVICE JUSQU’AU VERDICT DE LA COUR
Le département américain de la Justice, l’US Air Force et le tribunal fédéral de l’Idaho saisi par Victor Fehrenbach sont parvenus à un accord. Le lieutenant-colonel pourra rester au sein de l’armée jusqu’à ce que la justice se prononce sur son appel.
Suite à la révélation du sort réservé au militaire, le secrétaire d’Etat à la Défense, Robert Gates, avait avancé le fait que l’application de la doctrine pourrait être nuancée avec une hypothétique indulgence de l’armée en fonction de l’origine et des causes de la révélation de l’homosexualité d’un militaire. De son côté, le Président Obama rappelle périodiquement son souhait de voir la doctrine Don’t ask, Don’t Tell abolie mais les militaires sont partagés sur la levée de cette interdiction faite aux gays de servir dans l’armée et des propositions de loi pour l’abroger n’ont pas encore abouti. Le Canada, l’Australie, l’Afrique du Sud, l’Uruguay, Israël ou de la Grande Bretagne ont explicitement indiqué que l’orientation sexuelle n’était pas une cause d’exclusion au sein de leurs forces armées.
Issu d’un compromis de l’administration Clinton avec les conservateurs, l’application de cette doctrine depuis 1993 aurait conduit à la démobilisation de 13.000 soldats du seul fait que leur homosexualité ait été découverte selon le Servicemembers Legal Defence Fund (Réseau de défense juridique des militaires), association de militaires homosexuels.
Récemment encore, Dan Choi, un militaire gay américain, connu pour son activisme pour la suppression de la doctrine Don’t ask, Don’t Tell, a été licencié. Aujourd’hui, 65.000 militaires homosexuels américains seraient concernés par cette doctrine.
Décoré, Victor Fehrenbach a servi aussi bien au Koweït, en Afghanistan qu’en Irak.
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Reportage d’ABC News sur le sujet


