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La Leon

La Leon
Un film argentin, sous-titré en français, réalisé par Santiago Otheguy
Avec : Jorge Roman
Daniel Valenzuela

85 minutes – 35 mm – scope – noir et blanc

Sortie le 11 Juillet 2007

Festival Berlin 2007 – Panorama / Mention Spéciale Teddy Award

L’histoire:

Dans un labyrinthe de rivières et de ruisseaux, monde sensuel et sauvage, Alvaro mène une vie humble et solitaire, la pêche et la coupe des roseaux constituant son labeur quotidien. Son homosexualité et sa passion pour les livres font de lui un personnage à part parmi les habitants de cette région d’Argentine perdue dans le temps. Le seul lien entre ce territoire sans frontières définies et la ville est constitué par « El Leon ». Ce bateau-bus est piloté chaque jour par El Turu, un homme violent et autoritaire, devenu le relais incontournable de toute communication entre les habitants. El Turu voit la différence d’Alvaro comme une menace et semble déterminé à le harceler.

L’avis de Tof: Ce film contemplatif et poétique fige l’espace temps de manière délicieuse

Lorsqu’on sait que le réalisateur Santiago Otheguy, a souhaité construire La leon comme un western dont l’action se situerait dans un désert d’eau, on imagine qu’il n’a probablement pas choisi à la légère le comédien Jorge Roman, avec sa gueule de Charles Bronson et son attitude sévère, pour en incarner Alvaro, son personnage principal. Celui-ci évolue bon gré mal gré, au sein d’un clan principalement composé d’hommes taciturnes, de type cro-magnon à poil dur, dont les rôles sont tenus par les vrais habitants du Delta de Paranà, cette région d’Argentine qu’on pourrait comparer à une sorte de « Venise subtropicale », véritable labyrinthe aquatique. Autant être prévenu, le rythme est plutôt lent : Otheguy a tenu à profiter des possibilités qu’offrent le support HD, pour laisser les scènes se développer dans la durée, afin que le rythme même de l’endroit et des gens qui l’habitent détermine celui de la scène. Les dialogues sont épurés, ponctués par de longs silences qui en disent beaucoup. Les personnages se toisent avec des regards lourds et bien plus efficaces que de longs discours. C’est l’histoire d’un groupe d’hommes et pourtant chacun d’entre eux semble profondément seul, perdu dans ses pensée, avec en tête notre Alvaro, qui a en plus le secret de son homosexualité à porter. Souvent pensif et méditatif, semblant constamment dans l’introspection jusque dans ses gestes quotidiens, le pêcheur et coupeur de roseaux attendrit le spectateur parce qu’il donne l’impression de ne pas être à sa place, et de se poser des questions sur ce que la vie peut encore lui offrir. Il doit aussi faire face aux harcèlements du plus bourru de ses collègues de travail, El Turu, avec qui il entretient un rapport conflictuel, quasiment de l’ordre père-fils. On se trouve immergé, c’est le cas de le dire, dans un environnement dénué de tous repères spatio-temporel, accentué par le noir et blanc, avec même parfois la sensation de vivre une légende du folklore argentin. Le courant paisible du fleuve qui rythme toute l’histoire, son humidité ambiante qui fait suinter ma pellicule, évoquerait même le Styx, rivière de la mythologie grecque, qui séparait le monde terrestre des Enfers en l’entourant neuf fois, et qui convergeait avec trois autres fleuves au centre du monde souterrain vers un vaste marais. On n’est pas non plus très loin de la sérénité fragile procurée par les paysages luxuriants, rencontrés dans les Filles du Botaniste, film chinois de Daï Sijie. Le film, véritable parenthèse dans ce monde de brutes, bénéficie d’ailleurs également d’une photographie magnifique, mettant en scène des protagonistes dont la seule expression et les seules rides du visage sont le témoignage de leur histoire.

UN FILM ATTACHANT ET QUASI HYPNOTIQUE, TOUT COMME LE COURS DU FLEUVE QUI LE TRAVERSE, FIL ROUGE D’UN DESTIN CONFLICTUEL ET TORTURE, ENTRE DEUX HOMMES QUE TOUT SEMBLE OPPOSER

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