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Avis suisse sur la transmission du VIH

A prendre avec une extrême prudence et pour le moins ne pas voir pour l’heure au-delà qu’une communication scientifique, dans un cadre très précis, l’annonce attendue ce jour dans le Bulletin des médecins suisses d’une synthèse de données effectuée par la Commission Fédérale pour les problèmes liés au Sida (CFS), équivalent helvétique du Conseil National du Sida français.

Il ne faut pas surinterpréter dans un sens comme dans l’autre l’annonce par la CFS de données faisant état de l’absence de transmission du VIH dans le cas de couples sérodiscordants dont le partenaire séropositif, sous traitement antiviral qui conduit à un taux de virus indétectable, ne transmettrait pas dans les fait le virus en cas de pratiques sexuelles à risques.

Face à une telle communication scientifique, Act Up revient à juste titre sur les limites de cette communication, limites propres à enlever une portée générale à cet avis : cadre très restrictif de couples sérodifférents, hétérosexuels stables où la personne séropositive a une observance parfaite de son traitement, une charge virale (mesure de la quantité de virus dans le sang) en dessous du seuil de détectabilité depuis au moins six mois, une absence d’Infections Sexuellement Transmissibles (IST), ce qui suppose une absence totale de relations extraconjugales.

«Cette annonce qui porte sur les couples sérodifférents ne concerne donc pas les 40% de malades sous traitement ayant une charge virale résiduelle malgré une bonne observance du traitement, et les 20% de séropositifs sans traitements. Elle n’est pas non plus applicable à la situation des homosexuels et aux rapports anaux en l’absence de données sur cette question ou dans cette population» prévient Act Up.

La CFS reconnaît elle-même que «d’un point de vue strictement scientifique, les éléments médicaux et biologiques disponibles à l’heure actuelle ne prouvent pas qu'[une charge virale indétectable] empêche toute infection au VIH».

Si le «CFS précise que son affirmation ne remet pas en cause la stratégie de prévention appliquée en Suisse» précise Act Up, l’association Warning n’a pas pris les mêmes précautions et en fait un élément favorable à une politique de réduction des risques.

Warning, dans un article publié sur son site en décembre dernier avait également communiqué sur les déclarations des chercheurs suisses en titrant «Préservatif ou trithérapie ?».

Warning reprenait ainsi les déclarations aux médias suisses de Bernard Hirschel, responsable de l’Unité VIH/sida aux Hôpitaux Universitaires de Genève et Roges Staub, directeur de l’Office fédéral de la santé publique : «les stratégies de prévention sont complexes et la question doit être investiguée» estime le second mais pour le même entre usage du préservatif et trithérapie, «Ce sont deux moyens de protection efficaces qui ont chacun leurs avantages et leurs désavantages, explique le médecin. Les trithérapies ne protègent pas quand on se décide le soir même, mais elles ne peuvent pas lâcher au milieu» et «c’est une nouvelle option de prévention, qui est importante dans certaines circonstances, par exemple chez les couples stables qui se connaissent bien, chez les personnes qui veulent des enfants, là évidemment c’est difficile d’utiliser des préservatifs et le risque de contaminer quand on essaye de concevoir pèse lourdement sur la vie de couple, et là, par exemple c’est un message qu’il faut donner aux gens». Le même voit également dans ces résultats un moyen de limiter le recours aux Traitements Post Exposition (TPE) : «Après une prise de risque, on peut renoncer à un traitement préventif coûteux et grevé d’effets secondaires si la personne avec laquelle a eu lieu le contact critique ne présente pas de charge virale.».

Dans la suite logique des politiques de réductions des risques qui émergent, Bernard Hirschel a répondu aux tenants de la prévention basée sur les seules recommandations de l’usage du préservatif : «Cela fait peur aux spécialistes de la prévention. Ils craignent de brouiller un message simple qui a fait ses preuves : « jamais sans protection ». Mais nous devons constater qu’il y a des personnes qui ne parviennent pas à appliquer absolument cette consigne. Cela peut donc être utile de nuancer, d’offrir des options additionnelles» et «un message préventif qui grossit tous les risques et ne correspond pas à la réalité perd en crédibilité et en efficacité».

Sur le sujet et suite à cet avis, admettons que la clarté et la transparence prévaut même si les résultats d’une large étude de cohorte en cours visant à documenter la transmission sexuelle du VIH sous traitement efficace dans des pays occidentaux sont attendus, résultats qui infirmeront ou confirmeront à plus large échelle cet avis.

La transparence veut que ces résultats peuvent en effet fournir des pistes intéressantes en terme préventif toutefois les limites sont importantes et le cadre extrêmement restreint pour que l’on ne passe pas d’un paradigme à un autre.

Devons-nous nous réjouir qu’après des pratiques de sérotriage se substitueraient des pratiques de virotriage où les personnes adapteraient leurs pratiques sexuelles en fonction de leurs résultats virologiques ? Si, même dans un cadre extrêmement restreint, on ne peut que se réjouir de l’absence de transmission, les limites sont telles qu’elles rendent l’utilisation à finalité préventive de ces résultats extrêmement difficile à mettre en oeuvre, dans le temps, comme dans les faits.

Sur le sujet, admettons enfin qu’une politique de prévention unique a échoué mais soyons tout autant extrêmement prudents dans le cas d’annonces positives sur d’autres modes préventifs. Le Président de la CFS, Pietro Vernazza, a lui-même parfaitement résumé la situation : «La Prévention du Sida devient plus simple mais aussi plus complexe».

EN SAVOIR PLUS

Le site d’Act Up Paris : www.actupparis.org.

Le site de Warning : www.thewarning.info.

Notre portail Prévention : prevention.citegay.com.

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