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Le petit train de la prvention sida



Communiqu de presse – WARNING



 


Le petit train de la prvention sida


ou comment la recherche franaise s’est
gare


 


 


Est-il encore besoin de s’tonner 25 ans aprs le dbut
de l’pidmie de sida des carences de la recherche franaise ? A la veille de la
marche parisienne des fierts homosexuelles, l’Institut National de Veille
Sanitaire (InVS) publie son nime point de situation sur la sexualit des gays
pour conclure nouveau au mme constat :  les comportements
risques  en matire d’IST,  restent d’actualit . Ces points
d’actualits, gnralement de quelques pages masquent difficilement un travail
de recherche en prvention des IST et du VIH en France dot de peu de moyens et
peu innovant.


 


Ce constat a plusieurs raisons : un sous-financement
rcurrent de la recherche, une production scientifique nettement insuffisante
qui manque de transversalit, un manque d’intrt envers les proccupations des
associations de lutte contre le sida, une ractivit faible face aux enjeux, peu
d’audace en terme de sujets de recherche. 
Le systme semble maintenant en voie de sclrose avance.


 


Le petit train de la prvention,
suite…


 


Est-il encore besoin de s’tonner 25 ans aprs le dbut
de l’pidmie de sida des carences de la recherche franaise ? Oui car la
situation devient extrmement frustrante. L’InVS ne cesse d’annoncer une
augmentation des prises de risques sexuels chez les gays et nous constatons peu
d’volution de la rponse en terme de prvention. Cette situation provient d’une
faiblesse dans les capacits d’analyse des phnomnes l’oeuvre et c’est
directement le dispositif franais de recherche contre le sida qui est en
cause.  Ce constat a plusieurs
raisons :


 


  T’as pas
100 balles ou un sous-financement de la recherche


Ce phnomne se constate clairement par exemple avec
l’InVS (Institut national de Veille Sanitaire). Malgr la bonne volont de ses
pidmiologistes, l’InVS souffre d’un manque flagrant de budget qui limite le
nombre de chercheurs dploys sur les projets. Ce constat a dj fait l’objet
d’un rapport du Snat et a une consquence importante :  les enqutes pidmiologiques sont
insuffisamment exploites. L’enqute presse gaie, par exemple, mene en 2004
comportait prs de 100 questions. Cette enqute est ralise intervalles
rguliers depuis les annes 80. Mais faute de moyens humains, seules quelques
questions sont exploites et la mise en perspective avec les enqutes
prcdentes n’est plus faite depuis bien longtemps. Deux ans aprs le dbut de
l’enqute, le rapport final n’est toujours pas publi. Celui de l’enqute presse
gaie 2000 a lui t publi en 2005 ! Cette situation ferait scandale
l’tranger.


 


– Produisez du chiffre ! (mais peu
d’analyse)


Si l’on dispose de donnes chiffres dans l’pidmiologie
du VIH et des IST, il est flagrant de constater que celles-ci sont peu
dcortiques de manire transversale et restent essentiellement dans les mains
des pidmiologistes. On ne comprendra jamais les ressorts biopsychosociaux des
prises de risques sexuels sans une implication substantielle des autres acteurs
de recherche en particulier sociologues et psychologues.


 


Chacun sa
place


L’Agence nationale de
recherches sur le sida et les hpatites (ANRS)
dispose d’une commission
prvention dans laquelle on a accord deux strapontins aux associations de lutte
contre le sida. Cette situation est compltement diffrente de celle observe
par exemple en Grande-Bretagne o existe un ple de recherche disposition des
associations et apte rpondre rapidement leurs proccupations. L’ANRS reste
une citadelle o le rapport de force est clairement en faveur de cette
institution. La discussion avec le savoir associatif n’est pas pris suffisamment
en compte. Il suffit de comparer par exemple la qualit des campagnes de
prvention du Terrence Higgins Trust avec celles faites en France pour se rendre
compte de la qualit de la collaboration entre associations et recherche et de
son impact sur les actions de prvention.


 


– Si l’on n’en parle pas, personne ne s’en
apercevra


La recherche sur le sida en prvention est internationale
et les modes de vies gays ont des similarits dans plusieurs pays. Pourtant on
peut constater une absence quasi totale d’articles franais publis sur certains
sujets actuellement en discussion l’tranger, comme si nous fonctionnions avec
notre propre agenda, isols dans une bulle. L’volution des pratiques sexuelles,
Sydney, Londres ou encore San Francisco a par exemple rvl l’laboration de
stratgies alternatives de protection contre le VIH par les individus mmes, qui
peuvent, aprs valuation, ventuellement servir de support de prvention. Si le
sujet fait dbat dans les associations franaises, il n’en apparat rien du ct
des organismes de recherche dont l’ANRS. 
Lors de la dernire confrence internationale de la confrence sur les
rtrovirus (CROI), le silence des chercheurs franais tait flagrant alors que
plusieurs chercheurs trangers voquaient des travaux dj bien avancs par
exemple sur le srochoix ou encore d’autres stratgies de rduction des risques.


 


– Changeons de sujet ou vitons d’tudier les sujets qui
fchent


La rduction des risques sexuels a fait l’objet d’un
dbat violent entre les associations, dans lequel l’ANRS s’est bien gard
d’intervenir. Il y aurait donc des sujets sur lesquels il n’est pas bien vu de
faire des recherches. Cette attitude est extrmement problmatique dans la
mesure o elle ne permet pas d’apporter un clairage scientifique pour valider
ou invalider ces stratgies complmentaires de
prvention.


 


– Dsol, mais votre projet n’entre pas dans notre grille
de financement


Cette frilosit entrane par consquent un blocage au
niveau des subventions puisque sans validation scientifique il est difficile de
faire financer des projets innovants. Warning a voulu cette anne lancer une
srie de campagnes de prvention sur le thme de la sant gaie. La sant gaie
est une approche innovante de prvention VIH l’oeuvre depuis plusieurs annes
l’tranger. Ce type de campagne n’entre actuellement pas dans les critres du
systme d’appel d’offre de sant publique franais. Le financement a du tre
trouv du ct d’organismes privs.


 


 


– Ingalit sanitaire


Si l’Etat s’inquite du problme VIH en population gay,
il reste parfaitement dfaillant quand aux autres questions notamment la
vaccination hpatite B, la sant lesbienne ou encore le problme du
sursuicidalit des jeunes gays. La sant des gays et lesbiennes
s’arrterait-elle au sida ? Comment alors rester crdible en prvention VIH
vis–vis d’un public cible si paralllement les revendications de sant de ce
mme public sont mprises ? Clairement les besoins de sant des gais ne
sont pas pris en compte dans l’action sanitaire.


 


Cette carence se retrouve aussi dans la recherche.
L’chec des  gay studies  ou le refus de l’universit franaise de
mettre en place des tudes puissantes sur le genre et l’orientation sexuelle a
eu un impact important dans la comprhension de la sexualit des homosexuels et
d’autres populations vulnrables. Autrement dit on fait en France de la
recherche sur la prvention VIH en population homo sans lien avec des tudes sur
la sexualit et le genre. D’o le fait qu’ la fin il ne reste que les
pidmiologistes pour en parler.


 


 


En novembre dernier Warning a organis une grande
confrence internationale sur le thme  VIH et sant gaie, nouvelles
approches, nouveaux concepts  (http://sante-gaie2005.thewarning.info
). Depuis, les propositions avances cette confrence
sont au centre des dbats sur la prvention dans le monde associatif de lutte
contre le sida. Il a t clairement dmontr l’intrt d’une collaboration
troite entre le monde de la recherche et celui associatif. Qu’attendent l’INVS
et l’ANRS pour dclencher des dmarches collaboratives dynamiques l’instar de
ce qui se dveloppe par exemple en Grande-Bretagne ou en
Australie ?


 


http://www.thewarning.info/


 


 


 


 

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Brèves du 20/06/2006

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