in

Gays : les défis de la prévention

Suite au constat d’une dérive inflationniste inquiétante des prises de risques, dérive confirmée par les études épidémiologiques et les enquêtes effectuées auprès du public LGBT, et à la (re)mobilisation des acteurs de prévention, tant publics qu’associatifs, l’association Arcat Sida a souhaité faire un bilan des défis de la prévention propre aux Gays.

Le journal du Sida, édité par l’association, publie ce mois-ci un supplément spécial sur le sujet et souhaite répondre à une question : « Mais comment expliquer ce retour du risque ? » et avance comme pistes de réflexions « Les nouveaux traitements, les fragilités personnelles, les immobilismes associatifs, notamment, ont fait leurs effets. Il reste à trouver de nouvelles pistes. Certains s’essaient à Internet, d’autres valorisent le sens des responsabilités, ou encore ciblent les jeunes gays. A l’étranger également, des expériences peuvent inspirer ».

La conclusion faite par Arcat est la même que celle qui anime désormais les nouvelles actions de prévention des associations et des pouvoirs publics. Cette situation d’alerte rend désormais impératif le retour aux actions de prévention avec un appel à la mobilisation générale : « Désormais, il faut agir. Vite. ».

Ce dossier spécial, argumenté, transversal et qui a ouvert ses colonnes à de nombreux acteurs et spécialistes des questions liées à la prévention au VIH, fait le tour des problématiques actuelles liées à la recrudescence des comportements à risques et la reprise des contaminations au VIH et IST chez les Gays. Le constat tout d’abord avec une revue de détail des dernières études sociologiques et épidémiologiques : « Tous les indicateurs étaient au rouge depuis quelques années. L’enquête Presse gay 2004 enfonce le clou et sans aucune ambiguïté. Les résultats préliminaires, rendus publics en juin, confirment ce que les gays savent déjà : la capote n’est plus considérée comme un accessoire obligatoire.»

« Perte du sentiment communautaire », pour le Président du CRIPS Ile de France, « attitudes complaisantes à l’égard des rapports non protégés » ou « lassitude des homosexuels, après plus de vingt ans d’épidémie », également pour d’autres, font partie des raisons avancées pour expliquer que les homosexuels baissent la garde. Quoiqu’il en soit, si il n’y a pas une cause unique du relâchement, pas plus qu’il n’y ait que des causes objectives ou plus diffuses du Relapse, la prise en compte et la systématisation de l’ensemble des éléments expliquant ce phénomène est une donnée nécessaire, indispensable mais non suffisante, pour le combattre.

Pour Serge Hefez, psychiatre et responsable d’Espas (Espace social et psychologique d’aide aux personnes touchées par le virus du sida), « Aider la personne à construire l’estime de soi » est une variable indispensable expliquant que « Les mécanismes de défense ne sont pas les mêmes selon les individus. On sait qu’il existe des corrélations entre des pratiques à risques et des antécédents de suicide. Le relapse, c’est une façon de ne pas se porter attention. ». Didier Lestrade, cofondateur d’Act up-Paris et du magazine Têtu, explique longuement la nécessité de ce qu’il appelle un « Wake-up call » soit « une prise de conscience des homos comme il y en a eu autrefois dans l’histoire du sida, il faut créer un réceptacle vers lequel les gens puissent se diriger. ».


Le Journal du Sida poursuit par de nouvelles pistes, notamment chez les jeunes Gays ou concernant le nouveau média et espace de rencontres que constitue Internet, en soulignant au passage le travail ancien et renouvelé de CitéGay sur ces questions, en appelant à d’avantage d’implication des éditeurs web sur le sujet et à une prise en compte de ce média par les associations.

Avant de conclure par un tour d’horizon de ce qui se passe auprès de la communauté LGBT à l’étranger, le Journal du Sida a souhaité revenir sur les fondamentaux des actions de santé publique en matière de prévention au VIH bousculés par le procès Morat qui a vu un homme condamné pénalement pour avoir transmis le Sida à des partenaires occasionnelles.

Sans appeler à passer d’un paradigme à un autre ou à des oppositions frontales sur le sujet, il s’agit de la meilleure synthèse sur le sujet, car non dogmatique, qui explique en quoi les oppositions doctrinales ne sont pas nécessaires mais qu’un glissement s’effectue de « responsabilité partagée », à « responsabilité conjointe » ou (puis ?) « consentement éclairé ».

Ce que résume Antonio Urgidos, président du CRIPS, très justement par la prise en compte de deux objectifs complémentaires : « Développer une communication auprès des personnes séropositives et une communication qui valorise les comportements de prévention. Une majorité de gays se protège. Malheureusement, les médias ont mis en avant ceux qui préconisaient l’individualisme. Il ne s’agit pas de faire porter la seule responsabilité de la prévention sur les séropositifs, mais de s’adresser à eux, avec un discours humaniste qui valorise ces comportements de protection. »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Brèves du 27/09/2005

Accs la sant restreint pour les trangers en situation irrgulire :