La « théorie de genre » prévue à l’enseignement des classes de SVT (Sciences et Vie de la terre) à la rentrée 2011 et qui apprend désormais que la féminité et la masculinité ne sont pas déterminées par le sexe mais plutôt par une construction sociale et culturelle, continue de faire des vagues aussi bien du côté des associations catholiques que des politiques.
Dans une lettre envoyée le 30 Août au ministre de l’Education Luc Chatel, pas moins de 80 députés UMP ont en effet exigé le retrait pur et simple des manuels contenant le fameux chapitre qui fâche « Devenir Homme ou femme » (de l’embryogénèse à la puberté).
Sans surprise Christian Vanneste fait partie des signataires (avec Lionnel Luca et Jacques Myard, fondateurs du collectif de la Droite populaire, Bernard Debré, Eric Raoult et Hervé Mariton), et n’hésite pas à mettre en cause l’influence d’un « lobby gay extrêmement puissant ».
Interrogé le 31 Août par le JDD (Journal du Dimanche), le député de la 10ème circonscription du Nord fustige : « En France, le poids du lobby gay à un certain nombre de niveaux décisionnels est considérable. On savait déjà que c’était le cas en politique et dans les médias. C’est une évidence . Manifestement, il y en a aussi chez certains éditeurs ! »
Lorsqu’on lui demande son sentiment sur le contenu du chapitre, il dénonce une « iconographie de propagande », déclarant « on illustre le passage sur l’identité sexuelle par une photo d’une manifestation en faveur de la transsexualité, puis celui sur l’orientation sexuelle par une photo d’une manifestation en faveur de l’homosexualité. C’est une iconographie de propagande! C’est scandaleux ! On est complètement dans l’idéologie. »
Fort heureusement la théorie de genre compte aussi de nombreux défenseurs…
Bruno Julliard, secrétaire national de l’éducation au PS a exprimé sa déception à l’hebdomadaire l’Express : « c’est dommage qu’une petite polémique politicienne prenne le dessus. Il faut quand même rappeler que le taux de suicide des jeunes homosexuels est sept fois plus élevé que dans le reste de la population. il faut bien comprendre que la mise en place d’un outil de compréhension de l’identité sexuelle, ce n’est pas faire avancer les droits des LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres ) mais contribuer à l’éducation et la formation des futurs citoyens. »
Le Parti Socialiste a ainsi diffusé le 31 Aout un communiqué intitulé « Non à la censure des manuels scolaires par les députés UMP » dans lequel il juge la demande de retrait des manuels « inacceptable sur la forme comme le fond » précisant qu’ » il n’appartient pas au pouvoir politique de déterminer le contenu des manuels, mais aux autorités scientifiques qui en sont chargées ».
Il estime que « la droite montre une nouvelle fois sa vision totalement rétrograde des identités de genre. Cette volonté acharnée de masquer le caractère construit, culturel, social du genre féminin et masculin, de nier la diversité des identités sexuelles ne fait que révéler le refus de la droite des libertés individuelles et notamment sexuelles ou encore une vision archaïque de la place des femmes dans la société ».
De son côté la fédération des métiers de l’éducation UNSA Education rappelle que son point de vue n’a pas changé depuis le communiqué qu’elle publiait le 25 Juillet 2011, qui condamnait déjà « la volonté de censurer les ouvrages qui ne seraient pas conformes à certaines interprétations et rappelle avec fermeté que, loin des régimes totalitaires et de leurs manuels officiels, la liberté éditoriale et pédagogique qui s’exerce dans le respect des programmes ministériels ne saurait être remise en cause. »
L’UNSA demande aujourd’hui au ministre de l’Éducation nationale « d’intervenir officiellement et fermement pour que soient respectés les principes de liberté éditoriale et pédagogique qui s’exercent dans le cadre des programmes ministériels ».
De son coté, HES (Homosexualité et Socialisme) rit jaune et se demande si « Pour l’UMP, le soleil tourne autour de la terre » … L’association reste affligée par « cette tentative d’intrusion de la majorité politique du Parlement, portant scrupuleusement la parole d’un lobby catholique, dans les programmes scolaires de nos enfants » et attend « la mise au point on ne peut plus claire qui s’impose de la part du gouvernement de la République ».
Enfin, l’association MAG (jeunes Gais, lesbiennes, bi et trans) estime que les « théories (du genre) permettent aux jeunes d’accepter la différence et la diversité des orientations sexuelles et d’identité de genre, désamorçant de ce fait l’homophobie. Grace à ces théories les jeunes sont de plus en plus encouragés à ne pas avoir peur de poser des questions et à éviter le suicide, qui touche encore 13 fois plus les jeunes homosexuels que les jeunes hétérosexuels. »
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