La discipline partisane est généralement de mise dans les formations politiques de droite et pourtant GayLib, le mouvement LGBT associé à l’UMP, a publiquement fait le constat du blocage actuel de la majorité parlementaire concernant les revendications égalitaires.
UNE MAJORITE PARLEMENTAIRE… SANS MAJORITE PROGRESSISTE
Ainsi, c’est au sein même du siège de l’UMP que GayLib organisait la semaine dernière une réunion publique entre ses militants et les dirigeants du parti présidentiel, Xavier Bertrand en tête accompagné de Christian Estrosi, ministre de l’Industrie et maire de Nice, Sébastien Huyghe, député du Nord, après un passage éclair de Nathalie Kosciusko-Morizet.
Revenant sur les quelques avancées au crédit du parti présidentiel -fiscalité du Pacs, lutte contre l’Homophobie, situation des trans’ etc- Emmanuel Blanc, le président de GayLib, comme des militants gays de l’UMP ont interpellé Xavier Bertrand sur les promesses électorales non tenues.
Parmi ces promesses de campagne volatilisées, le contrat d’union civil, le statut du tiers-parent ou le sujet des pensions de réversions. A la décharge de la majorité parlementaire, le contrat d’union civil n’a jamais trouvé d’autres défenseurs que GayLib, les associations LGBT ne voulant pas d’un statut particulier et discriminant et revendiquant la pleine ouverture du mariage civil. Toutefois, gageons qu’il n’y aurait pas eu de majorité au Parlement pour l’adoption d’un tel projet alors que politiquement l’adoption de cette réforme aurait permis que ce thème, justement, ne soit plus clivant. Exemple encore, le sort réservé à l’avant projet de loi sur le statut du beau parent qui aurait reconnu les familles homoparentales et conféré des droits nouveaux au parent social. Après une fronde de parlementaires conservateurs, le projet a été enterré avec la création d’une mission parlementaire de circonstance, fossoyeuse de toute reconnaissance des familles homoparentales. Ne restait plus que la revendication des pensions de réversions au bénéfice des partenaires pacsés survivants. Sur ce point, et malgré les demandes de la Halde comme du Médiateur de la République, c’est le « NON » qui prime, sous prétextes de disette budgétaire et l’argument plus surprenant que les pensions de réversions touchent au sujet du mariage, argument qui illustre alors la légitimité des aspirations égalitaires.
Aussi, Xavier Bertrand a-t-il fait le constat de l’absence de majorité progressiste dans ses rangs et il a seulement annoncé qu’il chargeait une députée européenne de lui rendre un rapport à la rentrée tout en reconnaissant que le calendrier politique, avec maintenant à moyenne échéance les futures présidentielles n’appelait pas à ce que le Parlement soit saisi de tels sujets sociétaux. Il est allé jusqu’à faire le constat en début de réunion sur l’incapacité pour l’UMP de sanctionner Christian Vanneste, député du Nord, après ses derniers propos outranciers (article).
GAYLIB SANS DRAPEAU UMP
GayLib n’a fait que le constat de ce désamour grandissant entre ses militants et les dirigeants du parti de la rue de la Boétie et ne voulant plus jouer les gays de service après avoir été de bons soldats roses du sarkozysme entendent mettre l’UMP devant le décalage croissant entre modernisme revendiqué, volonté réformatrice affichée, et réalité politique et sociétale. Ainsi, Emmanuel Blanc a-t-il repris les exemples récents d’ouverture du mariage civil en Islande, au Portugal, en Argentine, comme d’un projet en Albanie, pour souligner le fait que la France se retrouve désormais à la traîne sur ces sujets.
Aussi, il a annoncé que GayLib sera présent à la Marche des Fiertés mais qu’il n’arborait pas le logo de l’UMP. Symbolique, cette censure visuelle vise également à replacer GayLib davantage dans le champ associatif et revendicatif là où certains lui reprochait de jouer au faire-valoir du parti présidentiel sur les sujets LGBT. Cela devrait également permettre à GayLib de lui donner un argument face aux activistes qui devraient, sans doute, une nouvelle fois tenter de bloquer l’avancée de son char.
LES REVENDICATIONS LGBT, SUJET CLIVANT POUR LES PROCHAINES PRESIDENTIELLES
Au moins, si la messe est dite concernant les revendications LGBT, ces sujets se retrouveront, et tout le monde en convient, parmi ceux abordés lors des prochaines échéances électorales. Là où l’UMP avait des propositions se voulant égalitaristes en 2007, l’absence de concrétisation à opposer au programme commun de la gauche favorable à l’ouverture du mariage civil aux couples homosexuels, au droit à l’adoption et aux pensions de réversions fera que ces thèmes seront largement clivants.
Ainsi, suite aux européennes et régionales avec le constat que l’UMP n’avait pas réussi à draguer les voix vertes, le parti présidentiel semble faire le constat qu’il ne réussira pas mieux à draguer les voix roses et assume le fait de revenir aux fondamentaux conservateurs.
La Marche nationale des Fiertés le samedi 26 juin prochain à Paris a pour thème «Violences, discriminations, ASSEZ ! Liberté et Egalité, partout et toujours».
Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans’
Violences, discriminations, ASSEZ ! Liberté et Egalité, partout et toujours
Samedi 26 juin 2008 de Montaparnasse (14h) à Bastille
Départ : Montparnasse
Boulevard de Montparnasse, Port Royal, boulevard St-Michel, boulevard St-Germain, pont de Sully, boulevard Henri IV
Arrivée : Place de la Bastille
