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Shazz – Beautiful

Cela commence comme dans un souffle intense, chaud, une tiède brise d’été, caressante et sensuelle. « Joy », la joie en français. C’est bien l’ouverture du nouvel album de Shazz. La voix du complice de plus de 15 ans d’amitié, celle d’Alex C, frère de spiritualité de Shazz, se pose avec toujours la même émotion sur un lit de nappes, de cordes, et d’accords imaginés sous l’arc du jazz. Ceci est bien la fondation idéale pour entamer la visite dans le nouvel album de Shazz. Celui dont il rêvait depuis si longtemps, celui qui porte à croire qu’en tout chemin, il y a finalement une destination bien logique.

Atterrissage réussi sur la contrée amoureuse d’une pop ultra sensible. Shazz compose des chansons et il en est fier. Habités d’une force nouvelle, l’artiste et le producteur sont enfin rassemblés dans ce disque qui est presque comme le premier pour Shazz. Le rythme et le son, cela donne une idée des terrains particulièrement travaillés et réfléchis de cette nouvelle aventure créative pour celui qui fut dans le domaine des musiques électroniques un défricheur et un éclaireur. Lui, Shazz a toujours été le versant mélodique et légèrement mélancolique de ces musiques que l’on assimilait trop exclusivement à la fête, au lâcher prise animal, à l’invention hypnotique et robotique à l’infini. « This Rhythm Sound » résume donc bien le propos de Shazz avec l’envie de toujours charpenter sa musique dans les contraintes de la spontanéité pop.

Des voix donc aussi s’imposaient pour porter le sens et les sens de l’inspiration de Shazz. Deborah Parker est la voix que Shazz cherchait depuis toujours. Une voix typique de standards qu’il va confronter aux délices frissonnants de la soul et du R’n’B. Deborah Parker, chanteuse blanche chante avec l’âme d’une force noire. C’est l’amour sorcier entre Shazz et le jazz. Cela n’empêche pourtant pas les idylles plus légères avec un disco blanc né à la frontière des années 80. Nancy Danino (voix en résidence principale chez Snooze et Dominique Dalcan) peut faire des merveilles. « I dont know what to do » est un titre qui a toute la chic attitude pour faire briller la piste toujours symbolique de ‘Top of the pops’. Et puis Shazz le sait bien. Il ne faut jamais renier d’où l’on vient. « So into you » rend à sa façon un hommage subtil au tandem Moroder/Summer qui faisait de la danse une extase permanente. Le chant des possibles s’accentue avec le très anglais « My Heart » qui s’offre une identité plus singulière en imaginant ces couplets en français et ainsi constater le chemin parcouru par Shazz.

Bienvenu donc à cet artiste décomplexé qui ose être lui-même et tente l’impensable lorsqu’on a grandit avec des machines. La preuve s’il en est avec le brûlant « On and on » pure vibration acoustique de la nouvelle gamme de Shazz. Tout cela s’explique peut-être aussi par le fait que Shazz s’est vu offrir sa première guitare récemment ou bien que pour la première fois un batteur, Pierre-Alain Dahan, musicien sur le mythique « Melody Nelson » et co-fondateur du groupe Voyage est de la partie. Le soul system est ainsi en place avec des chansons comme « My only love » « In your eyes » ou le bouleversant « Cold » emmené par la voix native de Laura Mayne-Kerbrat.Toutes ces chansons forment un album qui rend amoureux parce qu’il ne parle que d’amour.

La rencontre, le 7ème ciel, les orages, la sérénité de celui qui sait cultiver son jardin amoureux. « Beautiful », nous y revoilà. C’est le titre d’une chanson et du tout nouvel album de Shazz. Le plus important de sa carrière parce que la somme exacte de tous les disques précédents : « Beautiful » comme l’envie aussi de calmer les fracas du monde. Shazz cherche toujours dans son travail d’artiste le sens de l’élévation. C’est avec ce sentiment qu’il pense déjà au saut de l’ange qu’il devra faire pour donner un peu plus de lui grâce à la scène. C’est elle qui va concrétiser cet échange attendu depuis longtemps entre le public et Shazz toujours partagé entre l’ombre et la lumière. Cette fois il semble avoir choisi le chemin qui mène le plus vite à la lumière. Shazz se dévoile mais ferme encore les yeux. Il sait désormais pourquoi il fait de la musique : pour qu’on l’aime et c’est à ce prix qu’il offre à ceux qui savent écouter sa musique l’état second, précieux, et toujours mystérieux de la mélancolie.




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