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Un blogueur algérien défend le mariage homo, au risque de sa vie. Nous devons l’aider

Anouar Rahmani, un blogueur de 22 ans, est le premier militant algérien à avoir publiquement appelé à la reconnaissance juridique du mariage entre personnes du même sexe en Algérie. Il est aujourd’hui la cible de menaces de mort et fait l’objet d’une enquête pour blasphème. Un cas qui n’est pas sans rappeler le blogueur Raïf Badawi, toujours emprisonné en Arabie saoudite.

Alors que l’inquiétude demeure vive pour Raïf Badawi, blogueur emprisonné et sous la menace constante d’une flagellation en Arabie saoudite, pour avoir réclamé plus de liberté dans le royaume wahhabite, l’un de ses confrères, dans un autre pays du monde arabe aux lois autrement plus « civiles », mais où l’intolérance, même ne venant pas de l’État, ne semble pas moins violente, a lui aussi un sort inquiétant.

Anouar Rahmani, âgé de 22 ans, étudiant au Centre universitaire de Tipaza à Cherchell, sur la côte ouest de l’Algérie, est l’auteur d’un blog intitulé Journal d’un Algérien hors du commun. Hors du commun, il l’est surement un peu trop, au goût de certains de ses condisciples et, plus encore, des dignitaires religieux de sa ville et d’ailleurs.

Front line defenders, organisation de défense des droits de l’homme basée à Dublin (Irlande), appelle depuis le 2 juin ses sympathisants à travers le monde à intervenir auprès des autorités algériennes en faveur du jeune homme, désormais la cible de menaces de mort.

« C’est dans la nature d’un être humain d’être différent »

Pourquoi ?

Sur son Journal d’un Algérien hors du commun, Anouar Rahmani a deux maîtres-mots : la liberté et la tolérance.

Comme Raïf Badawi en Arabie saoudite, il demande dans la société algérienne plus de liberté d’expression, une plus grande liberté de conscience et, de manière générale, un meilleur respect des droits fondamentaux.

Mais Anouar Rahmani mène aussi un combat personnel, ô combien controversé dans une Algérie où l’homosexualité est toujours considérée comme un délit, puisqu’il défend les droits des personnes LGBT. Il est à ce titre le premier Algérien à avoir réclamé le mariage pour tous.

Dans une interview à l’émission L’Atelier des Médias sur Radio France Internationale (RFI), le 4 mars 2015, Anouar Rahmani explique qu’il souhaite voir les Algériens étendre le champ de leurs discussions sur la citoyenneté, au-delà des pures questions de vie quotidienne. Sa défense des personnes LGBT a pour but de les faire accepter de la population dans la citoyenneté « comme elles sont et comme elles pourraient être. »

Une campagne de haine dans les médias algériens

Selon l’organisation, pendant tout le mois de mai, Anouar Rahmani a vu se déchaîner contre lui tant l’université qu’il fréquente que les médias nationaux en Algérie. Le 20 mai, sur les pages des réseaux sociaux du Centre universitaire de Tipaza, il a vu apparaître de premières menaces de mort contre lui, bientôt suivies par des articles publiés dans des quotidiens d’audience nationale, parmi lesquels le journal « Alchourouk ».

Les accusations dont il a été la cible dans cet article dénoncent une dénaturation du Coran, l’accusent de blasphème et, tout comme la justice saoudienne à l’encontre de Raïf Badawi, d’apostasie (reniement de la foi islamique).

Les jours suivants, Anouar Rahmani a vu déferler sur lui, tantôt des étudiants de son université, tantôt de dirigeants religieux cherchellois. Il a été la cible de menaces de mort, d’enlèvement et d’expulsion du Centre universitaire de Tipaza, ainsi que d’injures verbales et de harcèlement.

S’il porte plainte, il y laissera la vie

Le 27 mai, il découvrait sur les réseaux sociaux un article de journal affirmant que les pouvoirs publics avaient ouvert une enquête sur son cas et se penchaient sur les menaces de mort et les accusations de blasphème à son encontre. Vrai ou faux ? En tout cas, il a déclaré à ce moment-là n’avoir reçu aucune communication des autorités en ce sens.

Le 1er juin, ce sont cette fois des messages anonymes beaucoup plus précis qui parvenaient à Anouar Rahmani : si jamais il portait plainte contre « Alchourouk », il y laisserait sa vie.

Pour le blogueur, l’agresseur ne serait autre qu’un journaliste d' »Alchourouk ». Qui que ce soit, le message est clair : à moins d’une intervention rapide du Gouvernement algérien en sa faveur, ceux à qui déplaît sa parole en auront bientôt fini de la tolérer.

Source : Nouvel Obs




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