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Marche des Fiertés 2011 : le coq décapité

Hier soir, lors de la réunion de la commission politique de l’Inter-LGBT, organisatrice de la Marche nationale des Fiertés, le coq est passé à la casserole mais la déglutition a été pénible pour les convives. C’est donc sans joie et pour clore une polémique qu’il a été décidé de retirer le visuel choisi pour la marche 2011 et qui agitait la basse-cour LGBT.

LES PERSONNES HOMOSEXUELLES, «STIGMATISEES ET REDUITES A DES VOLATILES AFFUBLES DE BOAS»

Cette année, avec pour mot d’ordre «Pour l’Egalité : en 2011 je marche, en 2012 je vote», l’Inter-LGBT souhaitait s’adresser au grand public et interpeller les politiques pour que les revendications associatives soient pleinement portées lors des prochaines élections présidentielles et législatives.

Aussi, l’affiche communiquée et qui a fait tant polémique représentait un coq, l’un des symboles républicain, affublé d’un boa, reprenant le caractère festif de l’évènement. Ce visuel a suscité une vive polémique, relayée sur les réseaux sociaux et par des associations ou militants pour qui ce visuel renvoyait à des clichés sur l’homosexualité, voire utilisait un symbole «pétainiste», «nationaliste», «machiste» etc

L’Association Nationale Le Refuge notamment partageait le mot d’ordre et soutient les actions de l’Inter-LGBT mais a déploré «le fait que les personnes homosexuel(le)s soient stigmatisées et réduites à des volatiles affublés de boas». Elle a dénoncé ainsi «un grand pas en arrière dans la lutte contre l’homophobie» et demandait le retrait de l’affiche. Elle a été entendue non pas tant sur le fond que sur le choix de l’Inter-LGBT de clore une polémique contreproductive au regard des enjeux militants.

FIER(E) D’ÊTRE  »FOLLE » ET DE NOS  »FOLLES » ?!?

Dans son communiqué, Le Refuge soulignait qu’«En 1978 sortait le film « La cage aux folles », 33 ans après les clichés sont toujours véhiculés et atteignent leur paroxysme cette année». Elle indiquait que ses «psychologues passent un temps infini à déconstruire ces clichés intériorisés par les jeunes qui refusent leur homosexualité et sont dans un déni d’eux-mêmes, source de profond mal-être».

Pour autant le mal être ne réside-t-il pas finalement dans une volonté de normalisation, banalisation hétéronormée et d’un rejet latent et croissant, au sein même de la communauté LGBT, de toutes formes de marginalités, singularités et particularités ? Les homosexualités doivent être lisses, présentables.

C’est l’analyse d’une autre association d’aide aux jeunes LGBT, l’association lyonnaise Rimbaud. «Les propos stigmatisant constamment une partie des homosexuels pour en faire entrer une autre dans la normalité « hétéronormée » va à contretemps de tous les combats pour l’égalité» estime l’association pour qui «Le vrai combat de déconstruction des préjugés ne se fait pas sur l’acceptabilité d’une homosexualité en opposition à une autre, plus efféminée, qui aurait donc qu’à être moins « provocatrice » pour vivre dans le respect» mais «Le combat au quotidien se fait dans l’illustration et la défense des multiples façons de vivre et de concevoir son propre rapport au corps, à sa sexualité, à son identité de genre et à son mode de vie». «C’est cette diversité qui déconstruit les préjugés, ce n’est pas la stigmatisation de ceux qui ne se retrouvent pas dans les représentations genrées d’une culture hétéro-sexiste dominante» conclut l’association Rimbaud.

Les Gay Pride et autres Marches des Fiertés sont les descendantes (amnésiques ?) des émeutes du Stonewall in’, ce bar new-yorkais où les clients LGBT se sont révoltés et défendus contre la police qui les harcelait. Ces clients étaient pour la plupart considérés comme des marginaux, étaient des prostitués, de jeunes sans-abris mis à la porte de chez eux, des trav’, des folles, des gays issus des minorités marginalisées etc Ils n’ont pas eu honte d’être des coqs affublés de boas, ils en étaient Fier(e)s !

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