Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue a dans un avis publié au Journal officiel dressé la situation des personnes trans’ incarcérées en France.
TROIS POINTS CLES PROBLEMATIQUES
Cet avis provient de très nombreux témoignages recueillis auprès de détenus transsexuels condamnés à de longues peines au cours des visites d’établissement ou dans les correspondances et a fait l’objet d’une enquête.
«Trop souvent ils n’ont bénéficié d’aucune information précise sur les modalités de cette prise en charge et n’ont nullement accès à l’offre de soins existant hors de la prison» précise le contrôleur. Clairement, pour Jean-Marie Delarue, se pose le problème également de la gestion de la détention de ces personnes transsexuelles, transsexualisme et transidentité réclamant des mesures particulières: possibilités offertes de porter ou non des vêtements féminins, de cantiner ou non des produits de beauté, d’être placé ou non en détention normale pour ne citer que quelques exemples. «Aucun principe directeur n’existant en la matière, chaque chef d’établissement pénitentiaire apprécie aujourd’hui, au cas par cas, les mesures à mettre en oeuvre» relève-t-il.
RECOMMANDATIONS ET APPEL DE GAYLIB
L’avis du 30 juin expose des principes afin d’améliorer la prise en charge des personnes transsexuelles durant le temps de la détention, comme par exemple :
– faire bénéficier les personnes transsexuelles, tout au long du parcours de soins, d’un accompagnement par une équipe médicale de référence clairement identifiée ;
– faire en sorte que ces personnes bénéficient d’une information satisfaisante et d’un accompagnement suffisant ;
– veiller à ce que leur intégrité physique soit protégée sans que cela conduise nécessairement au placement à l’isolement ;
– faire respecter le droit à l’intimité et à la vie privée.
Toutefois, on voit que l’application de ces recommandations dépendra largement du bon vouloir de l’administration pénitentiaire, de la volonté des directeurs d’établissement et de la formation des personnels. A l’étranger, des centres ont été dédiés aux personnes trans’, tant pour des raisons de sécurité que pour les particularismes de leur identité.
Pour GayLib, cet avis va dans le bon sens. Le mouvement LGBT associé à l’UMP se déclare dans un communiqué «heureux de constater que dans ce dossier ouvert par Roselyne Bachelot, Ministre de la santé et des sports avec la dépsychiatrisation de la transsexualité en 2009 et la création prochaine d’un centre de référence, Michèle Alliot-Marie, Garde des Sceaux a pris la mesure des implications nécessaires et poursuit le travail commencé avec la circulaire relative au changement d’identité de Mai 2010».
Mais sur ces sujets ce sont davantage les actions que les déclarations qui permettront de juger de la qualité des engagements. Indépendamment des personnes trans’, la situation française reste régulièrement pointée du doigt, notre pays comptant parmi les pires pays européens dans son traitement des personnes incarcérées.
VIEDO PLUS
Un entretien de Jean-Marie Delarue sur France 24 sur la situation des prisons françaises



