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Un rapport sexuel à risque ? Quatre réflexes pour agir

L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) a lancé à la fin du mois de juin la première grande campagne nationale de sensibilisation des homosexuels concernant les primo-infections par le VIH et les réflexes à avoir en cas de rapports à risque. S’adressant aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH), la campagne vise à les informer sur la primo-infection par le VIH et sur la conduite à tenir en cas de prise de risque sexuel (rupture de préservatif, rapport non protégé, éjaculation dans la bouche…). Quatre réflexes doivent être mis en oeuvre rapidement : TPE, protection, dialogue, et test.

LA PRIMO INFECTION, UNE PERIODE A HAUT RISQUE

Les rapports sexuels non protégés ayant lieu pendant la période de la primo-infection contribuent de manière importante à l’épidémie d’infection par le VIH chez les gays rappelle l’Inpes expliquant que la primo-infection désigne la période qui suit la contamination d’une personne par le virus du sida (VIH).

«Pendant deux à six semaines le VIH se multiplie en abondance et se propage dans tout l’organisme, alors que le système immunitaire est momentanément affaibli. La quantité de virus – la charge virale – est alors très élevée et le risque de transmission du VIH est accru» explique l’institut.

Si dans 50 à 80 % des cas environ, la primo-infection se manifeste par des symptômes de type grippaux notamment, dans la plupart des cas, les symptômes disparaissent spontanément et la phase de primo-infection passe inaperçue.

Aussi, la campagne vise à apporter un bénéfice individuel aux homosexuels ayant eu une exposition éventuelle au Vih lors d’un rapport à risque en préconisant le recours au Traitement Post-Exposition (TPE), à se protéger suite au rapport risqué, à dialoguer avec ses partenaires comme à avoir recours au dépistage. Mais sur le plan collectif cette fois, cette campagne vise à inciter des personnes exposées et contaminées qui seraient en période de primo-infection à ne pas exposer d’autres personnes alors que leur charge virale très élevée augmente considérablement le risque d’une transmission.

Pour l’Inpes, il faut avoir quatre «réflexes» en tête : TPE, protection, dialogue, test. Ce qui signifie :
– Se rendre le plus vite possible aux urgences : au mieux dans les 4 heures, avec votre partenaire et au plus tard dans les 48 heures. Le médecin évaluera le risque pris et l’intérêt de prescrire un traitement post-exposition TPE. Ce traitement réduit le risque de contamination par le VIH mais ne l’élimine pas complètement.
– Se protéger : il est important d’utiliser systématiquement le préservatif avec tous les partenaires jusqu’aux prochains résultats des tests de dépistage.
– Dialoguer avec le partenaire régulier : si le préservatif n’est plus utilisé, il est important de discuter de la prise de risque et de la nécessité de se protéger.
– Se faire dépister : l’infection peut être détectée dès le 15ième jour après la prise de risque. Si le résultat du test est négatif, ce n’est que 6 semaines après la situation à risque qu’un autre test permettra de savoir avec certitude que l’on n’est pas atteint par le VIH.

Le dispositif de communication est composé notamment d’annonces presse, d’affichage dans les établissements gays, une distribution de brochures a déjà eu lieu lors de la Marche des Fiertés, et d’un dispositif web. CitéGAY est notamment l’un des médias diffuseurs de cette campagne.

LES PRIMO-INFECTIONS, «UN MOTEUR DE L’EPIDEMIE ET CONTRIBUENT A SA DYNAMIQUE CHEZ LES HOMMES GAYS»

Thanh Le-Luong, la Directrice générale de l’Inpes, a accepté de répondre à nos questions.

CitéGAY. C’est la première fois qu’une campagne de prévention du VIH est menée sensibilisant sur la période particulière de la primo-infection. Pouvez-vous nous expliquer l’importance de cette sensibilisation ?


Thanh Le-Luong. Comparés à d’autres populations, les hommes homosexuels sont plus souvent dépistés au stade précoce de l’infection par le VIH *. Pour autant, dans l’enquête prévagay **, parmi les hommes qui méconnaissaient leur statut sérologique positif, 61 % avaient réalisé un test de dépistage dans les derniers 12 mois. Les rapports sexuels non protégés et l’ignorance de son statut sérologique pendant les premières semaines de l’infection sont un moteur de l’épidémie et contribuent à sa dynamique chez les hommes gays. En effet, les contaminations par relations homosexuelles arrivent pour beaucoup à ce moment, appelé primo-infection : la personne a alors une charge virale très élevée, ignore encore sa contamination et peut transmettre le VIH à son partenaire sans le savoir. Cela favorise aussi la transmission au sein des couples d’hommes ayant abandonné le préservatif quand l’un des deux partenaires a pris un risque à l’extérieur du couple.

L’objectif de cette campagne est d’informer les HSH sur la phase de primo-infection et les réflexes à adopter en cas de prise de risques (rapport non protégé, rupture du préservatif, éjaculation dans la bouche). Améliorer les connaissances sur le rôle que joue cette période dans la propagation du VIH doit ainsi permettre à la fois d’inciter à se protéger, à renégocier immédiatement le préservatif dans le couple en cas de prise de risque et à se faire dépister plus systématiquement après une prise de risque.

Avec cette campagne et l’une précédente sur la transmission sexuelle de l’hépatite C, on constate un retour de l’INPES dans les actions à destination des Gays. Quels seront les prochains sujets que vous allez aborder ?

A l’automne, une grande campagne sur le dépistage des IST et du VIH sera menée auprès de tous les publics, dont les gays. Son objectif sera d’inciter les gens à faire les tests de dépistage pour les IST et le VIH. Pour les gays qui ont plus d’un partenaire dans l’année, il est important de faire un check up IST et VIH au moins une fois par an. De plus nous préparons actuellement le numéro 5 du magazine de prévention « Prends-moi », qui sortira en octobre, dont le sujet sera la drague sur Internet.

Par ailleurs, nous prévoyons également de refondre le site de « Prends-moi » pour le 1er décembre 2010. Il s’agit de créer un site de prévention pour les HSH qui soit un lieu ressource en matière d’informations générales sur la sexualité et de conseils de prévention. Il mêlera des contenus informatifs et ludiques et permettra à chacun de trouver des informations adaptées à sa situation, ses questionnements et de s’investir dans la rédaction du magazine de prévention Prends-moi.

Vous travaillez en ce moment avec les associations à l’élaboration d’actions web au bénéfice des homosexuels. Pouvez-vous expliquer votre démarche sur le sujet de la Prévention et Internet ?

Internet est actuellement un média incontournable et nous l’utilisons dans nos campagnes de prévention depuis plusieurs années, particulièrement en direction des gays (par exemple, la campagne « sexe, prévention et vidéos » menée avec le site Yagg.com).

Dans l’optique de proposer des actions novatrices, adaptées aux spécificités du média Internet et qui permettent de mobiliser les internautes autour des questions de prévention, il est indispensable de se rapprocher des acteurs du web LGBT et de travailler avec les sites de rencontres ou d’informations LGBT. C’est pourquoi nous menons actuellement une réflexion sur ce qu’est la prévention du VIH et des IST à l’intention des gays sur Internet : où sont les informations, quelles sont les actions des associations ? Et quelles seraient les meilleures manières de la renforcer et de la soutenir. Ce travail, mené en lien avec les associations de prévention qui agissent sur Internet, va prochainement nous conduire à inviter les éditeurs de sites LGBT à échanger et réfléchir avec nous sur la façon de les impliquer dans nos projets.

Pour en savoir plus, consultez les sites www.inpes.sante.fr, www.sida-infoservice.org ou appelez sida-info-service au 0 800 840 800 (appel confidentiel, anonyme et gratuit depuis un poste fixe).

* Plus de la moitié des répondants des enquêtes Presse Gay 2004, Baromètre Gay 2005 et NGB 2006 déclaraient avoir réalisé leur dernier test de dépistage dans les 12 derniers mois (respectivement 56%, 55% et 57% versus de 7% (KABP 2004) à 12% (BS 2005) des hommes en population générale)
** L’étude PREVAGAY, mise en place par l’Institut de veille sanitaire (InVS), avait pour objectif principal d’estimer la prévalence biologique de l’infection à VIH et son incidence chez des HSH qui fréquentent les lieux de convivialité gay parisiens, ainsi que de décrire les comportements sexuels à risque associés aux statuts sérologiques VIH. Son objectif secondaire était d’estimer la prévalence de l’infection par le VHC et celle de l’infection chronique par le VHB.





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