Sida : Nicolas Sarkozy doit tenir ses promesses

Paris – Les associations luttant pour l’accs la sant dans
les pays du sud appellent aujourd’hui une semaine mondiale d’actions du 2 au 8
novembre 2009, pour exiger des pays les plus riches, dont la France, qu’ils
tiennent leurs engagements pour l’accs universel aux traitements d’ici 2010 ;
ils doivent notamment augmenter d’urgence leur contribution au Fonds Mondial de
lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ces associations runies
autour de la campagne Remind de gap rencontreront Nicolas Sarkozy et Carla Bruni
Sarkozy l’Elyse mercredi prochain le 16 septembre pour aborder la question du
financement de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme –
cr en 2001 pour permettre un accs aux traitements, la prvention et aux
diagnostics au pays en dveloppement et aujourd’hui premier mcanisme
multilatral de financement de la sant dans les pays les plus pauvres, fait
aujourd’hui face une crise financire sans prcdent. Ds janvier dernier, le
prsident du Fonds Mondial, M. Rajat Gupta annonait que le Fonds aurait besoin
de 5 milliards de dollars pour terminer l’exercice financier en cours et
financer de nouveaux projets en 2009. Malgr les nombreux appels des acteurs de
la lutte contre ces malladies travers le monde, les pays riches sont rests de
marbre – la France arguant du fait que les caisses de l’Etat sont vides ; cela
ne l’a pourtant pas empch de renflouer les banques et de donner des milliards
au FMI (Fonds Montaire international) [1].

Les 7, 8, 9 novembre prochains, l’occasion de la runion de son conseil
d’administration en Ethiopie, le Fonds Mondial annoncera de nouvelles coupes
budgtaires sur l’ensemble des projets des pays pauvres soumis pour financement
cette anne[2]. Certaines informations convergent mme vers une suppression pure
et simple du tour d’appel projet prvu en 2010 (le round10 serait report
en 2011), ce qui quivaudrait une anne blanche pour le financement de la
lutte contre les trois grandes pandmies au Sud. Concrtement, ces coupes
signifieront un ralentissement des mises sous traitements, alors que les
ressources sont dj insuffisantes dans les pays concerns. Par exemple, au sein
d’une mme famille, tout le monde ne pourra plus tre mis sous traitement. Sur
le terrain, cette pnurie des financements se fait de plus en plus durement
ressentir : personnel soignant non pay pendant des mois, ruptures rgulires de
ractifs pour faire fonctionner les laboratoires, l’augmentation inquitante des
ruptures de mdicaments, et l’impossibilit de faire basculer les malades en
chappement thrapeutique vers des mdicaments plus rcents[3].

Plus d’une centaine d’associations luttant pour l’accs la sant
travers le monde et prs de quatre cent scientifiques dont le Prix Nobel de
mdecine le Pr. Franoise Barr Sinoussi, se sont rallis la campagne mondiale
re-mind the gap (cf. liste des associations ci-dessous) [4]. Cette campagne,
lance en avril dernier, a pour but d’appeler les pays les plus riches
augmenter d’urgence leur contribution au Fonds.

[1] Cf. communiqu de presse sign par de nombreuses associations travers
le monde : Le FMI doit donner au moins 5 milliards de dollars la lutte contre
le sida http://www.actupparis.org/spip.php?article3689
et le communiqu : Avec 1% du plan de sauvetage bancaire, Sarkozy peut
contribuer sauver 3 millions de malades http://www.actupparis.org/spip.php?article3633

[2] Cf. communiqu de presse : Kouchner laisse l’Etat couper les
traitements promis l’Afrique http://www.coalitionplus.org/cp12112008

[3] Les mdicaments dits de « seconde ligne » sont des mdicaments moins
toxiques, brevets aprs 1996 ; ils sont donc en moyenne 9 fois plus chers que
les ARV dits de « premire ligne ». Par comparaison, en France, 80% des
sropositifs qui sont sous ARV ont accs un traitement de « seconde ligne »,
contre 2% au Cameroun, par exemple.