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Red Carpet Massacre, Duran Duran

Mettons tout de suite les choses au point : Duran Duran n’est pas plus un groupe des années 80 que Dépêche Mode ou U2. En 2008, le groupe fêtera ses 30 ans d’existence, et il s’agit bien de 30 années bien remplies, sans jamais discontinuer, jalonnées d’albums diversifiés, pas toujours reconnus à leur juste valeur (allant du rock, au funk, en passant par la house ou le disco), de collaborations, de projets parallèles, et de tournées dans les stades à travers le monde. Que ça plaise ou non le groupe n’a jamais cessé de se réinventer, avant même que Madonna ne s’approprie le terme.

Cette fois, Nick Rhodes (claviériste), Roger Taylor (batteur), John Taylor (bassiste), et bien sûr Simon Lebon (chanteur) reviennent avec du lourd, du très lourd, dont le nom RED CARPET MASSACRE, est déjà tout un programme ! Le quatuor, récemment orphelin de son guitariste original Andy Taylor, officiellement parti en raison de divergences artistiques insurmontables, s’approprie les sonorités de la musique urbaine, fort d’une collaboration providentielle et hautement fructueuse, avec la crème des producteurs actuels, j’ai nommé deux fans qui traînaient par là : Timbaland et Justin Timberlake (pour quatre titres), qu’on ne présente plus. Une dream team qui fait déjà rêver, à laquelle vient s’ajouter Jimmy Douglas (Bjork, Justin Timberlake, Missy Ellioth), et Nate « Danja » (prononcer « danger ») Hills (Nelly Furtado, Britney Spears, Mariah Carey, Madonna)

Red Carpet Massacre, nommé ainsi en clin d’oeil ironique aux excès de et pour la célébrité, marque indubitablement retour du grand Duran Duran. En effet avec le recul Astronaut, qui marquait en 2004 la reformation à cinq, était déjà très bon, mais ne faisait sommes toutes que reprendre les bonnes vieilles recettes qui avaient déjà fait leurs preuves, sans apporter toutefois de réelle innovation musicale.

Ici on est en présence d’un album qui réinvente un nouvel univers, une nouvelle ambiance, inédite aussi bien dans l’histoire de Duran Duran que dans celle de la musique. Red Carpet Massacre reprend de façon subtile les éléments électro et froids de la fin des années 80 (directement inspirée des toutes premières influences duraniennes, comprendre Kraftwerk, The Normal, Psychedelic Furs, Human League), y incorpore du rock ( les titres Red Carpet Massacre, Tricked Out, ou Zoom In, sont de grands moments de Punk-Rock-Electro, et on n’a jamais entendu Simon Le bon répéter autant de fois Yeah ! sur un disque), de la dance (Tempted, Nite Runner, Skin Divers et The Valley sont qualibrés pour les dancefloors, de la soul (tendance Joe Cocker, sur Dirty Great Monster), et des sonorités hype et urbaines d’aujourd’hui, si bien qu’un titre comme Zoom In peut sonner à la fois rock, new-wave et urbain, suivant le public qui l’écoute. Le résultat est un son inédit, parfois lourd, parfois léger, parfois chaud, parfois froid, parfois baroque et gothique. L’alliance d’un son baroque et racé, aux sphères des sonorités urbaines, pour un résultat Haute Modernité.

Côté textes, Red Carpet Massacre semble raconter une histoire à laquelle il est facile de s’identifier, suivant une progression chronologique. On assiste à la naissance d’un homme et à son éveil (The Valley), à son souci de trouver sa place (Red Carpet massacre), à ses faiblesses lorsqu’il tombe dans certains excès (Falling Down, Nite Runner, Skin Divers). On le voit se réfugier dans le virtuel (Zoom In parle de Second Life), puis s’assagir en devenant père (She’s Too Much). A la fin il reste fort et imperturbable, enrichi des découvertes qu’il a faites durant son parcours (Last man Standing)
Pour ne rien gâcher l’album est bourré de slogans, et de gimmicks percutants : Love Is Haunting, She wanted to go, that’s what she told me, I Cannot Cannot, ou encore Apply Your Lipstick to Die In Public sont désormais autant cultes que le fameux . Easy as a nuclear Bomb, la phrase abstraite qui avait tant fait couler d’encre au moment du single Is There Something I Should Know, au début de la carrière du groupe.


Voici donc le track-listing de l’album, commenté par certains des membres du groupe, et quelquefois par ton serviteur :

The Valley : Un titre d’une puissance incroyable, à la fois taillé pour les clubs, avec son rythme « boum boum », mais aussi très rock à cause de l’intonation particulièrement énergique de la voix de Simon Lebon, au mieux de sa forme. En écoutant ce morceau on est d’entrée agréablement interloqué : « Duran Duran nous auraient-ils concocté leurs Confessions on a Dancefloor ? ». Le halètement (comme à l’époque d’Hungry Like The Wolf ) qui coïncide avec la montée en puissance de la batterie, contribue encore à faire monter l’adrénaline chez l’auditeur, tandis que les solos de basse, inattendus sont du plus bel effet.
Pour John Taylor (bassiste) : « C’est typiquement la chanson autour de laquelle il fallait construire un album. Nous avons fait augmenter la vitesse dans la salle des commandes, avec un groove progressif. Le titre est monté en intensité. Il sera parfait pour débuter nos futurs concerts »
Pour Simon Lebon (Chanteur et auteur du texte) : « Ce titre parle de la vie en tant que moments plutôt qu’en tant qu’accomplissements. Il exprime la volonté de tracer son chemin malgré les épreuves ».

Red Carpet Massacre :

Un titre dans lequel on distingue très clairement des éléments punk rock et d’autres trés électro, ce qui en fait une pièce novatrice et très particulière. Le texte très sarcastique, livre de belles formules, comme par exemple le très glam « Apply your lipstick For dying in public ».
Pour Nick Rhodes (claviériste): « C’est une pièce Punk electronica – un peu comme le Warm Leatherette de the Normal (1979). Très ironique et très à propos dans le monde de la Real TV où nous vivons actuellement » .
Pour Simon Lebon : « C’est à propos d’Hollywood, au sujet de la perte de repères liée à la célébrité et aux médias. Sexe, séduction et glamour – toutes ce que nous représentons, et c’est pour cela que nous avons décidé d’en faire aussi le titre de l’album. Nous voulions quelque chose qui montre les dents. »

Nite-Runner (avec Justin Timberlake et Timbaland, en écoute dans le player)

Le riff de guitare de ce titre très catchy qui devait initialement sortir en premier single, n’est pas sans rappeler le hit Notorious (produit par Nile Rodgers de Chic) que le groupe avait sorti en 1986, et que P. Diddy a d’ailleurs samplé pour un de ses titres. Il devrait forcément devenir rapidement l’hymne officiel du Night Clubber, tant son groove est efficace, et tant il regorge de gimmicks, qui à eux seuls, si on les isole, sont déjà toute une histoire. Le probable second single extrait de cet album .
Pour Nick Rhodes : « C’était la première collaboration que nous avons faite avec Justin, Tim et Nate. Ca s’est passé comme si nous étions dans une boîte de nuit. Quand nous l’avons finie nous avons su que nous touchions quelque chose de nouveau. »
Pour Simon Lebon: « Cela m’a rappelé Notorious, lorsque le groupe s’est séparé pour la première fois et que nous avons travaillé avec Nile Rodgers. »

Falling Down (avec Justin Timberlake, en écoute dans le player):

Un titre phare dans le pur style Duran Duran, enregistré sans pression, en 36 heures à Manchester, au moment du concert pour Lady Di. Le titre est dans la lignée d’ Ordinary World mais on ne peut pas dire qu’il l’égale. Il s’enrichit d’un rythme moderne et urbain, proche de celui du « What Goes Around » de Justin. C’est la petite touche qui le rend très actuel. C’est finalement ce titre qui est choisi comme premier single digital. Pour le promouvoir, le groupe a décidé de revenir à la grande tradition des clips scénarisés. Une version soft et une version X censurée de 15 minutes, les montre dans la peau de médecins en charge de Top Models en cure de désintox. Inutile de dire que la controverse aux Etats-Unis est déjà en marche, et que toute ressemblance avec une certaine Britney n’est peut-être pas fortuite. Hélas le clip a été interdit de diffusion pour son côté trop choquant, a priori à cause du plan sur la top model nue dans une baignoire : Juge plutôt (le clip se trouve dans le player) :

Pour Nick Rhodes : « C’est une chanson très belle et très fragile. Ca a été si facile. Parfois c’est le mystère lorsque vous faites de la musique et que vous écrivez des chansons. Cela peut être arriver tout naturellement, alors que d’autres fois vous pouvez lutter pendant des semaines sans obtenir ce que vous voulez. »
Pour Simon Lebon : « Cela parle d’un accident que j’ai eu en moto, les pensées qui me sont venues à l’esprit avant que je me ramasse. »
Pour John Taylor (bassiste) : « Il est facile d’être ésotérique, mais il est tellement plus difficile d’écrire à partir de son coeur. C’est une chanson importante pour Duran Duran. »
Pour Roger Taylor (batteur) : « Je revenais de ma lune de miel à Sainte Lucie et le téléphone a sonné. Justin parlait d’un le nouveau Ordinary World. Une heure plus tard nous étions tous dans un van qui nous conduisait à Manchester. »

Skin Divers : (avec Timbaland, en écoute dans le player)

Le titre qui s’installe dans ta tête pour ne plus jamais en repartir … On sent l’emprunte de Kraftwerk dans les sons de synthé. La ligne de basse rappelle quant à elle celle du méga tube Wild Boys, de Duran Duran.
Pour Timbaland: « C’est un hit instantané! »
Pour John Taylor : « C’est la chanson qui donne tout son sens à la rencontre entre Timband et Duran Duran. Elle s’est écrite toute seule pendant un jam et Tim a fini sa partie deux ou trois mois plus tard quand il était au Royaume-Uni. Très tard dans la nuit, après un concert. Il est descendu à la salle de bal de l’hôtel et les a juste enregistrés sur un ordinateur portable. Quel Génie ! Quand vous êtes si doué vous n’avez pas besoin de trop de technologie pour créer la magie ! »

Box full o’honey:

Une splendide ballade qui fait penser aux meilleures pieces d’Arcadia, le fameux side project que Duran Duran avait créé avec Grace Jones, Sting, Carlos Alomar et David Gilmour en 1985. C’est sobre, entre guitare sèche et flûte. Emouvant à souhait !
Pour Nick Rhodes : « J’ai commencé à jouer quelques cordes tard dans la nuit dans le studio et tout est parti de là »
Pour Simon Lebon :« C’est mon meilleur texte sur l’album. Je peux voir la personne à qui j’écris environ, ma « Queen of tumbledown ». Non, je ne dirai pas qui c’est. Les gens sont en mesure de vraiment s’approprier cette chanson. Elle les touche émotionnellement»

Tempted:

Encore une véritable bombe, de laquelle je ne jette rien. L’équivalent du titre Nice, du précédent album, mais puissance 10, débarrassé de son côté Kitsch. Estampillé « Confession on the Dancefloor » par excellence ! Frais, sans prise de tête, tout simplement fun, et ça met de bonne humeur pour la journée.

Pour John Taylor: « C’est un titre pour les dance parties. Bras en l’air dans les french discos ! »

Tricked Out(instrumental): En entendant cet instrumental pour la première fois j’ai vu les Killers, Kasabian, la BO de Twilight Zone, et Planet Claire des B52’s ! Avec le son de clavecin et de scie musicale, on entre dans un film d’horreur de série Z américain. Les fantômes sont presque palpables. Seul bémol : c’est trop court .

Zoom In: A la fois rock et urbain, à la fois futuriste et tourné vers le passé. C’est le morceau que pourrait jouer Dracula devant un parterre de Morts Vivants, qui se balanceraient nonchalamment de gauche à droite. Impossible de ne pas bouger.

Pour Nick Rhodes : « C’est un mélange très cool entre electro et rock. Je le trouve très super-cyber-futuriste. La batterie aété enregistrée en une seule prise »
Pour John Taylor : « Très Timbaland, très Nate, très New-York »
Pour Simon Lebon: « Ca parle de Second Life. Le son était angulaire, digital, quelque chose qui venait d’une perspective différente »

She’s too much: La mélodie est imparable, avec un texte simple, mais touchant. On a l’impression que celui qui la chante dit qu’il protègera celle qu’il aime plus que tout même au-delà de la mort et de l’apocalypse. La chanson est marqué par un nouveau gimmick qui la ferme en beauté : « She is such a gentle touch I don’t think she knows », toute la beauté de l’innocence. Cette phrase là dite avec ces chours là, c’est bon comme une part de fondant au chocolat !

Pour JohnTaylor : « Nous avons construit ce titre autour des cordes »
Pour Simon Lebon: « C’est à propos de Saffron, ma fille de 16 ans « It’s about my 16 year old daughter Saffron. Elle était dans le studio un jour où j’écrivais les textes. Je n’ai su qu’à la deuxième ligne que j’écrivais à son sujet. Elle raconte une histoire. C’est un moment doux sur l’album. »

Dirty Great Monster: Le piano y est envoûtant, tout comme les chours et le saxo. Il y a quelque chose de totalement hypnotique là-dedans. La fin en forme de musiquette de boîte à musique (déjà utilisé sur Falling Down) a son charme!

Pour Nick Rhodes : « Ca parle de l’éléphant dans un magasin de verres. Pour ce titre nous avons demandé à un joueur de saxo de jouer quelque chose de « malade ». Cela a fait la base du titre. »
Pour Simon Lebon :  » C’est une chanson sans refrain »

Last Man Standing: Cette chanson, par son thème de survie, est un peu l’équivalent du tube que le groupe avait signé en 1983 Save A Prayer. C’est un peu la complainte du phoque en Alaska de Duran Duran. La voix de Simon Le Bon a une tonalité résiliée. Quand on l’écoute on a envie d’être cet homme qui voudrait être invincible, comme il croyait l’être avec The Valley .

Pour Simon Lebon : « Ce titre a des vocaux très doux »
Pour Nick Rhodes:« C’est le chaînon manquant avec notre dernier album ASTRONAUT»

Cry Baby Cry (titre bonus de la version japonaise) Il y a un petit funk teinté Maroon 5 dans ce titre.

RED CARPET MASSACRE s’annonce comme un très grand cru, amputé néanmoins d’un titre que le groupe a jugé trop violent pour un album qu’ils souhaitaient positif, et pour cause : le titre « Criminals in the Capital » traitait de l’Irak. On espère que celui-ci réapparaîtra un jour d’une façon ou d’une autre.

Visite aussi le site officiel de Duran Duran et leur site myspace






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