Lorsque l’une des plus grandes stars internationales fait un passage à Paris pour la promo de son nouvel album, ça se passe bien entendu sur les mythiques Champs-Elysées, lors d’un rendez-vous dédicaces avec les fans, et tout de suite après une conférence de presse.
« Ca doit commencer à 12h00 », m’avait dit son agent, « mais pointe toi quand même à 11h30, on ne sait jamais ». J’arrive donc à l’heure devant la discothèque select où doit se dérouler l’événement et je me dis que, même si je n’en avais pas connu le nom, il aurait été impossible de la manquer, tant les dizaines de photographes et cameramen qui s’y amoncellent, la désigne indubitablement comme « the place to be ».
Le temps de laisser mon nom à l’entrée (« CitéGay ? Oh oui bien sûr »), un brin amusé de voir mon amie reporter pour une télévision musicale en petites difficultés (« Comment ça je ne suis pas sur la liste ? Ah ok il y a une liste spéciale pour la télé ! »), j’entre dans le local, accueilli par des jeunes gens souriants, qui me montrent le lieu des réjouissances.
De toute part chacun s’affaire, vérifiant son micro, oreillette en place, vérifiant son matériel, ou potassant le dossier de presse. J’avance tout droit et manque de me prendre les pieds dans une estrade. En voyant le nom de Jennifer Lopez sur le panneau placé derrière, je comprends qu’il s’agit d’un endroit aménagé pour les prises de vue. Un bref tour d’horizon me fait comprendre que la partie conférence se trouve à l’opposé de là où je me trouve, juste après un emplacement réservé à une cinquantaine de photographes qui s’installent tranquillement.
L’ambiance reste calme et cosy. Je décide de prendre place au dernier rang, juste devant la rangée impressionnante de caméras prêtes à mitrailler, plutôt à un poste d’observation et de prise de notes, qu’à un poste de « participation active ». Il faut dire que plus de 80 journalistes sont au rendez-vous, prêts à dégainer stylos et dictaphones à la moindre apparition d’une des jambes de la Bomba Latina.
Pour faire patienter l’assemblée, le single Que Hiciste, passe en boucle. C’est probablement ma chanson préférée de l’album, mais là le matraquage est tel que je redoute d’en être vite lassé. Pour patienter je détaille donc la salle, entourée de rideaux blancs aux travers desquels on voit la lumière de gros cercles en néon blanc. C’est un véritable écrin, surplombé par une estrade où deux sièges blancs ont été disposés, devant les tables, les sièges et les fauteuils réservés aux journalistes.
A gauche des deux sièges, se trouve un énorme chandelier blanc dont les bougies ont été allumées, tandis qu’à droite on peut admirer un magnifique bouquet de fleurs, immaculées bien entendu. Plus que quelques minutes de bavardages, et c’est un silence quasi irréel qui s’installe. Un caméraman a aperçu du mouvement à l’extérieur. « Ca y est ! » s’écrit-il .
Le couple Jennifer Lopez-Marc Anthony, fait son apparition, dans une procession quasi religieuse. L’endroit est tel qu’on jurerait qu’ils viennent recevoir l’hostie. Jennifer est radieuse, les cheveux détachés. Elle porte une robe blanche vaporeuse, estampillée de têtes de mort rouges, qui met en valeur sa féminité et ses courbes légendaires. A ses côtés, Marc arbore un costume plus strict et des maxi-lunettes de soleil.
De manière très calme, J-Lo prend place face à Ariel Wizman, chargé d’animer la conférence. Très détendue, Jennifer commence à répondre aux questions. Elle explique ainsi que ce nouvel album Como Ama una mujer, sorte de retour aux sources, s’est imposé de manière très naturelle, en 2004, alors que son mari finissait son propre album Amar sin mentiras . A l’époque une chanson lui avait été écrite et il a souhaité la faire chanter à Jennifer, d’où l’idée d’un disque totalement en espagnol, produit bien entendu par lui.

Même si elle insiste sur la large palette qui constitue ses goûts musicaux, elle avoue une certaine passion, depuis toujours, pour la musique latine, et en particulier ces chants très dramatiques, interprétés par des femmes, et qui parlent d’amour et de « non-amour ». « La langue espagnole se prête beaucoup plus à cet exercice, qu’une autre langue, et je n’avais jamais rien fait de ce genre en anglais, car habituellement mes albums sont plutôt groovy et R’n’B. J’y ai donc vu une vraie opportunité de faire quelque chose de totalement différent, et aussi d’exprimer une part de moi-même, que je n’avais pas encore montrée jusqu’à présent. »
Ensuite on apprend que la chanteuse est elle-même fan de Guado la Lupe, célèbre voix de la salsa, et qu’on la verra aussi prochainement dans « El Cantante », un film qui retrace la vie d’ Hector Lavoe, un salsero emblématique du peuple portoricain, mort du Sida en 1993, joué par Marc Anthony. Le moins qu’on puisse dire c’est que J-Lo se recentre actuellement sur la famille, et la culture de ses parents. Interrogée à ce sujet, elle répond que tout s’est fait naturellement.
La conférence touche à sa fin et je suis tenté de lui donner un petit côté gay friendly. Avec un peu de tremblements dans la voix je demande à notre J-Lo préférée si elle est consciente de son statut d’icône gay, et dans la foulée, ce qu’elle pense du mariage et de l’adoption pour les couples de même sexe, une question peut-être un peu téléphonée certes, mais pas franchement pire que d’autres que je passe ici volontairement sous silence. Son visage semble s’illuminer davantage : « Oui bien sûr, je suis au courant ! Encore l’été dernier, j’ai chanté devant un public gay et je dois dire que je me suis beaucoup amusée. Concernant le mariage et l’adoption, you know : love is love ! Tout n’est vraiment juste qu’une question d’amour, qu’il s’agisse de celui qu’on peut trouver entre un homme et un homme, un homme et une femme, une femme et une femme, et bien sûr entre des parents hétérosexuels ou homosexuels, envers un enfant ! ».

Enfin en guise de conclusion, Jennifer revient sur ces projets à venir, annonçant qu’elle souhaite partir en tournée internationale, et qu’elle sortira un nouvel album en Juin, à nouveau en anglais et cette fois dans plusieurs genres musicaux. Jennifer sera prochainement à l’affiche de deux films : El Cantante , avec son mari, et Bordertown, où elle donnera la réplique à Antonio Banderas. L’heure et venue pour la belle de s’éclipser en remerciant chaleureusement l’assistance.
Aussi silencieusement qu’elle est arrivée, elle repart avec son homme vers l’emplacement réservé aux interviews télévisées. Je choisis de repartir illico, et me poste devant l’entrée, où s’agglutinent quelques badauds, interloqués par la présence des photographes. Juste à côté de moi deux jeunes se demande à haute voix « c’est pour qui tout ça ? ». D’un air détaché je réponds « C’est Jennifer Lopez ! ». Ils me dévisagent incrédules : « Ouah non, trop cool ! ». Je prépare mon appareil photo numérique (misérable car loin d’être du dernier cri), et me tiens prêt à dégainer.
Mais le couple s’engouffre trop rapidement dans une limousine aux vitres fumées, et dans la bousculade, impossible d’immortaliser ce moment. Je repars donc bredouille et me dirige vers la bouche de métro la plus proche.
Sur mon chemin, je croise un attroupement de milliers de fans qui se bousculent. La limousine a fait un tour de pâté de maison et dépose J-Lo et Marc devant l’un des plus gros magasins de disques des Champs. Un service d’ordre impressionnant a été affrété pour que la séance de dédicaces prévue s’y déroule au mieux. La foule accueille la star comme il se doit, de ses cris hystériques, pendant que Que Hiciste retentit de plus belle, et que la voix d’un nouvel animateur annonce « Voici une des plus grandes stars internationales : Jennifer Lopeeeeez ! ». Je m’éloigne doucement de l’événement, plein d’étoiles dans les yeux …

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