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Tricot <I>strikes back</I>

Vous avez sûrement éprouvé, certains jours à certaines heures, ce terrible sentiment de manque sur le sens réel de votre bien misérable vie. Sentiment qui vous plonge immédiatement dans un état dubitatif profond. Certes, vous pouvez toujours vous abandonner dans le dernier MF, « Avant que l’ombre » (« ne s’abatte sur les tombes déliquescentes des âmes torturées de désespoir sanguinolent, comme les spectres sacrés de l’au-delà », pour conserver l’intégrité supposée du titre). Mais, plutôt, devriez vous vous lancer dans le tricot, bien que ce dernier semble être aux activités manuelles ce que l’inspecteur Derrick est à la série policière : réservé aux personnes âgées.

D’accord, vous avez toujours le lundi de Pentecôte travaillé en travers de la gorge. La solidarité a ses limites. Mais, plus que jamais, il est temps de laisser vos préjugés au vestiaire, oui, juste à côté de vos fantasmes. Le tricot est en passe de ne plus être ringard. L’indice le plus flagrant étant l’ouverture à New York d’un Knit-bar (knitting = tricoter). On notera au passage que New York est plus efficace en terme de branchitude que Melun, où le Macramé Café n’a jamais réussi à trouver sa clientèle, malgré un concept fort, vous en conviendrez. Le tricot revient, ce n’est pas une blague. D’ailleurs ce n’est pas drôle en soi, en laine non plus (oui, bon, on ne peut pas toujours être borderline). Alors, cet été : tous à ses aiguilles ! Enfin quand je dis tous, cela s’adresse surtout aux filles, même si nombreux sont ceux qui n’auraient pas forcément l’air plus viril avec leur blouson de motard, mais là n’est pas le sujet.

Alors, quelles sont les bonnes raisons de se mettre au tricot ? La première, évidente, c’est que ça va être tendance. Et, je vous le demande : « y a t’il quelque chose de plus important que la tendance, si ce n’est d’avoir une peau bronzée tout en restant hydratée ? » . En plus, on est en plein dans la niche nostalgico-rance du bon vieux temps. Ce temps où tout semblait plus léger, où les aliments avaient du goût, où Marlène n’avait pas encore été – si tant est qu’elle fut – et où les aiguilles à tricoter servaient, entre autres, à tricoter. Deuxième raison : le tricot, à l’instar de la camomille, détend, apaise et déstresse.

Une bonne pipe aussi direz-vous, dévoilant une certaine forme de pragmatisme alors qu’on n’en demandait pas tant. Enfin, vous pouvez tricotez n’importe où; n’importe quand, bien que les heures de pointes soient déconseillées pour la simple et bonne raison que personne n’a jamais le civisme de laisser suffisamment de place à ceux qui créent. Vous hésitez encore ? Bon, une dernière raison alors : le tricot vous permettra de combler vos amis sous des avalanches d’écharpes sublimes et de pulls tous aussi divins. Plaisir d’offrir, joie de recevoir. des cadeaux pourris certes, mais c’est mieux que rien. Attention, cette technique est efficace pour tester vos amitiés.

Si maintenant vous êtes convaincu, la bonneterie va vous ouvrir ses portes. Votre univers va s’enrichir de mailles, de point mousse (oui, comme les soirées. mais plus en accord avec votre âge) et de jersey, dont celui qui va vous apporter l’extase bonnetière : le jersey-point-de-tige. Je ne parlerais pas des piqués, des côtes, des chevrons, des chenilles et autre point tunisien, j’en ai déjà trop dit.

Maintenant c’est à vous de choisir, mais, pour une fois que vous pouvez faire avec vos mains quelque chose d’avouable à vos parents, ce serait dommage de passer à côté. Surtout que rien n’interdit de tricoter avec des gants en latex, si ça peut vous faire plaisir. C’est tout ce qui compte.

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