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Coming out : pourquoi les acteurs américains n’ont plus peur ?

Quelques jours après l’émouvant coming out d’Ellen Page, metronews a interrogé Amandine Miguel, porte-parole de l’association Inter-LGBT en charge de la visibilité lesbienne. L’intéressée a commenté les récents coming out faits par des stars américaines et déplore le retard qu’a la France sur la question.

Il y a quelques jours, l’actrice Ellen Page a fait son coming out… Comment avez-vous trouvé son discours ?
Fort, courageux et émouvant. Il était inspirant à plus d’un titre, parce qu’il va justement au-delà du coming-out, de la déclaration de son homosexualité. Ellen Page dénonce l’intolérance de notre société, de ses normes et des difficultés que rencontrent de nombreux jeunes en raison de la lesbophobie, de l’homophobie, de la biphobie ou de la transphobie. Son discours était empli d’une grande émotion. Il nous a fait toutes et tous vibrer.

Aux Etats-Unis, les coming out des célébrités sont très courants. Pourquoi selon vous ?
Ils sont à resituer dans un contexte précis. Il y a eu en effet une longue lignée de coming out qui ont, dirons-nous, essuyé les plâtres… Je pense à Harvey Milk, Ellen DeGeneres, etc. Ces derniers ont ainsi ouvert la voie à certaines célébrités qui révèlent désormais leur homosexualité.

Pensez-vous que le soutien d’associations influentes sur place, comme GLAAD par exemple, les aide à sauter le pas ?
Bien sûr ! Le soutien des associations est primordial. Beaucoup de personnes qui font leur coming out rencontrent encore de douloureuses épreuves : le rejet de la famille, des amis, des discriminations sur le plan professionnel, des violences… Que l’on soit une célébrité ou une personne lambda, ça aide beaucoup de savoir que l’on peut compter sur le soutien d’associations LGBT. Ces associations font également prendre conscience aux célébrités que leur statut leur confère aussi des responsabilités. Ainsi, leur discours peut faire avancer la lutte pour l’égalité des droits et contre les discriminations.

En France, dans le cinéma, la question reste encore très tabou. Les acteurs et actrices restent très discrets sur leur sexualité. Quelles en sont les raisons ?
C’est très culturel. En France, l’orientation sexuelle est encore considérée comme un élément de la vie privée. Et comme les acteurs et les actrices sont très vigilants sur ça, les coming out sont encore rares. Pourtant, le privé est politique et pouvoir vivre librement sa sexualité délivre un message fort. Ce message nous dit qu’il n’est en rien honteux d’être lesbienne, gay, bisexuel ou trans. Que l’homosexualité et l’hétérosexualité sont deux sexualités sans hiérarchie de l’une par rapport à l’autre.

Pensez-vous que la France a un train de retard sur la question ?
Oui, l’ouverture aux mariages et à l’adoption pour les couples de même sexe s’est faite très tardivement en France, à la différence de la plupart des autres pays occidentaux, qui ont légiféré au début des années 2000. Le fait qu’on ne soit pas allé jusqu’au bout de l’égalité en ouvrant la PMA aux couples de femmes, alors que cette pratique est ouverte aux couples hétérosexuels, démontre bien que la France a plusieurs Thalys de retard sur la question. Mais à l’Inter-LGBT, nous sommes justement là pour continuer à nous battre et comptons bien faire perdre ce retard à la France.

Est-ce important pour des jeunes qui ne sont pas encore sortis du placard de voir des stars révéler leur homosexualité ?
Clairement ! Les stars qui révèlent leur homosexualité sont de véritables modèles pour les jeunes. Elles les aident à s’affirmer, surtout à un âge où on est en construction de soi et très sensible aux diktats de la société. Malheureusement, les représentations de l’homosexualité dans la société restent très négatives et bourrées de stéréotypes réducteurs. Le climat LGBTphobes que nous avons en France depuis plus d’un an, réveillé par le discours LGBTphobe décomplexé de la manif pour tous, a par ailleurs fortement amplifié ce phénomène et accru le mal être chez les LGBT. D’où l’importance d’avoir des modèles positifs et heureux, auxquels les jeunes peuvent s’identifier pour se construire sereinement.

Vendredi soir, Les garçons et Guillaume, à table !, La vie d’Adèle et L’inconnu du lac figurent parmi les favoris pour les Césars. Est-ce déjà une victoire ?
Ces films représentent des personnages principaux homosexuels. C’est en effet une chose positive car il est nécessaire d’être visibles au sein de la société, d’y être représentés pour y exister. Par contre, La vie d’Adèle correspond plus à la représentation que se font les hommes des lesbiennes. Les films mainstream représentant des lesbiennes mais qui ne sont pas faits par des lesbiennes, sont, à la différence des films gays, monnaie courante.

Interview complète et source : Metronews



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