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Avis du CNS sur les antirtroviraux comme moyen de prvention :



Avis
du CNS sur les antirtroviraux comme moyen de prvention : un avis mesur
qui n’puise pas la question


publi
en ligne : 30 avril 2009


 


Le
Conseil National du Sida (CNS) vient de publier un avis sur l’intrt du traitement en matire de
prvention
. Trs attendu, cet avis mesur fait suite la publication
l’anne dernire d’un avis de la Commission fdrale Suisse pour les problmes
lis au sida qui avait dclench une vive polmique internationale sur laquelle
les associations avaient demand une prise de position.


Intgrer
le traitement la prvention : un bnfice
collectif


L’avis
du CNS met l’accent sur l’intgration du traitement antirtroviral dans les
politiques publiques de prvention. Le bnfice qui en est attendu est
essentiellement populationnel et suppose une incitation et un recours accrus au
dpistage. Mais il raffirme clairement que le seul traitement ne saurait
remplacer le prservatif au niveau individuel. ce propos, il rappelle que la
prise d’un traitement antirtroviral et une charge virale indtectable dans le
sang ne permettent pas d’carter le risque de transmission du virus du sida. Le
traitement est ds lors considr comme un moyen complmentaire au prservatif
dans les politiques de prvention. En ce sens, l’avis du CNS renforce la
responsabilit des pouvoirs publics – qui devront russir faire entendre un
message plus complexe bas sur la complmentarit des moyens. Dans un contexte
de baisse de l’investissement dans la lutte contre le sida, nous attendons
qu’ils en tirent les consquences.


Confondre
traitement et prvention : un risque collectif


Si
l’utilisation du traitement et l’incitation au dpistage peuvent contribuer
enrayer la diffusion de l’pidmie, le bnfice affrent risque en revanche
d’tre contrecarr par une modification des comportements, comme le suggre une
publication rcente au sujet des gays aux Pays-Bas [1]. Cet avis ne saurait donc en aucun cas tre
compris comme le signal d’un abandon possible du prservatif. Prcisons que cet
avis ne porte pas sur l’valuation de l’efficacit du traitement en matire de
rduction de la transmission individuelle du VIH/sida. Il n’est donc pas
possible de prtendre qu’il confirme l’avis publi par les Suisses l’anne dernire.
On peut donc regretter le manque de cadrage de cet avis en ce qui concerne le
bnfice-risque du traitement en matire de transmission sexuelle. De nombreuses
questions dterminantes sont en effet passes sous silence, comme les
distinctions entre populations (gays, htro, migrants) [2], entre partenaires occasionnels ou rguliers,
selon leur statut srologique ou la question des Infections Sexuellement
Transmissibles (IST), ou encore celle de la charge virale rectale [3].


Un
avis mesur, des recommandations simplistes


Au
final, au regard de son avis mesur, les recommandations avances par le CNS
nous paraissent relativement simplistes. Quand le CNS voque une bonne
information sur les limites du traitement en matire de rduction de
l’infection, il l’imagine sans doute de la meilleure faon. Mais comment
garantir la diffusion d’une information fiable sur une question qui reste
largement en dbat et comment s’assurer qu’elle soit bien comprise alors mme
que les politiques de prvention restent largement dficientes en France ?
On s’tonne en particulier que parmi les recommandations, aucune ne concerne
rellement le suivi de l’volution des comportements pourtant dterminant pour
l’efficacit de la nouvelle politique de prvention que prtend promouvoir le
CNS. Surtout, ne minimisons pas le risque de voir les pouvoirs publics et les
acteurs associatifs dlaisser, dans un pari htif, la dimension comportementale
de la prvention au profit d’une stricte approche de sant publique, qui
subordonnerait le risque individuel au risque collectif.


Pour
nous sropositifs, l’espoir de ne plus prsenter un jour un risque potentiel
pour nos partenaires est immense. Mais nous n’oublions pas que ce risque est
pour autrui et qu’il reste encore impossible de l’carter sans prservatif, mme
avec une charge virale indtectable.


 


Notes


[1] Bezemer, D., et al. (2008). A resurgent HIV-1
epidemic among men who have sex with men in the era of potent antiretroviral
therapy. AIDS, 22(9), 1071-7.


[2] Wilson D, (2008). « Know your epidemic, know
your response » : a useful approach, if we get it right. The Lancet, 372 : 423-426.
Strmer, M.,
(2008). Is transmission of HIV-1 in non-viraemic serodiscordant couples
possible ?. Antiviral Therapy, 13(5),
729-32.


[3] Zuckerman, et al. (2004). Higher concentration
of HIV RNA in rectal mucosa secretions than in blood and seminal plasma, among
men who have sex with men, independent of antiretroviral therapy. The Journal of Infectious Diseases, 190(1),
156-61.


 

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