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Les agresseurs d’une soirée LGBT condamnés avec sursis au Kosovo

Le 14 décembre 2012, une soirée organisée par le journal Kosovo 2.0 avait été vandalisée. Les termes de l’opposition avaient un air de déjà-vu : la soirée était une soirée de lancement du dernier numéro du magazine papier de Kosovo 2.0 consacré aux sexualités dans la société kosovare ; et ceux qui s’opposaient à l’événement considéraient manifestement que toutes les sexualités n’avaient pas à être prises également en considération.

La salle a été saccagée et un membre de l’équipe de rédaction de Kosovo 2.0 a été agressé physiquement. Surtout, cet incident a rappelé que la liberté d’expression et le droit des minorités sexuelles ont besoin d’être protégées au Kosovo.

Le pays a beau avoir la législation la plus avancée en la matière (pour la simple raison qu’elle est établie sous supervision internationale), ces événements rappellent qu’une loi n’est qu’un texte, et que la force de la loi dépend en grande partie de la détermination de l’Etat chargé de l’appliquer.

Le fait qu’après un an d’enquête sous la supervision de l’EULEX, le tribunal de Pristina ait finalement condamné à un an de prison avec sursis trois des personnes interpellées peut, de prime abord, satisfaire ceux qui cherchaient les signes du respect du principe de l’Etat de droit.

Cela dit, deux remarques au moins s’imposent.

Premièrement, sur les chefs d’accusation. Les trois chefs d’accusation retenus étaient : la violation des règles garantissant l’égalité des citoyens kosovars ; la perturbation d’un événement public ; et la dégradation de matériel mobilier. En revanche, n’a pas été retenue la violation de l’interdiction de tout discours incitant à l’intolérance, la loi d’amnistie étant passée par là. Ceci alors que, précisément, c’est par le discours que se diffusent les représentations les plus intolérables – pouvant conduire à des actes qui ne le sont pas moins.

Deuxièmement, on est en droit de se demander à quoi aurait abouti la plainte déposée par Kosovo 2.0 sans les pouvoirs étendus de l’EULEX, qui se limitent toutefois aux rôles d’enquêteur et de procureur. La peine relativement légère dont ont écopé les trois accusés peut laisser penser que la gravité des actes perpétrés n’aurait pas été estimée à sa juste valeur.

Kosovo 2.0, par la voix de sa rédactrice en chef Besa Luci, a déclaré avoir espéré une peine plus dure – et donc attend du procureur de l’EULEX qu’il fasse appel de la décision du tribunal.

Il est évident que la répression seule ne convainc pas ; mais il n’est pas moins certain que l’impunité (ou la moindre punition) nourrit l’outrage.

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