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La Russie condamnée pour l’interdiction des Prides moscovites

La décision était attendue. Elle fera date et jurisprudence. Nikolai Alekseev, animateur de GayRussia.ru, principal activiste gay russe et coordinateur de la Pride moscovite, vient de voir son recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) entièrement reconnu. L’Etat russe se voit ainsi condamné pour avoir interdit à plusieurs reprises, en 2006, 2007 et 2008, d’organiser à Moscou les manifestations de la Gay Pride. Ce jugement (Anglais), unanime des juges composant la cour dont le juge russe, est qualifié par tous d’historique.

UNE VICTOIRE TOTALE EN DROIT

Les arrestations récurrentes, les brimades et autres n’auront pas atténué la détermination de Nikolai Alekseev et des autres militants russes. Ce matin, jeudi 21 octobre, la CEDH a communiqué sa décision qui condamne l’Etat russe pour avoir violé de manière répétée les articles 11 (liberté de réunion et d’association), 13 (droit à un recours effectif) et 14 (interdiction de discrimination) de la Convention de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales en interdisant la tenue de Gay Pride à Moscou.

La Russie se voit condamnée à payer au militant la somme de 12.000 euros de dommages-intérêts et 17.510 euros pour les frais de procédure. Sur le fond de l’affaire, les juges strasbourgeois ont rejeté en tout point la défense de l’Etat russe opposant que les autorités moscovites devaient assurer la sécurité des manifestants, ne pouvaient opposer les éventuels troubles à l’ordre public générés par ce type de manifestations et que la seule cause réelle de l’interdiction de ces marches était l’orientation sexuelle de ses participants.

«Il ressort par ailleurs des déclarations du maire et des observations du gouvernement que ce n’est ni l’attitude ni les tenues vestimentaires des participants qui posaient problème aux autorités mais le fait même qu’ils veuillent s’identifier comme gays et lesbiennes» a ainsi constaté la cour. Le droit à la liberté de réunion «protège les manifestations non violentes, même celles qui peuvent heurter ou choquer ceux qui ne partagent pas les idées défendues par les manifestants» a ajouté la CEDH.

«LA VIOLATION DE LA LIBERTÉ DE RÉUNION DES PERSONNES LGBT EN RUSSIE EST SYSTEMATIQUE»

«Cela montre que la violation de la liberté de réunion des personnes LGBT en Russie est systématique» a commenté Nikolai Alekseev saluant une «victoire majeure pour nous». «Aucun juge, aucun avocat ni aucun politique ne pourra plus nous dire que l’interdiction de nos événements est légale. (.) C’est la première décision à reconnaître que la loi russe sur la liberté de réunion est en contradiction avec la Convention. C’est un cadeau à tous les démocrates et militants des droits humains en Russie» se félicite le militant.

L’ancien maire de Moscou et principal opposant à la tenue des marches, Youri Loujkov, a été limogé par le Kremlin et remplacé aujourd’hui même par Youri Loujkov, auparavant directeur de cabinet du Premier ministre Poutine. Il restera à savoir si la Russie persistera dans la négation des droits de l’Homme octroyés aux homosexuels, au risque de voir les condamnations se répéter.

Malheureusement, sur le sujet des droits de l’Homme, comme du respect de la démocratie, la Russie n’est pas à une atteinte près.

VIDEO PLUS

Vidéo d’Euronew, «No Comment», où l’on voit les militants en 2009 se faire interpeller ainsi que les contremanifestants extrémistes. La manifestation de 2010 n’aura durée que 5 minutes au nez et à la barbe des autorités.






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Plusieurs lunes, Véronique Sanson

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