Fédérer ou cliver ? Porter ensemble ou diviser ? C’est en substance l’alternative offerte par les Panthères Roses à quelques jours de la Marche nationale des Fiertés LGBT. L’association activiste, toutes griffes dehors, publie une lettre ouverte adressée à l’Inter-LGBT, structure organisatrice de la manifestation et qui fédère la plupart des associations communautaires françaises. Cette lettre conteste le fait que GayLib, mouvement associé à l’UMP, puisse défiler samedi prochain.
La raison ? La politique du gouvernement. Si, il est vrai que GayLib porte au sein de la majorité présidentielle la plupart des revendications LGBT, le mouvement soutient également cette même majorité malgré les promesses non tenues ou les oppositions à des revendications majeures : mariage, homoparentalité… «Les Panthères roses ne comprennent pas ce que Gaylib vient faire à la marche des fiertés LGBT dont l’objet est de revendiquer l’égalité des droits. Cette association est affiliée à un parti ouvertement opposé à l’égalité des droits» écrivent-elles.
Pour autant, doit-on s’opposer à la participation de GayLib à une marche dont l’essence même est de porter des revendications partagées par la majorité des associations LGBT ? Ces dernières années déjà, quelques militantEs ont bien freiné ou bloqué l’avancée du char du GayLib pour les mêmes raisons que celles avancées par les Panthères. Là où les revendications sont anciennes, l’empêchement de défiler réclamé par les Panthères Roses appelle également d’autres questions : quid des présences, passées ou présentes, d’autres structures affiliées à des mouvements politiques, partis qui ne partagent pas intégralement les revendications LGBT ou qui dans le passé et quand ils étaient aux responsabilités ont faiblement accueilli ces mêmes revendications ? Doit-on s’opposer à la présence de Gaylib alors que ce mouvement partage la majorité des revendications associatives et qu’il lui arrive -rarement il est vrai- de marquer son opposition sur certains dossiers avec la majorité présidentielle ? Quid des marcheuses et marcheurs qui tout en partageant les revendications associatives se retrouvent également politiquement à droite de l’échiquier politique ? Doit-on également les inviter à ne pas participer à la Marche des Fiertés, à l’instar de GayLib ?
Ces mêmes questions agitent l’Inter-LGBT qui réunit une cinquantaine d’associations et organise la Marche. Pour Philippe Castel, porte-parole de l’Inter interrogé par CitéGAY, «Est-ce que GayLib et l’UMP c’est la même chose ? On est un certain nombre à dire que non» et aucune association membre n’a pris position pour une interdiction de participation de GayLib à la Marche. L’Inter a débattu samedi dernier de la lettre ouverte des Panthères : «Sur un certain nombre de choses, GayLib va vers l’Egalité des droits», pour autant, «la démarche des Panthères a un sens, c’est pour cela que nous allons les rencontrer comme ils le demandent et nous débattrons ensemble». «C’est dommage que leur action se fasse à quelques jours seulement de la Marche» mais «faire partie de l’Inter-LGBT et une participation à la Marche, ce n’est pas la même chose, nous ne pouvons empêcher de porter collectivement des revendications pas plus que nous demandons aux commerçants qu’elles sont leurs points de vue sur nos revendications quand ils participent». Sur ce point, GayLib comme les Panthères Roses le savent, les deux associations qui ont été candidates pour entrer au sein de l’Inter-LGBT ont vu leurs candidatures par le passé refusées ou abandonnées.
Quand les Panthères Roses pratiquent la contestation systématique et la confrontation comme mode d’action, l’Inter-LGBT privilégie concertation et travail de fond pour faire avancer des revendications partagées. Avec succès sur un certain nombre de dossiers, comme la lutte contre l’Homophobie à l’école par exemple, concernant l’Inter, avec des échecs aussi, notamment sur le mariage ou l’homoparentalité.
Les marcheurs sont attendus pour un départ à 14h, place du 18 juin 1940-Montparnasse. Comme les éditions précédentes, 3 minutes de silence en solidarité aux victimes du Sida seront effectuées à 16h30 où la Marche s’interrompra. Enfin, l’octroi, seul source de financement de la Marche qui n’est pas subventionnée tout comme l’Inter n’a pas de salariés, aura lieu au début du Pont de Sully avant l’arrivée à Bastille.
Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans’
1969-2009 : FierEs de nos luttes, à quand l’Egalité réelle ?
Samedi 27 juin 2008 de Montaparnasse (14h) à Bastille
Départ : Montparnasse
boulevard de Montparnasse, Port Royal, boulevard St-Michel, boulevard St-Germain, pont de Sully, boulevard Henri IV
Arrivée : Place de la Bastille
