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20 ans d’Act Up Paris : un anniversaire regretté, une mobilisation intacte

En conférence de presse, hier, l’association de lutte contre le Sida était «au regret d’annoncer que, dans un mois, le 26 juin prochain, veille de la marche des fiertés LGBT, Act Up-Paris aura 20 ans». Le 26 juin 1989 lors de la Gay Pride de Paris, 15 «pédés séropos en colère» portant des tee-shirts noirs marqués d’un triangle rose sur lesquels on lit «Silence = Mort» effectuaient la première action publique de ce qui est devenu Act Up Paris.

Stéphane Vambre et Safia Soltani, les actuels Co-PrésidentEs d’Act Up-Paris, sont revenus sur 20 ans de militantisme et fait le constat que le Sida demeure «un combat politique, avant tout». Pour l’infirmière de profession, «hétérosexuelle et séronégative», il y a eu bien sûr «les trithérapies, oui. Mais que fait-on des effets secondaires, des droits sociaux, de la précarité etc» que subissent les séropositifs face au «Sida, maladie stigmatisante» par excellence. «Aujourd’hui, 22 % des personnes vivant avec le VIH en France n’ont pas de logement et 1 personne sur 2 vit en dessous du seuil de pauvreté» rappelle Act Up. Il s’agit pour celui qui fut son patient et maintenant son camarade de combat, d’une «épidémie politique», toujours d’actualité, avançant les «200.000 séropositifs en France, la moitié en Ile-de-France faisant de Paris la capitale européenne du Sida».

Alors qu’à l’actif de l’association, entre autres, Act Up avance la prise en compte des personnes séropositives dans les instances de décision, la prise en charge à 100% des frais médicaux comme la reconnaissance du VIH comme maladie invalidante, la non-expulsion des étrangers malades comme la suspension de peine pour les prisonniers malades, «tous ces acquis deviennent précaires» estiment-ils. «Aujourd’hui, nous sommes furieux du sort qui est réservé aux personnes séropositives par la remise en cause de ces droits dans le cadre de la politique menée par le gouvernement actuel ainsi que par les instances internationales» ont dénoncé les militantEs reprenant les exemples de ce revirement : franchises médicales, projet de loi HPST, tentatives d’expulsions de séropositifs…

La conférence de presse a été l’occasion pour les militantEs de revenir sur «leurs» moments forts des 20 ans de lutte d’Act Up, une vidéo bientôt en ligne reprenant les grands moments d’Act Up. Pour Hugues Fisher, ancien Président, toujours aussi militant et le plus ancien membre d’Act Up, comme Emmanuel Château, autre ancien Président, ce sont les moments de solidarité entre membres, dans le fonctionnement même de l’association pour le premier ou en cas d’interpellation de militants, pour le second, rappelant celle dont ont été victimes des militants après avoir jeté du faux sang sur les murs de l’Elysée alors que Jacques Chirac recevait des associations en marge d’un premier décembre, «récupération politique» qu’Act Up entendait dénoncer. Stéphane Vambre a cité l’adjonction sur l’obélisque de la Concorde d’un préservatif géant, image que tout le monde garde en mémoire et qui avait fait des émules, notamment à Buenos Aires où une même action avait été menée plusieurs années après par des militants locaux. Pour Safia Soltani, c’était en marge du G8 de Gènes en 2001 où pour la première fois les dirigeants du monde avaient été sensibilisés à la lutte contre le Sida au niveau international et à l’impératif de soutien aux pays du Sud. Airlindo Constantino a salué la mémoire d’«une grande Présidente d’Act Up, Cleews Vellay» qui avait fait le choix d’un «enterrement politique». Audrey Grelombe, jeune militante, a rappelé la marche, aux cotés d’associations du monde entier, effectuée lors de la Conférence mondiale de Mexico où la France avait été terriblement absente.

Par ce qu’«On peut sauver des vies du fait d’une volonté politique», Act Up a «convoqué», via une lettre ouverte, Nicolas Sarkozy pour venir en leurs locaux le 26 juin prochain et faire part de leurs griefs et revendications : adaptation de la réforme du système de soin, campagnes de prévention ciblées et explicites, prise en compte dans la recherche des spécificités des femmes, non-pénalisation de la transmission du VIH, légalisation de l’usage des drogues, respect des modalités de suspension de peine, droit d’asile pour les LGBT menacés dans leurs pays, non-expulsabilité des malades du sida sans papiers, libre circulation dans le monde des personnes séropositives et respect des engagements de la France pour un accès universel aux traitements pour 2010.

EN SAVOIR PLUS

Le site d’Act Up Paris : www.actupparis.org







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