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Moscou : Pride à haut risque

Alors que le mur de Berlin est tombé il y a 20 ans et que les populations du bloc soviétique aspiraient à la démocratie, il faut bien reconnaître que le régime autocratique russe est encore loin des standards démocratiques. En l’espèce, la liberté de réunion et de manifestation des homosexuels russes n’est garantie nullement. Pire, les violences homophobes qui émaillent chaque Pride moscovite se retrouvent légitimées par les positions des autorités russes.

Une nouvelle année encore, le Maire de Moscou a interdit la manifestation. Son porte-parole, Leonid Krutakov, a même menacé : «Il n’y aura aucune autorisation pour une gay pride dans cette ville et s’ils organisent tout de même une manifestation nous les stopperons fermement avec l’aide de la police». Pas besoin de la police pourtant pour s’opposer physiquement à des manifestants pacifiques, extrémistes et autres homophobes, légitimés par les déclarations de personnalités politiques ou religieuses, s’en chargeant. Iouri Loujkov, le maire de Moscou, avait déjà qualifié, en flirtant sur la vague néonationaliste et xénophobe qui frappe la Russie, les manifestations gays d’«oeuvre de Satan» et d’«armes de destruction massive» de l’Occident contre la Russie.

Les organisateurs de la Pride moscovite continuent, malgré des décisions de justice défavorables à s’obstiner à réclamer le simple droit de se réunir et de manifester sans heurts ni violences. Symboliquement, deux jeunes femmes russes qui souhaitaient enregistrer à la Mairie de Moscou leur mariage mardi dernier ont posé devant la caméra suite au refus des autorités. «légaliser leur amour et leur bonheur» était leur but. «Nous ne pouvons pas accepter votre demande» a répondu la directrice du service d’Etat civil de la mairie aux demanderesses. «Le point 3 de l’article 1 du code familial de Russie stipule que la réglementation des relations familiales doit être conforme au principe de l’union volontaire entre un homme et une femme» a précisé la responsable.

Concernant la Pride, les organisateurs, Nikolai Alexeyev, fondateur de gayrussia.ru en tête, entendent profiter de la tenue de l’Eurovision le jour même pour braquer les caméras sur leur situation. Interpellant les participants étrangers, les militants LGBT ont reçu pour le moment le soutien d’un des chanteurs hollandais présent au concours de chant. Le chanteur du groupe De Toppers, Gordon Heuckeroth, a déclaré qu’il boycotterait le concours si des violences survenaient lors de la Gay Pride. «Si des gens comme moi sont discriminés de cette façon, je n’ai rien à attendre de cette Russie, et je prendrais le premier avion pour rentrer» a-t-il déclaré. Du côté de la représentante française à l’Eurovision, Patricia Kass, cette dernière, très populaire en Russie et qui bénéficie de contrats publicitaires dans le pays, aurait indiqué ne pas être au courant des difficultés rencontrées par les LGBT russes, ajoutant toutefois que «chacun devrait pouvoir vivre sa vie».

Dépénalisée en Russie en 1993, l’homosexualité reste socialement et institutionnellement réprimée. Des nationalistes russes ont menacé de «soigner» physiquement les homosexuels qui participeraient à la Gay Pride.

EN SAVOIR PLUS

Le site GayRussia.ru : www.gayrussia.ru.





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