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Christian Vanneste, membre du groupe UMP à l’assemblée

Une gifle à quelques jours de la Marche des Fiertés et une violence symbolique infligée à la communauté LGBT pour ces cinq années de législature.

La lessiveuse politique a fonctionné hier à l’assemblée. C’est bien sur les bancs de l’UMP au Palais Bourbon et non mis au ban d’un parti républicain que l’élu délinquant affichera son homophobie décomplexée. Les appels de GayLib, à droite, comme les mises en gardes des associations LGBT n’y auront rien fait. Non pas qu’ils aient une appétence pour le goût du sang mais ils ne réclamaient qu’une cohérence entre les discours de l’exécutif et de la majorité présidentielle en sanctionnant symboliquement l’un des leurs, auteurs de propos homophobes contradictoires avec les engagements et déclarations officielles de l’UMP. Gageons que les discours à l’attention des LGBT vont se multiplier pour faire passer cette greffe parlementaire alors que viscéralement le rejet n’est que la seule issue que tout organisme démocratique aurait pu attendre d’un parti attaché au respect de l’ordre quand l’un de ses organes est condamné, non repenti et récidiviste.

Alors même que Christian Vanneste, député du Nord condamné pour injures homophobes, l’a été sous visa d’une loi votée à l’initiative de l’UMP, ce même parti n’a jamais sanctionné politiquement l’élu outrancier et l’a même soutenu dans les faits pour sa réélection à la députation. Christian Vanneste s’est ostensiblement affiché aux côtés du Premier ministre comme invité de Matignon pour un déjeuner parlementaire de la majorité comme dans le Nord plus récemment, lors d’un déplacement de François Fillon dans une usine textile, ce qui a donné un cafouillage de communication de Matignon qui n’assume pas ses choix partisans. Le même député a fait toute sa campagne en se revendiquant de la majorité parlementaire avec un champ d’action dégagé faute de candidat UMP face à lui. L’UMP en faisait déjà l’un des siens, l’a conservé comme tel en dépit de deux condamnations pénales, l’a laissé être soutenu par des élus UMP, jusqu’à la présidence ancienne de l’assemblée, l’a laissé se revendiquer de la majorité parlementaire et malgré des propos réitérés l’accueille de nouveau comme tel. L’homophobie a le droit de cité au sein de l’UMP, elle fait partie de la famille.

Aussi, que penser de cette intégration de Christian Vanneste parmi ses pairs, cette absolution politique arbitrée nul n’en doute au plus haut niveau ? Et bien reprenons les propos tenus lors d’un En Aparté sur Canal+ lundi dernier par Joseph Mace-Scaron, réputé proche de la droite et de GayLib, journaliste à Marianne et ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine. Joseph Mace-Scaron déclarait lundi dernier : «Il y a un véritable enjeu avec ce monsieur qui est vraiment peu recommandable. En effet, c’est de savoir, vraiment pour le coup Nicolas Sarkozy et les autres sont mis devant le pied du mur, est-ce que oui ou non il va être affilié au groupe parlementaire ? S’il est affilié au groupe parlementaire, cela voudra dire que tous les discours de Nicolas Sarkozy de dénonciation contre l’homophobie c’était de la daube».

Nicolas Sarkozy, Président de la République et «patron naturel de l’UMP» comme le déclarait hier Jean-Pierre Raffarin à l’antenne de LCI, avait promis d’exclure Christian Vanneste. Cela n’a jamais été fait. François Fillon, Premier ministre et chef de fait de la majorité parlementaire, a donné à l’élu du Nord, en le recevant et en s’affichant à ses côtés des gages de respectabilité que la Justice de notre pays ne lui a pas reconnu. Jean-François Copé, nouveau président du groupe UMP à l’assemblée, nous assurait par écrit il y a tout juste un an de son attachement à la lutte contre les discriminations et nous déclarait que «Le combat contre l’homophobie est une nécessité pour chaque citoyen qui s’attache à défendre ceux qui peuvent être montrés du doigt, attaqués et touchés dans leur intégrité. Je souhaitais vous assurer de mon engagement et de ma détermination dans ce combat». Jean-François Copé a accueilli hier dans son groupe parlementaire l’élu du nord, belle preuve de son attachement et de sa détermination dans ce combat. Patrick Devedjian est secrétaire général de l’UMP, parti à l’initiative de la loi sur les propos homophobes, ce même parti qui absout le premier élu condamné pour ces faits vidant ainsi de tout sens pédagogique et social cette disposition pénale. Jean-Pierre Raffarin, numéro 2 du parti, était le Premier ministre du gouvernement auteur de la loi sanctionnant les propos homophobes.

Tous sont comptables et solidairement responsables du fait que Christian Vanneste soit député, membre du groupe UMP à l’assemblée, l’un des leurs, un autre eux.

Bien sûr l’UMP a fait des avancées sur les questions LGBT et s’apprête à en faire d’autres. Evidement, GayLib est méritant dans son camp, plus encore au lendemain de cette annonce et nous compatissons au fait que le mouvement LGBT de l’UMP va devoir une nouvelle fois jouer au pompier de service alors qu’il avait les mêmes doléances sur le sujet que les associations et se retrouve indirectement à défendre Christian Vanneste, le même qui accuse GayLib de tous les maux et tous les torts. Les projets de l’exécutif, même lacunaires, à l’attention des homosexuels sont louables et ne seront pas une poire pour la soif pour la communauté LGBT qui en a besoin. Pour autant et par ce que l’on sait la force du symbole en matière de lutte contre l’homophobie, que l’on connaît les méfaits des violences verbales et physiques liées, que l’on souffre de tendances dépressives et suicidaires importantes au sein de la communauté dont la justification réside dans l’homophobie principalement, on ne pourra jamais se satisfaire du fait que l’homophobie soit banalisée, minorée, absoute au sein même de la représentation nationale, de l’exécutif et par nos gouvernants.

Le mot d’ordre de la Marche des Fiertés de ce samedi est «Égalité : ne transigeons pas !». Concernant l’homophobie, l’UMP et ses dirigeant ont non seulement transigé, ils ont acquiescé.

Joseph Mace-Scaron, invité de l’émission En Apparté sur Canal+et évoquant l’affaire de la Photo recadrée:

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Prix 2006 de la fdration des centres LGBT: