Dans un communiqué commun daté d’hier, le chef de l’Eglise catholique romaine, le Pape Benoît XVI, et son homologue en charge du culte Anglican, l’archevêque de Canterbury Rowan Williams, ont reconnu commun l’existence de «sérieux obstacles» sur le chemin de la réconciliation notamment sur l’ordination des femmes et les mariages homosexuels.
Divisées depuis le XVIe siècle, les deux Eglises entretiennent un dialogue marqué par la rencontre il y a quarante ans du pape Paul VI et le chef de l’Eglise anglicane de l’époque, Michael Ramsay. Les deux chefs religieux actuels se sont entretenus 25 minutes pour marquer cet anniversaire.
«Des siècles de l’aliénation entre les Anglicans et les catholiques ont été remplacés par un nouveau désir d’association et de coopération» estiment les deux leaders religieux dans leur communiqué, se félicitant «du dialogue fructueux» entretenu depuis.
Toutefois, les mêmes reconnaissent «publiquement le défi présenté par de nouveaux développements qui, en plus de créer des dissensions pour les Anglicans, constituent de sérieux obstacles à notre progrès oecuménique», «les questions importantes impliquées dans l’émergence des facteurs ecclésiastiques et moraux rendant ce voyage plus difficile et laborieux».
Si les sujets qui fâchent ne sont pas expressément nommés, ils n’en demeurent pas moins connus : ordination des femmes, d’homosexuelLEs et mariages homosexuels.
Ces mêmes sujets constituent par ailleurs un des risques majeurs de schisme pour la communion anglicane, l’Eglise nord-américaine ayant procédé à l’ordination au titre d’évêque de Gene Robinson, ouvertement homosexuel, provoquant la colère des Eglises Anglicanes africaines, majoritaires en nombre de fidèles au sein de la communion. L’ordination des femmes et des appels à la reconnaissance d’unions homosexuelles sont également des sujets schismatiques. La branche Nigériane, majoritaire en Afrique, menace toujours de se retirer des instances communes. Rowan Williams avait proposé sans succès de créer deux niveaux d’implication des différentes branches pour maintenir un semblant d’union.
Les conservateurs anglicans souhaitent un retour à l’Anglicanisme authentique proche de la vision de l’Eglise catholique de Rome sur les sujets sociétaux. Dans une «lettre ouverte, publiée il y a un an et signée par 17 des 38 primats de la Communion anglicane, l’archevêque de Canterbury était mis en demeure de «couper les branches mortes» et de prendre des mesures contre «l’immoralité sexuelle sans repentance» d’une partie du clergé de l’Eglise.
L’Eglise Anglicane est née d’un désaccord même sur les questions de moeurs. En 1534, Henri VIII, roi d’Angleterre, voulut voir son mariage avec Catherine d’Aragon reconnu nul par Rome pour pouvoir épouser Anne Boleyn. Le pape Clément VII, qui avait célébré ce mariage, ne lui donna pas satisfaction. La communion anglicane compte aujourd’hui 77 millions de fidèles dans le monde.
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Le communiqué commun du pape Benoît XVI et l’archevêque de Canterbury Rowan Williams (Anglais) : Ici.
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