En rentrant d’une soire particulirement inutile que j’aurais mieux fait de passer chez moi, je ne me doutais pas encore que la nuit me rservait une contrarit supplmentaire. Un ami avait eu piti de moi et me raccompagnait en voiture. Il tait 3h du matin et nous nous engagions sur un grand boulevard parisien, quand tout coup, des panneaux indiquant un rtrcissement de chausse nous obligrent nous rabattre. Le bouchon. Le boulevard tait encombr de camions l’arrt dont les feux de dtresse clignotaient. Ma dtresse moi tait certainement moins visibles mais pourtant bien relle, quand je m’aperus qu’on installait tout simplement les dcorations de Nol. Au mois d’octobre… Des types grimps tout en haut d’lvateurs accrochaient des guirlandes lectriques dans les branches des platanes (ce sont des platanes non ?) qui bordent les devantures des grands magasins. Comme il est quasiment hroque d’essayer de trouver un maillot de bains au mois de juillet, qui est comme chacun le sait, le mois o l’on achte surtout des aprs-ski, Nol commence dsormais au mois d’octobre. Dans trs peu de temps, nous verrons les vitrines farcies de guirlandes clignotantes, de boules scintillantes, d’automates nervants et des tas d’enfants le nez coll dessus. Les rues commerantes se peupleront de cratures la barbe blanche, vtues d’une robe rouge et qui tenteront, comme tous les ans, d’agresser les plus jeunes reprsentants de la population. Pour ceux que les ftes de fin d’anne dpriment… la vtre ! Je ne connais rien de plus dmoralisant que trois moches guirlandes d’ampoules qui rpandent une lumire glauque dans une rue dserte. Rien de plus stressant que de commencer se demander, deux mois avant, ce qu’il faudra offrir papa et maman. Evidemment, il y a de belles raisons commerciales ces prparatifs prmaturs. Mais dj que le calendrier des prsentations de haute couture (l’t en hiver, l’hiver en t…) me donne le vertige… Mes repres n’arrtent pas de foutre le camp. Je devrais vivre au rythme de la nature, la campagne, les deux pieds dans la glaise, avec mes vaches. Mais mme l, avec mes belles laitires, on ne me laisserait pas tranquille. Il faudrait quand mme que je subisse le passage l’heure d(=’hiver, puis l’heure d’t. Ce qui n’aurait pas pour effet de traumatiser mes vaches qui n’ont toujours pas l’heure, mais ben moi, qu’on ferait lever une heure plus tt ou une heure plus tard. Ma reconversion ne se fera pas dans l’levage.
Thomas Primo
