Les vieux dmons du
pape sur la sexualit, les homos et le sida
David & Jonathan,
mouvement homosexuel chrtien, est constern par les propos de
Benot XVI dans son livre La Lumire du monde qui
parat aujourd’hui en France, aux ditions Bayard. Nous ne trouvons aucune
inflexion significative dans les propos du pape sur la sexualit ou le
sida, tout au plus une petite avance concernant l’usage du prservatif,
vite dmentie. Bien plus, ses formules semblent expliciter l’esprit de ses
prcdentes dclarations sur le sujet, en novembre 2005 et mars 2009, mais
d’une manire plus abrupte.
Ce livre, au ton
svre, au regard dsespr sur le monde contemporain, est – sur ces
thmes – premptoire, scandaleux, mprisant et mensonger. Il condamne
l’homosexualit comme contraire la volont de Dieu. Il juge aussi comme
imparfaites en humanit bon nombre de vies affectives et sexuelles. Il
mprise enfin les actrices et acteurs de la prvention du sida et les
militant-e-s des droits humains.
Mensonger sur les
mouvements d’mancipation. Pour le pape, soutenir
la lutte contre les discriminations faites aux femmes et aux
homosexuel-le-s revient dployer une intolrance totalitaire envers
l’glise et ses convictions (pp. 77-78) ou s’loigner de la vraie
foi (pp. 128-129). Dans le combat pour les droits humains, nous
pensons au contraire que ce sont les autorits ecclsiastiques qui veulent
imposer leurs positions la socit civile, autant que cela leur est
possible ! Si ces autorits sont attaques, c’est en raison de leur
obstruction tout mouvement d’mancipation – en particulier des
femmes – et non pour l’expression de leurs valeurs
religieuses.
Mprisant envers les
actrices et acteurs de terrain. Dans la lutte contre
le sida, il prsente l’glise comme la seule institution se tenir
concrtement tout prs des hommes , et qui en fait plus que
les autres parce qu’elle ne se contente pas de faire des discours dans les
journaux, mais aide les sours et les frres sur le terrain
(p. 159). Quel mpris l’gard des autres acteurs de la prvention
et de leur travail ! Les catholiques qui luttent avec eux ne peuvent
se reconnatre dans une telle prtention.
Tordant l’esprit des programmes contre le VIH qui
valorisent l’abstinence et la fidlit ct du prservatif, le pape fait
de celui-ci un pis-aller inadapt qui banaliserait la
sexualit, la plongeant dans l’addiction. Celles et ceux qui utilisent le
prservatif seront heureuses et heureux d’apprendre qu’ils sont en fait
des drogu-e-s du sexe ! Ils seraient des millions, rien qu’en
France.
Le prtendu vagabondage sexuel existe
indpendamment du prservatif, qui est loin d’tre la
disposition de toutes et tous (pp. 160-161). Face la
pandmie, nous affirmons que mettre un prservatif est un acte responsable
pour que l’amour entre deux tres puisse rester une rencontre de
vie ! Son usage est une solution, minemment morale, n’excluant pas
l’abstinence et la fidlit, selon les choix de
chacun-e.
Une scandaleuse vision
de la sexualit. Sa fameuse
humanisation de la sexualit (p. 160), cette
rnovation spirituelle et humaine qui entrane un nouveau
comportement dans les relations entre les tres (p. 248),
suppose en fait que certain-e-s doivent voluer en abandonnant une
sexualit amorale et infra-humaine (pp. 159-161). Or, la sexualit de
chaque personne est humaine de fait (y compris celle des
prostitu-e-s) et chacun-e peut puiser en elle-mme, en lui-mme, des
ressources pour encore plus d’humanit, de responsabilit, de
libert.
Des jugements
premptoires sur l’homosexualit. Selon le pape,
l’homosexualit n’est pas conciliable avec la vocation de
prtres (p. 201). Or, toute vocation ne relve-t-elle pas de
la seule initiative de Dieu, sans distinction de personnes ? Dieu ne
se prive pas d’ailleurs d’appeler des homosexuel-le-s, y compris au
sacerdoce. Quelles seraient les aptitudes qui leur manqueraient pour tre
appel-e-s ? Est-ce que leur orientation sexuelle les loigne
du vritable rle de pre, du cour mme de la prtrise
(p. 201) ? En effet, qui mieux que des clibataires sans enfants
peuvent tre de vritables pres ! Et de nombreux exemples attestent
que les gays et les lesbiennes sont d’aussi bons parents que les
autres.
Se proclamant l’interprte de Dieu, il prtend que
l’homosexualit s’oppose l’essence mme de ce que Dieu a voulu
l’origine , sans savoir si elle est inne ou acquise (p. 200).
Si, tout hasard, l’homosexualit tait inne, comment Dieu pourrait-il
crer certaines de ses cratures dans une condition aussi contraire sa
volont ? moins d’imaginer un dieu pervers. Est-ce que les
homosexuel-le-s seraient plus marqu-e-s que les autres par le pch
originel ?
Selon cette logique, certaines sexualits seraient
en soi conformes la volont divine et d’autres s’y opposeraient.
Le pape rcuse ainsi la conviction qu’homosexualit et htrosexualit ont
mme valeur (p. 193). Nous croyons l’inverse de lui (p. 199)
que la diversit des sexualits tmoigne de la richesse de l’acte crateur
de Dieu.
Elisabeth MASSET, co-prsidente et Patrick
SANGUINETTI, co-prsident et porte-parole,
Plus d’informations sur www.davidetjonathan.com/spip.php?article5947
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