TaPaGeS (TransPdGouines de Strasbourg) participera la 9me Marche de
la Visibilit Homosexuelle, Bisexuelle et Transgenre le samedi 12 juin 2010 Strasbourg dans un pink, black, red…
block commun La Lune, Les Poupes en Pantalon, OTR et STS.
RV
14 h, place de l’Universit pour le dpart de la marche.
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Communiqu de presse de TaPaGeS (TransPdGouines de Strasbourg)
:
le
9 juin 2010
UNE
SI VASTE COLRE
Trans, pds, gouines, bi, intersexes en colre, nous avons cru dfaillir
tant de fois cette anne :
estomaquEs par l’odieux cynisme de Besson et l’infme dbat sur
l’identit nationale ; courEs par l’encouragement du racisme, notamment
anti-arabe, par le pouvoir politique ; sidrEs par les rafles, les expulsions
permanentes de sans-papierEs ; puisEs de voir la crise lgitimer les
nouvelles saloperies des banques et des tats ; estomaquEs par la capacit des
militants du capitalisme nier la responsabilit d’un systme meurtrier et
irrformable ; dgotEs par la politique coloniale du FMI ; interditEs devant
la propagande sur les retraites ; atterrEs par la nullit des socialistes et
leur entrain toujours tre du ct du manche ; hallucinEs par le Vatican qui,
pour se ddouaner de ses viols, nous les impute ; effondrEs de voir mourir les
militantEs pro-palestinienNEs et se poursuivre en toute impunit le sige de
Gaza ; rvoltEs devant les Prides menaces et rprimes ; plorEs de constater
que, toujours, le SIDA tout le monde s’en fout.
Gouines, trans, pds, bi, intersexes, nous savons trs bien pourquoi
nous sommes l : parce que, contrairement ce qui nous est dit, rien n’est
gagn, rien n’est acquis. Les ravages de l’homo-lesbo-transphobie sont en partie
invisibles. Le discours dominant nous assure que nous sommes, en Occident,
respectEs, librEs, mancipEs. Certes, il reconnat quelques drapages commis
par quelques individus qu’il condamne et, parfois, rprime. Notre combat serait
du pass, derrire nous. Il n’est plus qu’ faire la fte, entre deux chars
commerciaux, entre un groupe UMP et un groupe MODEM, parce qu’on est rigolos,
diffrentEs, glamour et exotiques.
Pourtant, qui peut dfendre rellement que les agressions, verbales et
physiques, ont diminu ?
Qui
peut avancer rellement que les rcents propos du dput UMP Vanneste n’engagent
que lui ?
Qui
peut affirmer que sortir du placard est sans encombre ni risques ?
Qui
peut soutenir que nous ayons les mmes droits que les personnes htrosexuelles
?
Que
la loi n’entrine pas notre infriorit ?
Qui
peut nier que l’tat franais entretient des relations harmonieuses avec des
rgimes qui nous condamnent mort et nous excutent ?
L’homophobie n’est jamais une haine individuelle : on ne hait pas toutE
seulE. L’tat se ddouane bon compte en la circonscrivant quelques
personnes. L’homophobie est partie prenante d’un systme d’oppression, fond sur
l’htrosexualit obligatoire et, simultanment, le sexisme.
L’homophobie n’est pas un drapage, un accident : l’ingalit est la
raison d’tre du systme qui nous gouverne.
Un
jour, nous avons dcid, chacunE notre faon, de ne plus mentir (et d’abord
nous-mmes), de ne plus nous cacher ; nous avons considr que, dsormais, nous
ferions ce que nous voulons de notre vie, animE par notre propre dsir et pas
celui, obligatoire, qui nous avait t enseign et lgu. Nous ne serions pas
les petitEs soldatEs inconscientEs de l’htrosexualit, cadenassEs par des
normes, enchanEs des vies rotiques, affectives et amoureuses qui n’taient
pas les ntres. Il fut dlicieux, malgr les risques et les difficults, de dire
non et de dcouvrir, avec ivresse, que l’on peut s’arracher son suppos
destin.
Nous avons pris got cette dsertion et la dcouverte que nous tions
mouvantEs, nomades.
AffranchiEs, nous avons observ combien d’autres normes renaissaient ;
combien la communaut homosexuelle tait son tour constitue
d’obligations, d’impratifs, de carcans divers, de gots et de rfrences
imposs, de comportements moutonniers mais aussi de sinistres jeux de
pouvoir.
Nous l’avons dsert son tour.
Et
de dsertions en dsertions, jusqu’ ce jour, nous tentons, collectivement, non
sans difficults, d’inventer une vie inaccaparable par la domination. C’est
fragile et compliqu. Mais pour l’avoir expriment, nous savons que c’est
possible et autrement plus intense, drle, excitant que les avatars de vie qui
nous sont concds.
Dans la rue, aujourd’hui, nous venons tmoigner que cette marche pour les
droits des personnes gay, lesbiennes, bi, trans’, intersexe, pour la
reconnaissance de nos irrductibilits, s’inscrit aussi dans toutes ces marches,
obstines, incessantes, que des individus accomplissent travers le monde. Ces
marches n’ont pour point commun que de dfendre une conception de l’humanit
radicalement diffrente de celle qui anime les tats.
Marches et manifestations qui, parfois, de loin, peuvent paratre
vaines.
Elles n’en sont pas moins essentielles.
Elles rappellent que court, contre toute attente et toute logique, sous
des milliers de formes et de slogans diffrents, le dsir irrpressible d’en
finir avec l’oppression et l’exploitation.
C’est pour cela, qu’ TaPaGeS, nous marchons.
Pour nos droits, pour nos vies mais aussi persuadEs que cette marche
s’inscrit son tour, malgr les marchands, malgr la droite, malgr les normes,
dans une colre plus vaste et que nous en sommes l’un des moments.
TransPdGouines de Strasbourg, le 9 juin 2010 http://tapages67.org/_pages/com/appelmarche2010_20100609.html
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