Nique ton Maire et nique les sondages !

Le raz-de-marée socialiste n’a pas eu lieu. Tout au plus avons nous a faire à un léger éjaculât rose et vert. Paris aura-t-elle enfin son premier Maire ouvertement gay de l’histoire ? C’est bien parti mais l’affaire n’est pas encore dans la poche. Bertrand Delanoë arrive en tête du premier tour avec 31,31 % des suffrages. Jean Tibéri, le Maire sortant, que tout le monde donnait moribond, victime expiatoire des années Château Chirac, crée la surprise avec 13,92% des voix. Il caracole même à 40,07 dans son fief du 5ème arrondissement. Les Verts, menés par Yves Contassot obtiennent quand à eux 12,35 des suffrages. Qu’en est-il du vote gay ? Tous les candidats, même les plus réactionnaire (anti-Pacs, anti adoption, anti-mariage homo, et patati et patata) y étaient allés de leur racolage opportuniste en direction des gays et lesbiennes. La presse communautaire ressemblait un peu ces derniers temps à ces panneaux électorales qui fleurissent, le temps d’un vote, le long des murs d’écoles. Débordants d’affiches et de programmes indigérables. Tous accordaient moults interviews et de nombreuses réunions rassemblaient ce petit monde. Mais pour quoi faire en somme ? Avant, les gays et lesbiennes étaient la plupart du temps ignorés par les candidats, surtout à droite (quoi que déjà, dans les années 80, le journal Gai Pied avait déjà donnés la parole à de nombreux candidats aux diverses élections). Donc, les gays incarneraient enfin le nouveau lobby à la mode. Il serait indispensable de se les mettre dans la culotte pour remporter des élections. Les monarques prétendants aux trônes locaux le savent bien qui, de Paris à la province, y vont d’oillades en roucoulades pour emporter l’adhésion de la communauté gay. Votez pour moi, comme un incantatoire « priez pour moi ». Les promesses n’engagent que ceux qui les tiennent mais les plus gros menteurs sinon les moins progressistes se trouvent tout de même à droite. On ne vote pas pour un candidat parce qu’il est pédé, gouine, hétéro ou zoophile. On vote avant tout pour un programme qui tient la route et nous prend véritablement en compte. Concernant nos droits et la lutte contre le sida, les propositions les plus cohérentes et consistantes émanent quand même de la gauche. Et on prendra bien garde à ne pas se faire berner par les séductions opportunistes des candidats de droite. Après l’interview de Philippe Séguin dans le journal gay Illico, à quand le portfolio de Tibéri nu dans Têtu ?
Enfin, cela aurait tout de même de la gueule d’avoir un Maire pédé à la tête de la capitale. On ne va pas faire la fine bouche. Il est vrai que de nombreux hommes politiques de gauche et quelque uns de droite (beaucoup plus rares) ont déjà défilés aux Gay Pride. Le candidat à la Mairie de Paris, Bertrand Delanoé, en fait partie depuis belle lurette. Cela ne l’empêche pas de préciser qu’il n’est pas un homosexuel militant (alors quoi ? un pédé intégrationniste bon teint ? Une folle honteuse ?) et qu’il ne veut plus qu’on parle de son homosexualité dans la presse. A-t-il préféré désamorcer lui-même un pétard mouillé en faisant son Come Out préélectoral ? Nous ne sommes pas aux Etats-Unis et tout le monde se contrefout ici-bas de savoir qui suce qui. Oui, ce serait formidable que le nouveau Maire de Paris, homo, défile à la Gay Pride 2001 comme cela se fait dans certaines villes des Etats-Unis. Mais c’est comme pour la Saint Sida du premier décembre : un jour par an, ce n’est pas suffisant. C’est au long cours, au jour le jour, que l’on verra si notre prochaine folle à écharpe est également un bon Maire. Et dieu sait que les pédés ont un rapport fusionnel avec leur Maire. De la à se faire empapaouter par de trop vagues promesses ? De toute façon, en fin de compte, un pédé gauchiste votera toujours à l’extrême gauche et un pédé centriste ou fasciste votera sempiternellement à droite. Que ce soit pour une folle ou pas.