Le laboratoire ABBOTT prend les malades en otage

Communiqu de presse Act Up-Paris – 29 mars 2007

4e confrence VIH francophone 29 – 31 mars, Cit des Sciences et de
l’industrie

Tandis qu’Abbott vantait son « engagement dans les pays en voie de
dveloppement », Act Up-Paris a interrompu ce matin le symposium du laboratoire
pour dnoncer le chantage qu’exerce ce dernier sur les malades en Thalande et
appeler son boycott :

LE LABORATOIRE ABBOTT PREND LES MALADES EN OTAGE

ACT UP-PARIS APPELLE AU BOYCOTT DE SES PRODUITS

Le laboratoire Abbott a annonc qu’il refusait de mettre disposition des
malades du sida en Thalande un mdicament VIH essentiel, en reprsailles contre
la dcision du gouvernement thalandais de lever le monopole dont jouissait
Abbott sur les ventes de ce mdicament (1). Act Up-Paris dnonce le laboratoire
Abbott, qui n’hsite pas prendre en otage des malades du sida et les priver
dlibrment d’un mdicament vital, et ce, dans le seul but de gagner encore
plus d’argent.

La ranon qu’exige Abbott pour laisser les malades accder en Thalande ce
mdicament anti-VIH, est que le gouvernement thalandais lui rende le monopole
dont il jouissait sur le Kaltra comprims jusqu’en janvier dernier (2). En
effet, la Thalande avait alors annonc qu’elle levait le brevet d’Abbott et
appelait les fabricants de gnriques lui proposer des versions moins chres
de ce produit.

La dcision de la Thalande de lever le brevet d’Abbott est lgale, aux
termes des dispositions du droit international. Le gouvernement franais a
d’ailleurs exprim son soutien aux autorits thalandaises dans un communiqu du
Ministre des affaires trangres du 26 mars (2).

La Thalande cherche depuis septembre 2005 mettre en application
l’engagement pris par les chefs d’Etat des Nations Unies d’atteindre d’ici 2010
l’accs universel au traitement du sida. La Thalande a urgemment besoin du
Kaltra comprims d’Abbott, car ce produit est le premier de sa catgorie
rsister la chaleur des tropiques. Mais Abbott vend son mdicament pour 2200
dollars en Thalande, alors que la firme reconnat qu’il lui cote moins de 500
dollars fabriquer (3). Or, la Thalande compte plus d’un million de personnes
sropositives : elle est incapable de donner un accs universel ce produit au
prix exig actuellement par Abbott. Aprs plus de six mois de tentatives
infructueuses pour amener Abbott baisser son prix, le gouvernement thalandais
a donc dcid en janvier dernier de mettre en application les dispositions de
l’OMC sur le recours aux mdicaments gnriques.

C’est en menaant la vie des malades en Thalande qui ont besoin en urgence
du Kaltra comprims qu’Abbott tente de forcer la Thalande se priver de son
droit OMC aux mdicaments gnriques. Cette prise d’otage relve d’un
comportement terroriste de la part de ce laboratoire.

Act Up-Paris appelle les personnes suivant un traitement VIH sur le
territoire franais :

– signer la ptition d’appel au boycott solidaire propose par le Rseau
Thalandais des Sropositifs (5)

– envisager immdiatement avec leur mdecin traitant la mesure dans laquelle
il leur est possible de remplacer le Kaltra d’Abbott par l’un des mdicaments
les plus proches, comme le Reyataz associ du Norvir.

Act Up-Paris appelle le ministre de la Sant Philippe Bas :

– condamner publiquement le fait, pour un laboratoire pharmaceutique,
d’utiliser l’arme de la privation de mdicaments – ou toute autre mesure de mise
en danger des malades – dans ses efforts pour maintenir des prix levs ;

– offrir la Thalande le secours de la France face la tentative de blocus
organise par Abbott, en partageant avec la Thalande l’accs garanti aux
produits VIH d’Abbott dont jouit la France (en tant que deuxime plus gros
dbouch d’Abbott).

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(1) Reuters, 14 mars 2007 : Abbott Labs spurns Thailand

(2) Dirk Van Eeden, Directeur de la Communication d’Abbott, in The Nation,
quotidien thalandais : Thailand has chosen to break patents on numerous
medicines, ignoring the patent system. As such, we’ve elected not to introduce
new medicines there

Les lois anti-dumping des Etats-Unis interdisent Abbott de vendre
au-dessous du cot marginal de fabrication ; ainsi, le prix le plus bas pratiqu
par Abbott, 500 dollars pour les pays africains les plus pauvres, est
ncessairement suprieur au prix de revient du produit.