Non, non, non et non ! Faut-il vraiment que vous courriez acheter le dernier numéro de Wallpaper dès que vous envisagez de refaire la déco de vos toilettes ? Vos verres à vin se doivent-ils d’avoir été achetés au Conran Shop à Londres ? Faut-il vraiment écumer tous les Habitats de France et de Navarre pour trouver cette adorable descente de lit que vous avez vu dans le dernier photoshoot de Gala sur la maison de Cameron Diaz à Malibu ? Vous vous trouvez extrême ? On peut le dire comme ça, mais moi, je préfère vous traiter de pathétique. Ça n’engage que moi.
La prochaine poufiasse que j’entends dire : « Mon décorateur est génial. Il est homo! » je lui ravine le faciès. Car enfin sommes nous vraiment ce parfait mélange de goût, de raffinement et de style tant adulé par nos amies hétéro ? Toujours prêt à sacrifier ma personne pour une plus grande connaissance de notre petite communauté, me voilà parti en quête de savoir pourquoi nous, pédés, avons la décoration en intraveineuse.
Abandonnant ma moitié dont la seule notion de déco s’arrête au « je-jette-là-où-y-a-d’la-place » et déposant soigneusement ma carte bleue sur la tablette de nuit, je me dirige vers mon premier centre d’étude : Habitat, rue de Rivoli. Immergé au milieu des luminaires et des voilages, je me pause telle une bouse et observe la faune. Et pour repérer de la tata, Madame, j’en ai repéré ! Une concentration de pédés au m2 que seul le Marais peut battre. Et je te suis au milieu des canapés, et je te mate en passant 2 heures à choisir un sous verre (vous vous trouvez pas ridicule là, parce vraiment il n’y a rien qui ressemble plus à un sous verre qu’un autre sous verre, mais bon…). Et c’est sans compter les couples qui vous donnent envie de vomir à choisir sans fin un coordonnée de draps pêche pour leur nouveau lit en 2m10.
Un petit peu saoulé par cet amalgame de minimalisme et de fausse sobriété, j’entends un de nos sujets d’étude exprimer son besoin d’aller au BHV pour acheter un « cache plastique pour les fils de son combo TV audio ». Non mais il peut pas dire télé, magnétoscope et chaîne hi-fi comme tout le monde. Pauv’ folle ! Arrivé au sous sol du Bazar de l’Hôtel de Ville, rayon bricolage Madame, qu’elle ne fut pas ma surprise. Le Quetzal à côté, c’est un lieu de sociabilité pour carmélites effarouchées. Qui a dit que les gays ne connaissaient rien au bricolage ? On dirait bien que la scie sauteuse et le clef anglaise ne sont plus l’apanage de nos amies les camionneuses mais sont bel et bien rentrées dans la panoplie du parfait Butch en treillis et haut de survêt’ (enfin, butch, tant qu’ils n’ouvrent pas la bouche ; mais c’est une autre histoire…).
Bien sûr, je ne pouvais pas finir cette petite étude sur les tatas et la déco sans faire notre habituel tour chez Dom pour me rappeler quand même qu’une poufiasse vulgaire dort en chacun de nous. Voyons, il n’y a bien que vous pour dépenser 2 mois de salaire dans ce petit meuble en bois de hêtre scandinave et finir par y coller dessus un Bouddha multicolore en plastique à 20 balles, une boite de kleenex en alu façon « I am so hightech » et une ribambelle de bougies style Madonna dans Like a Prayer. Et oui Madame, on a des standards et pas n’importe lesquels !!
Enfin moi, dans tout ça, je ne me suis pas fait maté une seule fois quand même. Je sais pas comment je dois le prendre (qui a dit mal ?). En tout cas, j’ai acheté pour la modique sommes de 30 balles cette adorable bougie qui fera tellement bien à côté de mon Bouddha multicolore en plastique. Comment ça, comme tout le monde ? Pas du tout ! Le mien, quand on lui touche la tête, il chante la prière du matin en Sri Lankais. Et toc !
