Act Up-Paris – Communiqu de
presse du
2006
Pascal Clment est fier de
ses prisons
Le commissaire des droits de
l’homme du conseil de l’Europe, Alvaro Gil-Robls a rendu public aujourd’hui
mercredi
2005
conditions de dtention dans les prisons franaises. Celles-ci sont
considres par le commissaire comme tant « les pires d’Europe » : la
surpopulation carcrale due des peines plus nombreuses et plus longues qui ont
lieu dans des infrastructures insalubres et qui rendent inhumaines les
conditions de dtention. En rponse ce rapport, Pascal Clment, le ministre de
la justice, se contente de rpondre : « le constat de M. Gil-Robles est connu,
mais il date dj ».
Ce qui est connu galement,
qui « date dj », mais que, contrairement P. Clment, nous ne pouvons pas
accepter est l’impossibilit pour les dtenus malades de bnficier d’un
vritable accs aux soins en prison : compte tenu de la surpopulation carcrale,
le personnel mdical des UCSA (unit de consultations et de soins ambulatoires)
n’a pas les moyens de faire face un surcrot de travail. De plus, les
personnes atteintes de pathologies lourdes voient leur tat de sant fragilis
par un univers propice la violence et au stress. Les dtenus malades ayant
besoin d’examens mdicaux approfondis ou de traitements adquats dans le cadre
d’hospitalisation de moins de 48 heures doivent ds lors se rendre l’hpital
de proximit. Cependant, de trop nombreuses extractions mdicales sont annules
ou refuses en raison du manque de personnel policier ou pnitentiaire. De plus
les dtenus malades sont contraints d’tre menotts, ce qui est une source
supplmentaire de stress et d’humiliation.
Enfin, alors que la
lgislation franaise prvoyait une suspension de peine pour les dtenus
atteints de pathologies lourdes dont « le pronostic vital est en jeu « et/ou dont »
l’tat de sant est durablement incompatible avec la dtention », Pascal Clment
et les parlementaires ont largement amput l’automne dernier ces dispositions
lgislatives. Ainsi, les deux expertises mdicales ncessaires l’octroi de la
suspension de peine ont t mises mal par la notion de « risque lev de
rcidive » introduite dans la loi lors de cette rforme. Pour sa part, le
ministre de la justice estime que « les malades, mme atteints d’une affection
grave mais qui ne sont pas au seuil de la mort n’ont pas bnficier de cette
loi, ils peuvent tre soigns en dtention et ils le sont ». Cette remarque
dmontre une nouvelle fois le mpris du garde des Sceaux pour les dtenus et
leurs droits, ainsi qu’une profonde mconnaissance du milieu
carcral.
Act Up-Paris estime que le
difficile accs aux soins, la surpopulation carcrale, l’insalubrit des
btiments et le manque d’hygine sont autant d’lments justifiant
l’incompatibilit d’une personne atteinte d’une pathologie lourde avec la
dtention.
Le rcent rapport de
l’Observatoire International des Prisons (OIP), l’tude sur « l’accs aux soins
des personnes dtenues » de la Commission nationale consultative des droits de
l’homme, le rapport snatorial de 2001, « Prisons
: une honte pour la
Rpublique » et aujourd’hui le rapport du conseil de l’Europe sont autant de
bilans qui dmontrent les graves dysfonctionnements des prisons
franaises.
Act Up-Paris exige
:
– que des alternatives
l’incarcration soient mises en place
– que cesse la surpopulation
carcrale
– une plus large application
de la loi de suspension de peine
– que les diffrentes
recommandations sur l’tat de nos prisons soient enfin suivis d’actions
concrtes.
