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Politique et infantilisme.

Le thème de l’émission « Ce qui fait débat » avait de quoi aiguiser la curiosité. Un plateau de maître – Jean-Pierre Chevènement, Claude Allègre, Nicolas Sarkozy, Noël Mamère, Christine Boutin, Clémentine Autain, Nicolas Perruchot, etc. – et un exercice de haute voltige mais jubilatoire pour un Michel Field qui comptait bien cadrer le débat et les participants sur le thème de « La politique autrement. »

Tout avait bien commencé pendant les 15 premières minutes de l’émission : Respect du temps de parole et aucune dérive du sujet.
Mais c’était sans compter sur la nature première des vieux roublards de la politique, à qui la télévision-poubelle propose de moins en moins d’occasions de s’exprimer. A tel point que lorsque l’opportunité est donnée, semblant de rien, chacun saisit l’occasion de racoler, avant l’heure, quelques voix.

L’émission a bien failli tourner au vinaigre quand Christine Boutin (UDF) a menacé l’animateur de quitter le plateau parce qu’elle venait de se prendre une volée de bois vert, pas par Noël Mamère mais bien par Philippe Meynard (UDF aussi) « …à moins que pour vous, Madame Boutin, les homosexuels ne soient pas des êtres humains ? »
Michel Field fronce alors les sourcils « Ah non ! Madame Boutin, vous ne quittez pas le plateau. Je vais me fâcher ! » Rattraper comme une gamine par le fond du froc, Christine Boutin l’air renfrogné s’assoit, un peu plombée, sur son orgueil.

Un débat intéressant qui s’achemine doucement au milieu des vannes de collégiens. Claude Allègre « Ubu », professeur invétérer et donneur de leçon, se fait moucher par l’insolent Sarkozy : « Votre cours de ce matin ne semble manifestement pas vous suffire, vous trouvez encore le moyen de me faire la leçon le soir. »
Alors que jusque là Noël Mamère semblait, lui, placer habilement ses billes à chaque intervention, il se fait soudainement railler par Allègre sur la polémique de la généralisation des voitures électriques à Paris, que les Verts n’ont jamais voulu mettre en place (nucléaire oblige), dénonçant ainsi le sectarisme idéologique du parti écolo.

Mais on retiendra surtout, que peut-être pour la première fois dans l’histoire de la politique, un homme politique, Claude Allègre (encore lui), a bien voulu concéder cet état de fait : Le débat idéologique n’est plus de mise aujourd’hui. Sous la contrainte de la mondialisation, les clivages Droite-Gauche n’ont plus véritablement de sens. La politique nationale, celle menée par les ministres et le président de la république en France n’est qu’une affaire de technique. Et personne sur le plateau, même dans l’opposition, ne semble vraiment parvenir à la démonstration inverse. Le débat se recentre alors sur l’impuissance politique.

Deux Politiques en France : La politique de proximité active et inhibée contre la politique de l’hémicycle « plate et qui écoeure », selon Alain Krivine.

« Les citoyens veulent des résultats concrets et rapides, et un pouvoir identifiable ». La crise de la politique en France mais plus encore l’urgence de la situation au sein des villes et des régions, recommande peut-être aujourd’hui, une dé-monopolisation et une décentralisation des pouvoirs de la politique nationale vers la politique de proximité, celle menée par les députés et les maires.
Une mesure à l’image d’une organisation à l’Américaine, des Etats dans l’Etat, mais à la sauce française qu’il faudra bien entreprendre un jour. Une réorganisation de la politique dont l’enjeu est de re-mobiliser et surtout de responsabiliser les citoyens en les informant et en les faisant participer au débat public.

Pour ceux qui auront eu la curiosité de zapper sur France3 mercredi soir, ils auront été les témoins d’un débat accessible et qui, dans un excès d’optimisme, laisse à penser que les choses pourraient avancer.
Il y avait bien longtemps que nous n’avions pas assisté un aussi bon moment de télévision, tant sur le fond que sur la forme. Merci le service public et merci à Michel Field.



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