Alors qu’en France l’interdiction a été confirmée en 2009 par les autorités de Santé et l’exécutif, le Royaume Uni s’apprêterait à rejoindre l’Italie, le Portugal ou bien encore la Suède parmi les pays qui ne discriminent pas les gays désireux de donner leur sang.
UNE ANNONCE «DANS UN AVENIR PROCHE»
Ancienne infirmière, la ministre britannique de la Santé et membre du Parti conservateur, ferait bien de s’entretenir avec son homologue français, Xavier Bertrand. Interrogée par un parlementaire conservateur, Anne Milton a indiqué que la levée de l’interdiction faite aux gays de donner leur sang était à l’étude et que le gouvernement ferait sur le sujet une annonce «dans un avenir proche».
Les mêmes critiques qu’en France sont opposées au maintien de cette interdiction jugée discriminante et reposant sur des stéréotypes à l’encontre des homosexuels. Les partisans de l’ouverture de l’ouverture du don du sang aux homosexuels avancent que doit être retenue désormais la notion de «pratiques à risques» à celle de «groupe ou population à risques».
Pour le député Andrew Stephenson qui interrogeait la ministre, cette levée de l’interdiction est nécessaire car le Service national du Sang (ndr: équivalent britannique de l’Etablissement Français du Sang) «avait un grand besoin de nouveaux donateurs». La ministre attend les conclusions d’un comité consultatif gouvernemental, saisi sur le sujet en 2009, pour définitivement se prononcer. Le Premier ministre David Cameron s’est déjà prononcé pour la levée de l’interdiction faite aux gays.
UNE INTERDICTION REAFFIRMEE EN FRANCE
Signé par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, l’arrêté du 12 janvier 2009 fixe les critères de sélection des donneurs de sang en France. Cet arrêté a réaffirmé l’interdiction permanente faite à tout «Homme ayant eu des rapports sexuels avec un homme» de donner son sang, quelque soit la date, la fréquence, le nombre et la nature des rapports (homo)sexuels. Ainsi, tout homme déclarant avoir eu un rapport avec un autre homme, même sans aucune pratique à risque, se verra de facto interdit de donner son sang alors que le même arrêté prévoit un délai de 4 mois après un dernier rapport hétérosexuel et occasionnel non protégé ou après la fin d’une situation de multi ou de nouveau partenariat pour un hétéro.
Dans L’Express, le directeur de l’Etablissement Français du Sang (EFS), le docteur François Destruel, déclarait ainsi que «Pour le sida, les études montrent que, pour les homosexuels masculins, le taux de contamination « prévalence » est entre 60 et 100 fois plus important que pour le reste de la population. Et que le taux de multipartenariat est bien supérieur aux hétérosexuels».
Régulièrement dénoncée par les associations LGBT et de lutte contre le Sida comme discriminante et injustifiée, cette doctrine française avait conduit un gay français, Alexandre Marcel, a porté plainte contre l’EFS. De son côté, Jean-Luc Romero, président d’Elus Locaux contre le Sida, avait saisi la Halde, sans que ces deux actions n’aient aboutie à une réforme de la législation française.
En juin 2009 et à l’initiative originale d’Alexandre Marcel, un sondage de l’institut BVA révélait qu’à la question «Les personnes homosexuelles ne sont pas autorisées à donner leur sang. Trouvez-vous cela justifié ou pas justifié?», 76% des personnes interrogées répondaient «pas justifié» contre seulement 17% pour qui l’interdiction était «justifié».
Pour les militants LGBT, seuls les candidats donneurs n’ayant pas de multipartenariats, en couple stable et sans pratiques à risques devraient être autorisés à donner leur sang, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels. «Malgré la situation très préoccupante décrite par l’Etablissement français du sang quant au manque du nombre de dons, plusieurs millions de nos concitoyens – les homosexuels – sont toujours écartés du don du sang du fait simplement de leur orientation sexuelle et non d’une possible conduite à risques» rappelait ainsi Jean-Luc Romero.
D’autres pays, comme le Portugal, la Suède ou l’Italie, ont fait évoluer avec succès leur doctrine sanitaire sur le sujet.
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