Communiqu 
      de presse Asud, Anitea, Act Up-Paris, Gaa Paris, Safe, Sos Hpatites 
      Paris, salledeconsommation.fr, SOS Drogue International
  Le 26 
      janvier 2011
  Les 
      conventions internationales sur les stupfiants n’interdisent pas les 
      salles d’injection supervises (SIS) !
  Ce 
      mercredi  18h15, la mission d’information parlementaire sur la 
      toxicomanie auditionne Marc Moinard, expert auprs de l’Organisation 
      Internationale de Contrle des Stupfiants (OICS). A cette occasion, le 
      collectif du 19 mai tient  clarifier la position ngative de l’OICS sur 
      les centres d’injection supervise, principal argument contre les centres 
      d’injection supervise avanc par la MILDT (1) et l’Acadmie de mdecine 
      (2).
  tabli 
      en 1968, l’Organe International de Contrle des Stupfiants (OICS) est un 
      organe de contrle indpendant charg de surveiller l’application des 
      traits internationaux relatifs au contrle des drogues. C’est une unit 
      administrative du Programme des Nations Unies pour le Contrle 
      International des Drogues (PNUCID). Compos de 13 membres dont seulement 
      trois sont des professionnels du soin, et d’autres viennent de pays encore 
      loigns de la dmocratie, dont l’Iran, la Chine, la Thalande, 
      l’Indonsie, l’OICS s’est souvent montr rticent au regard de la 
      rduction des risques. Son avis de 1999 en fait le seul organisme 
      interprter ces conventions comme limitatives  l’tablissement de SIS. 
      Cet avis, multipliant l’emploi du conditionnel et procdant d’un 
      raisonnement par analogie aussi peu juridique que scientifique, a de plus 
      vari sur le motif voqu : en 1999, c’est la convention de 88 qui est 
      voque, en 2003, c’est celle de 1961!
  Or dans les conventions 
      internationales relatives aux stupfiants (3) de 1961, 1971 et 1988, qui 
      codifient les engagements des tats membres de l’ONU pour contrler 
      l’offre et la demande, aucune ne fait mention de salles d’injection 
      supervises, ni d’autres types particuliers de mesures de rduction des 
      risques (comme les programmes de substitution  la mthadone ou les 
      changes de seringues).
  De plus, en 2002, sur demande de l’OICS, la 
      section des affaires lgales du PNUCID rend un avis juridique (4) qui 
      prcise qu’ il est difficile d’affirmer qu’tablir des SIS corresponde 
      l’intention d’inciter, d’induire, d’aider ou de faciliter la consommation 
      ou mme la possession de drogues illgales . Les auteurs prcisent que si 
      ces actions peuvent paratre insuffisantes d’un point de vue de 
      rduction de la demande , elles ne constituent pas une intention 
      d’inciter  la commission d’un crime tel que stipul dans la Convention de 
      1988.  L’intention des gouvernements est de fournir des conditions plus 
      favorables  la sant pour ceux qui abusent des drogues, de rduire les 
      risques d’infection par des maladies transmissibles et d’offrir des 
      services d’assistance psychosociale et d’autres options de traitement . 
      Et cela en accord avec l’article 38, 1 de la convention de 1961 qui 
      oblige les tats  prendre  toutes les mesures possibles pour prvenir 
      [l’usage] et pour assurer le prompt dpistage, le traitement, l’ducation, 
      la postcure, la radaptation et la rintgration sociale des personnes 
      intresses .
  C’est dans le mme sens que des avis juridiques 
      suisses (5), allemands (6) concluent que les SIS ne violent pas les 
      traits internationaux.
  L’OICS ne s’intresse pas aux autres 
      priorits de l’ONU telles que la lutte contre la pandmie VIH et la 
      rduction de risques. Il a pris de nombreuses positions contre la 
      rduction des risques ou cautionnant des politiques mortelles pour les 
      usagers de drogues. Par exemple, en 2006, la proposition d’une 
      reclassification de la buprnorphine sur la liste des stupfiants, 
      proposition rejete par le comit d’experts sur la dpendance aux drogues 
      de l’OMS en raison des bnfices reconnus de la buprnorphine en termes de 
      prvention du VIH et de rduction de la mortalit associe aux drogues7. 
      Drogeant aux missions et principes dicts par la convention de 19618, il 
      ne s’est oppos ni  la Russie o buprnorphine et mthadone sont 
      considres comme illgales, ni aux mthodes de traitement de pays qui 
      incluent l’incarcration, les travaux forcs voire les lectrochocs ou la 
      lobotomie. Enfin, au cours de la « guerre aux drogues » mene par la 
      Thalande en 2003, durant laquelle plus de 2500 usagers de drogue ont 
      trouv la mort et 50000 ont t incarcrs, l’OICS n’a pas hsit 
      exprimer sa confiance envers le gouvernement thalandais, l’encourageant 
      continuer ses « recherches » en termes de lutte contre la toxicomanie, 
      estimant qu’elles auraient permis de diminuer la consommation de 
      mthamphtamine.
  Alors que l’efficacit des approches intgrant une 
      palette varie de rponse, prvention, soins et RDR, est dsormais prouve 
      scientifiquement, l’OICS apparat ainsi comme uniquement centr sur les 
      approches rpressives. Il est tonnant et inquitant de le voir lev au 
      rang d’avis absolu par le prsident de la MILDT et par l’Acadmie de 
      Mdecine !
  (1) 
      http://www.drogues.gouv.fr/actualitespresse/decryptage/salles-de-consommation/index.html (2) 
      http://www.academie-medecine.fr/detailPublication.cfm?idRub=27&idLigne=2090 (3) 
      On trouve les textes en franais de la Convention unique sur les 
      stupfiants de 1961, du Protocole de 1972 portant amendement de la 
      Convention unique sur les stupfiants de 1961, de la Convention sur les 
      substances psychotropes de 1971 sur un site juridique du gouvernement de 
      la Suisse, http://www.admin.ch/ch/f/rs/0.81.html 
      ; et celui de la Convention (de Vienne) contre le trafic illicite des 
      stupfiants et de substances psychotropes de 1988, http://www.incb.org/pdf/f/conv/convention_1988_fr.pdf. (4) 
      United Nations Office of Drugs and Crime Legal Opinion that Harm Reduction 
      Measures Do Not Violate UN Treaties – Prepared for the Internation 
      Narcotics Control Board 2002, https://docs.google.com/viewer?a=v&pid=explorer&chrome=true&srcid=0B38clYNxRm2jNWQyYWYxZmUtODEzZS00NmRiLWFlN2ItOWM2ZDEzYjU1YTdh&hl=fr (5) 
      Bertil, C., Sychold, M. (2000) Use of Narcotic Drugs in public injecting 
      rooms under Public International Law – AVIS 99-121c. Swiss Institute of 
      Comparative Law, p. 6. (6) Hedrich, D. (2004) European report on drug 
      consumption rooms. Luxembourg, European Monitoring Centre for Drugs and 
      Drug Addiction, 96 p. (7) ECDD. Buprenorphine (final decision). Geneva, 
      World Health Organization, 2006 (8) Csete J, Wolfe D. « Progress or 
      backsliding on HIV and illicit drugs in 2008 ? », Lancet, 2008, 371, 9627, 
      1820-1  |