Communiqu – Act Up-Paris – 15 juillet
2006
Sida : le G8 ne tient pas son engagement de 2005 de
stopper l’hcatombe
Au sommet du G8 de Gleneagles l’anne dernire, les leaders du G8 se sont
engages a tout mettre en oeuvre pour atteindre, d’ici 2010, l’accs universel
au traitement du sida. En effet, plus 40 millions de personnes sont contamines
par le virus du sida, et celui-ci a dj fait plus de 25 millions de morts
depuis son apparition en 1981.
Or, au cours des 12 derniers mois, les leaders du G8 ont maintenu l’ensemble
de leurs politiques qui empchent la ralisation de l’accs universel.
LE SOUS-FINANCEMENT EMPIRE
Selon ONUSIDA, le sous-financement de la lutte mondiale contre le sida , au
lieu de diminuer suite a l’engagement des leaders du G8 Gleneagles, a en
ralit empir entre 2005 et 2006: il va faire un bond de 50% pour atteindre 6
milliards de dollars manquants en 2006.
En effet, d’aprs le Resource Tracking Department d’ONUSIDA, les pays du G8
vont augmenter en 2006 leur contribution la lutte mondiale contre le sida
de moins d’1 milliards de dollars, alors qu’une augmentation globale de 7
milliards est ncessaire.
En aot 2005, l’ONUSIDA a publi officiellement son valuation des moyens
mettre en oeuvre pour stopper la progression de la pandmie du sida
d’ici 2008 (1). Cette tude valuait les besoins 12 milliards de dollars
pour 2005 et 15 milliards pour 2006. Elle prcisait qu’en 2005, seuls 8
milliards de dollars taient budgts.
Pour passer 15 milliards en 2006, il aurait donc fallu en 2006 augmenter
les budgets de 7 milliards. Rappelons que 7 milliards de dollars ne reprsentent
que 0.03% du PIB 2005 des 7 pays les plus riches (27 000 milliards de dollars
par an, chiffre OCDE).
S’il est vrai que la France a fortement augment sa contribution en 2006, en
passant de 150 millions de dollars (2) 250 millions (3), celle-ci reprsente
toujours moins de 2% du total des besoins, alors que la France concentre 6%
de la richesse de l’OCDE. Rappelons que la Grande-Bretagne, elle, contribue
prs de 700 millions de dollars par an la lutte mondiale contre le
sida, et ce depuis 2005 (4).
D’aprs le Resource Tracking Department d’ONUSIDA, aucun des autres pays du
G8 n’a, en 2006, augment sa contribution financire de manire significative –
et aucun n’a pour l’instant prvu de le faire en 2007.
LES MONOPOLES PHARMACEUTIQUES RENFORCES
Durant l’t 2005, quelques semaines seulement aprs Gleneagles, les
gouvernements du G8 ont rejet l’OMC la demande dpose par les pays africains
d’largir les possibilits d’exportation des mdicaments gnriques entre pays
en dveloppement.
Depuis 1999, le prix dans les pays pauvres d’un traitement anti-VIH de
premire gnration est pass de 10 000 dollars par an (mdicament brevet)
150 dollars par an (mdicament gnrique), soit une baisse de 98% (5). Grce
cette baisse des prix, le nombre de malades ayant accs un traitement dans les
pays pauvres quintupl entre 1999 et 2006, passant de 240 000 1.3 millions
en 2006 (6).
Cette concurrence gnrique n’a t possible que pour les vieux l’OMC
sur les brevets, en 1995. Si ces vieux mdicaments ont pu chapper au
brevetage dans des pays en dveloppement (Inde, Brsil, Chine), ce n’est pas le
cas des mdicaments, dont les malades du Sud ont pourtant un besoin urgent (par
exemple le lopinavir thermo-stable, sorti en 2005, qui ne ncessite pas de
rfrigration).
Bien que des clauses existent dans le droit commercial international pour
permettre de fabriquer et d’exporter des gnriques malgr les brevets, ces
clauses n’ont ce jour jamais t utilises par les pays pauvres. D’aprs les
industriels europens du gnrique, la procdure suivre est bien trop
complique, et trop restrictive (7).
C’est pourquoi, le 23 mars 2005, les pays africains ont dpos l’OMC une
demande de simplification de la procdure (8). Mais la rentre 2005,
l’ensemble des pays du G8 – y compris la France – ont rejet cette demande, si
bien qu’au final, les pays africains ont d accepter que la procdure soit
verrouille telle quelle, sans la moindre amlioration, afin de sortir cet
pineux problme de l’agenda de la confrence de Hong-Kong.
Act Up-Paris exige :
-que, pour tenir leur engagement stopper l’hcatombe du sida, les
dirigeants du G8 se mettent d’accord entre eux sur qui paye quelle
part du cot d’une lutte efficace contre la pandmie.
-qu’ils se prononcent en faveur d’une diffusion massive immdiate des
mdicaments gnriques anti-sida dans tous les pays en dveloppement frapps par
la maladie.
NOTES :
(1) Ressource Needs, ONUSIDA, aout 2005, p.12.
(2) 150 millions de dollars pour la LMCS en 2005 = 110 millions
a travers le Fonds mondial + 40 millions a travers les autres instruments
(chiffres MAE ; sur 10 euros donnes au Fond mondial, 6 vont a la LMCS, tandis
que 4 vont a la lutte contre la tuberculose et le paludisme).
(3) D’apres le MAE, il n’y a eu entre 2005 et 2006 que deux
sources d’augmentation significative de la contribution francaise au financement
de la LMCS : les +90 millions de dollars de la contribution au Fonds mondial
toutes maladies confondues, et les 75 millions de dollars qu’est censee generer
en 2006 la taxe sur les billets d’avion (dont on s’attend a ce que 60% aussi
aille a la lutte contre le sida). 150 + 0.6x (90+75) =
250
(4) www.dfid.gov.uk/pubs/files/mdg-factsheets/hivandaidsfactsheet.pdf : 1.5 milliards de
livres sur 4 ans, soit 375 millions de livres par an.
(5) rapport MSF www.accessmed-msf.org/documents/untanglingtheweb%208.pdf
(6) Report on the Global Aids Epidemic, ONUSIDA, 2006
(7) http://www.egagenerics.com/doc/ega_compulsory-licensing_2005-03.pdf
(8) www.cptech.org/ip/wto/africagroup03232005.doc


